27 mai 2021 - 07:00
Croire au Ninja Warrior et faire figure de pionnier
Par: Maxime Prévost Durand
En lançant le sport-études Ninja Warrior à l’école secondaire Fadette, Mathieu St-Ours se targue d’être le premier au Canada à offrir un tel programme. Photo François Larivière | Le Courrier ©

En lançant le sport-études Ninja Warrior à l’école secondaire Fadette, Mathieu St-Ours se targue d’être le premier au Canada à offrir un tel programme. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Depuis qu’il a ouvert son gym MST Fitness à Saint-Hyacinthe il y a trois ans, Mathieu St-Ours a développé une expertise en Ninja Warrior, cette discipline de parcours alliant force, agilité et rapidité. Croyant fermement en ce sport, il en a même fait une concentration qui s’inscrit dans le programme sport-études à l’école secondaire Fadette.

« On est le premier sport-études de Ninja Warrior au Canada, peut-être même en Amérique du Nord », affirme-t-il avec fierté en entrevue avec LE COURRIER.

Entraînant déjà des athlètes des programmes sport-études en hockey, en baseball et en patinage artistique, Mathieu St-Ours a proposé à l’école Fadette de mettre sur pied cette concentration Ninja Warrior. « Au début, ils ne savaient pas trop que c’était un sport », mentionne l’entraîneur, qui a trouvé les arguments nécessaires pour les convaincre de tenter le coup.

Lancé malgré la pandémie, le programme regroupe neuf jeunes étudiants-athlètes, dont trois qui participaient déjà aux cours offerts par MST Fitness. Même sans avoir pu tenir de journée portes ouvertes, le programme est appelé à croître rapidement puisque 14 élèves de secondaire 1 s’ajouteront en vue de la prochaine rentrée.

« L’aspect avec le sport-études, c’est d’amener le Ninja Warrior à un niveau compétitif pour qu’on puisse appeler ça un sport et non seulement un loisir ou un passe-temps. Le but, c’est d’amener des athlètes vers le haut niveau en travaillant autant leur force musculaire que leur endurance », explique Mathieu St-Ours, qui pratique lui-même cette discipline à un niveau compétitif. Il avait d’ailleurs obtenu sa qualification pour le Championnat du monde UNAA, mais la pandémie l’a empêché de vivre cette expérience.

Encore peu connu, malgré l’émission de télévision qui l’a popularisé, le Ninja Warrior gagne néanmoins de plus en plus d’adeptes et de plus en plus de compétitions sont présentées, même au Québec.

En plus de son premier gym, situé dans la courbe de la route 137 menant vers La Présentation, MST Fitness a aménagé un deuxième centre axé strictement sur le Ninja Warrior à l’intérieur du Pavillon Soleno, où l’on retrouve également Dek Hockey Saint-Hyacinthe. C’est là que les adolescents s’entraînent chaque jour, en après-midi, pour un total de 15 heures par semaine. Des cours de groupes pour le grand public, qui regroupaient plus de 200 jeunes à l’autre centre auparavant, seront aussi offerts à cet endroit lorsque les mesures sanitaires le permettront.

« C’est une discipline qui, au-delà d’être le fun à faire, amène beaucoup de bagage aux jeunes au niveau de leur développement athlétique. Ils n’ont pas l’impression de s’entraîner, ils ont l’impression de s’amuser et, finalement, ils développent beaucoup de capacités autant musculaires et athlétiques qu’intellectuelles, au niveau neural et de la coordination », soutient Mathieu St-Ours.

Les résultats n’ont pas tardé à être observés puisque Naomie Pelletier, une athlète de 14 ans qui avait déjà fait de la compétition auparavant, a réussi à rafler la troisième place dans son groupe d’âge lors du Challenge mondial de Ninja Warrior de l’UNAA, tenu virtuellement en mars. En raison de la pandémie, les athlètes n’ont pas pu participer à des compétitions en présentiel, même si cela fait partie de l’objectif du programme.

Tout miser sur son gym

Lorsqu’il a ouvert MST Fitness, en 2018, Mathieu St-Ours a littéralement tout misé sur son gym avec sa conjointe, Claudia Carrière.

Tous les deux entraîneurs depuis plusieurs années et bacheliers en kinésiologie, ils voulaient offrir un service plus personnalisé que les gyms traditionnels en proposant uniquement des cours privés et semi-privés. « J’avais mon gym de rêve en tête », dit le jeune trentenaire avec passion.

Pour se lancer en affaires, le couple a vendu sa maison et a habité dans un garage appartenant à la famille pendant près de deux ans avec des enfants en bas âge. Un sacrifice qu’il était prêt à faire pour réaliser ce rêve commun.

« C’est dans ma nature, c’est tout ou rien, soutient Mathieu St-Ours. Quand j’embarque dans un projet, je le mène jusqu’au bout. »

Depuis son ouverture, MST Fitness s’est adapté aux besoins de la clientèle et propose un espace fonctionnel pour l’entraînement de groupe, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, plutôt que d’avoir des machines d’entraînement standards. En plus des cours de Ninja Warrior, un circuit mélangeant entraînement musculaire et cardiovasculaire est proposé, tout comme des cours visant le gain de force et de masse musculaire. Le tout dans un esprit familial et chaleureux.

« Si tu viens t’entraîner dans un groupe et qu’on est huit, tu vas quand même avoir ta propre charge à lever et je vais corriger tes mouvements. Si tu as mal au genou, on va adapter le mouvement. Chaque personne est guidée individuellement malgré l’aspect de groupe », indique l’entraîneur.

Lorsque MST Fitness a été lancé, c’était sans savoir qu’une pandémie pointerait à l’horizon deux ans plus tard. Plutôt que de le fragiliser, cette épreuve l’a solidifié aux dires de son propriétaire, surtout avec la mise en place du sport-études, qui lui a permis d’avoir un revenu stable.

« On va avoir été fermé 11 mois sur les 14 derniers. Ça joue beaucoup sur le mental, il faut se revirer de bord, convient Mathieu St-Ours. Mais ça nous a montré comment l’humain est capable de s’adapter. […] Chaque fois que le gouvernement annonçait quelque chose, on savait qu’on ne pouvait plus faire telle et telle chose, mais il fallait se demander qu’est-ce qu’on pouvait faire quand même pour optimiser notre service. Je m’en suis bien sorti comparativement à des confrères et des gyms plus standards. En étant naturopathe et kinésiologue, on est des professionnels de la santé, donc on a pu continuer à faire de la consultation privée. On a fait beaucoup d’entraînements virtuels aussi, la majorité des cours qu’on offrait ont pu être faits sur le Web et les gens ont embarqué. »

Maintenant que la réouverture des gyms pointe à l’horizon, avec le passage au palier d’alerte orange la semaine prochaine, on espère cette fois que ce sera la bonne et que les gyms ne devront plus refermer par la suite.

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