Y a des gens choqués que la drag queen Barbada de Barbades aille lire des histoires aux enfants dans les bibliothèques. « C’est trop sexy, elle a pas d’affaires là pis ça va jouer dans le cerveau de notre belle jeunesse. »
D’abord, « trop sexy » je trouve ça comique… sûrement des gens qui n’ont pas trop fréquenté les bibliothèques dernièrement. Ils s’imaginent que pendant l’heure du conte, on sort les poteaux, les tabourets pis les boules miroirs?
Ok, Barbada est sûrement plus pétillante que Carmen Campagne, mais certainement pas plus sexy qu’Annie Brocoli. Sauf que la différence entre les trois est que Barbada est la seule à avoir son brevet d’enseignement. Son créateur, Sébastien Potvin, enseigne déjà au primaire, il est pas mal à sa place je trouve.
L’argument qui me fait le plus rire est l’idée que juste voir une drag queen va « jouer dans le cerveau de notre belle jeunesse ». Hé boy. Je me souviens que dans les années 70, tout p’tit en pyjama dans le salon, j’écoutais des émissions avec le plus célèbre artiste travesti de l’histoire du Québec, la Mère de toutes les drag queens, Guilda. Mes parents trouvaient ça ben correct, c’était drôle pis j’avais du fun. C’est tout.
Je ne me suis pas garroché sur des talons hauts pis du rouge à lèvres pour autant. J’avais juste apprécié l’immense talent du créateur Jean Guilda à évoquer et me faire découvrir Édith Piaf, Marlène Dietrich et Lucille Ball à travers son personnage. J’aurais été honoré que Guilda vienne lire des histoires à mon école!
Guilda ou Barbada ne sont au fond que des artistes qui exercent leur métier : nous faire rêver. Nous parler de beauté, d’inclusion et de respect avec humour et talent. N’en privons surtout pas les enfants.