9 octobre 2025 - 03:00
Infrastructures culturelles et sportives
De béton et de glace
Par: Martin Bourassa
La Ville de Saint-Hyacinthe se prépare à dire adieu à son vieux centre culturel, après quelque 45 ans de loyaux services, considérant qu’il a été construit en 1967 et qu’il ne se passe plus rien à l’intérieur depuis une bonne douzaine d’années.

Avec le temps, il a bien fallu se rendre à l’évidence : ce n’était pas une bonne idée de construire un équipement de loisir à ce point polyvalent. Piscine, humidité et béton n’ont pas fait bon ménage.

Je retiendrai surtout qu’il aura fallu patienter plus de 10 ans (!) avant qu’on se décide enfin à le raser et surtout qu’il a coûté moins de 800 000 $ à construire à la fin des années 1960 et plus de 35 M$ à remplacer dans les années 2000.

On arrive à ce chiffre en additionnant une à une les factures qu’il a fallu acquitter pour reloger les activités qui se trouvaient au centre culturel pendant ses belles années. La construction du centre aquatique à elle seule a engendré une dépense de 21 M$. Se sont ajoutés l’achat du couvent de la Métairie et son réaménagement pour 8,1 M$ afin de reloger une quinzaine d’organismes et une dépense de 3,5 M$ pour changer la vocation de l’aréna C.-A.-Gauvin pour en faire un centre sportif pouvant abriter des clubs d’haltérophilie, de boxe, de judo et de gymnastique. Oui, Québec et Ottawa ont tout de même contribué à réduire la facture de 35 M$ par l’octroi de subventions totalisant 10,6 M$.

Ce qui m’amène au complexe Isatis Sport, qui a vu le jour dans toute cette mouvance des années 2010. C’est à ce moment que la Ville a décidé de s’associer à un promoteur privé pour régler ses problèmes de glace. La firme Syscomax a construit un complexe de trois glaces d’une valeur de 15 M$ en échange d’un bail emphytéotique de 60 ans. L’entente prévoyait que la Ville verse au promoteur un loyer d’un montant d’un million de dollars indexé annuellement pendant 60 ans. Je ne suis pas un comptable, mais j’estime que le privé a fait une très bonne affaire. Surtout en considérant le résultat. Je n’ai jamais été un grand fan du complexe Isatis, de ses trois glaces sans gradins dignes de ce nom, de ses aires de jeu glaciales et bruyantes et des problèmes de visibilité qui se posent pour suivre l’action. Sans compter le stationnement extérieur exigu au possible, certainement l’un de ceux que je déteste le plus en ville. En 2013, j’avais déjà exprimé moult réserves au sujet de ce partenariat. « Je pense encore qu’on regrettera un jour d’avoir succombé au chant du privé. Au chant du premier promoteur venu par-dessus le marché », considérant que la Ville n’avait pas cru utile de faire jouer le jeu de la concurrence en procédant par appel d’offres public.

Douze ans plus tard, la Ville vient à son tour d’exprimer une déception certaine sur la tournure des événements. Dans une sortie publique inusitée, le conseiller du district Douville, David-Olivier Huard, et le maire André Beauregard ont tous deux réclamé que les dirigeants d’Isatis Sport apportent d’urgence des améliorations au bâtiment qui souffre, selon eux, d’un important déficit d’entretien et de propreté généralisé. Cette sortie dénote une certaine impatience, voire de l’exaspération devant le manque de collaboration et d’action du partenaire privé face aux doléances municipales. La Ville se disait même prête à retenir le versement de ses loyers pour forcer une réaction appropriée. Heureusement, son message a été entendu et des correctifs sont déjà en cours de réalisation, assure la Ville.

Bien entendu, on ne pourra pas corriger tous les irritants qui relèvent de l’architecture, mais il est sûrement possible de donner un coup de peinture par ci, de vider les poubelles des vestiaires par là et de faire en sorte que les joueurs aient accès à des douches propres et à de l’eau chaude en quantité.

Ce serait intéressant qu’on arrive à préserver le bâtiment dans le meilleur état qui soit le plus longtemps possible afin que le complexe Isatis ait une durée de vie plus longue que le vieux centre culturel. C’était bien mal parti. Pour l’heure, on en était même à se demander s’il serait encore fonctionnel et debout à la fin du bail quand le bâtiment sera remis aux autorités municipales.

Ce ne sera peut-être pas un cadeau.

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