14 juillet 2022 - 07:00
Crise du logement : le pire ne s’est pas produit
Par: Le Courrier
En participant à la cellule de crise du 1er juillet, en partenariat avec l’Office d’habitation des Maskoutains et d’Acton (OHMA), le comité Logemen’mêle souhaitait répondre rapidement à une demande plus importante que par les années passées et s’assurer que personne ne se retrouve à la rue le 1er juillet.

Compte tenu de la quantité nettement accrue d’interventions de l’organisme dans la dernière année – en considérant les incendies, les évictions et les hausses considérables ou abusives de loyers –, le comité Logemen’mêle s’attendait au pire.

« 2021-2022 était effectivement une année très mouvementée dans le secteur de l’habitation locative et nous n’avions aucun indicateur fiable sur la situation à terme du marché maskoutain, indique Daniel Rondeau, coordonnateur intérimaire de Logemen’mêle. Nous sommes surpris du peu d’appels entrants. En sondant notre clientèle, nous avons constaté que la vaste majorité a suivi nos conseils de garder son logement actuel – dans la mesure du possible, considérant la pénurie – ou d’activer son réseau familial ou d’amis pour ne pas se retrouver à la rue le 1er juillet. »

Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud, conseiller en défense des droits en matière de logement, dit être surpris d’apprendre, après une communication avec nos partenaires de la cellule de crise, que ce fut tout aussi calme du côté du nouveau service d’aide à la recherche de logement de l’OHMA. « Dans les dernières semaines, découragés, nous en étions réduits à suggérer à nos appelants de s’équiper de tentes de camping et de sacs de couchage. C’est d’ailleurs ce que nous sommes allés dire à nos élus municipaux, lors de la séance du conseil municipal du 20 juin. Le maire nous avait alors promis qu’il n’y aurait personne qui se retrouverait sans toit le 1er juillet. À ce jour, force est d’admettre qu’il disait vrai. »

Pour sa part, la conseillère en recherche de logement Cathy Plante précise qu’il ne semble effectivement pas y avoir de gens physiquement à la rue, mais cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Bon nombre de personnes sont sans bail, hébergées temporairement dans des ressources communautaires ou dans leur réseau. Ce sont des gens qui nous reviendront tôt ou tard pour se trouver un habitat plus permanent, avec de meilleures garanties. Elle rappelle que « la très vaste majorité des gens ont dû accepter des logements moins bien appropriés à leurs besoins, parfois insalubres, parfois à l’extérieur de la région, toujours plus chers, augmentant ainsi la pauvreté globale de la communauté maskoutaine ».

Nous faisons face à un problème de société qui ne se résoudra pas du jour au lendemain. Le gouvernement provincial a reconnu très tardivement la crise du logement et, période préélectorale aidant, il a investi des sommes importantes pour tenter d’éteindre les plus gros feux. On ne peut pas fonctionner comme ça d’année en année. Pour le comité Logemen’mêle, il faut bien entendu plus d’investissements dans le logement social, communautaire, abordable et familial. Il faut que les trois paliers de gouvernement s’impliquent dans une politique du logement intelligente, c’est-à-dire qui répond mieux aux besoins réels de la communauté maskoutaine.

Si nous n’avons pas connu le tsunami de « sans logement », comme ce fut le cas à Drummondville (130 personnes sans logement), c’est tant mieux pour les locataires maskoutains. Nous étions prêts à faire face à la vague, avec la cellule de crise fondée par l’Office d’habitation des Maskoutains et d’Acton, avec la Table de concertation maskoutaine pour le logement. Il faut maintenant nous concentrer sur une proposition de politique du logement intégrée à un schéma d’aménagement réalisable. Nous y croyons et nous collaborerons à toutes formules capables de résorber la crise du logement à Saint-Hyacinthe et de rétablir son abordabilité.

Daniel Rondeau, coordonnateur intérimaire, comité Logemen’mêle

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