9 février 2017 - 00:00
De la parole aux actes
Par: Martin Bourassa

Voici une suite logique à mon éditorial de la semaine dernière concernant toute l’importance de bien choisir ses mots quand il est question de religion.

Aussi sinon plus important encore que le choix des mots, il y a le choix des gestes. 

À quoi bon parler et écrire sur l’ouverture, la tolérance, le respect, la paix et l’harmonie si nos gestes et nos actions ne sont pas conséquents et si l’on reste assis bien sagement dans son coin? C’est entre autres pour cette raison que je me suis rendu samedi dernier à l’activité portes ouvertes du centre islamique maskoutain. Par solidarité envers la communauté musulmane ébranlée par l’attentat de Québec, un peu par curiosité et également motivé par la crainte. Oui la crainte.

La crainte que très peu de Maskoutains non musulmans osent faire de même et profiter de cette rare main tendue pour confronter leurs préjugés.

Des Maskoutains « pure laine » comme ont dit trop souvent, sachez que j’en ai vu.

Pas assez à mon goût, et étonnamment aucun élu municipal, mais j’en ai vu.

Combien? Difficile à dire. Peut-être 15, 20 ou 30. Peut-être moins. 

Vous savez quoi? Il était très difficile, voire impossible, même avec un œil avisé, de départager les gens rassemblés au centre islamique pour ce moment de recueillement et de partage. Car au-delà de nos croyances respectives et de nos différences, et bien au-delà des voiles, je n’y ai vu que des hommes, des femmes et des enfants faits de chair, d’os et de sang. Des hommes et des femmes tout simplement heureux d’être là, de pouvoir se sourire, discuter, échanger, se connaître et se côtoyer en toute amitié. Des êtres qui sont tous semblables dans leurs différences et qui veulent tous la même chose au fond : pouvoir vivre en paix, être heureux, avoir des enfants en santé, un métier valorisant, du pain sur la table et un chez-soi confortable.

Cette visite à la mosquée n’avait rien de « malaisant » si vous voulez tout savoir. Même que mon malaise s’est évaporé dès mon arrivée quand le trésorier du centre islamique m’a accueilli avec un large sourire et un chaleureux « Bienvenue, M. Bourassa ». Non, je n’avais pas annoncé ma venue. On m’a fait visiter les lieux, dont la salle de prières où il y a eu de brèves allocutions, mais surtout une prière universelle souhaitant que nous puissions tous vivre dans un monde meilleur et plus tolérant. À Saint-Hyacinthe, à Québec comme partout ailleurs. Oui, il est vrai que nous avons encore beaucoup à apprendre les uns des autres puisque la présence accrue des immigrants et des musulmans est somme toute assez récente dans la grande région de Saint-Hyacinthe. Mais c’est en se respectant d’abord, puis en se parlant, en se côtoyant à l’école, au travail, dans les commerces et dans les arénas que nous réussirons à bâtir des ponts entre nous et à vivre ensemble sous une seule et même étiquette : tous Maskoutains. Il faudra pour y arriver passer de la parole aux actes. 

Outre l’organisation de portes ouvertes au centre islamique maskoutain, il faudra avant toute chose des cœurs et des esprits plus ouverts, et ce, d’un côté comme de l’autre. 

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