Depuis près d’un an, cette artiste multidisciplinaire originaire de la Gaspésie fait partie de la troupe du spectacle Drawn to Life que le Cirque du Soleil présente à Disney Springs, à Orlando, en Floride. Elle joue le personnage de Mainamie, une marionnette articulée qui se déploie dans l’univers imaginaire de Julie, une jeune fille de 12 ans autour duquel le spectacle est construit.
« C’est immense. On travaille avec des gens de vingt pays différents. On est environ 70 artistes sur le spectacle et il y a 85 membres de l’équipe technique. On joue dix fois par semaine à Disney Springs, qui est le secteur commercial de Disney dans la ville », raconte Caroline Bernier-Dionne.
Avant Drawn to Life, celle qui a été diplômée de l’École de théâtre en 2007 avait aussi participé aux spectacles Axel (2019) et Guy! Guy! Guy! (2023) du Cirque du Soleil. Il lui aura toutefois fallu une bonne dose de persévérance et de patience avant de réaliser ce rêve de joindre la mythique compagnie québécoise.
« J’avais auditionné pour [les spectacles] Avatar, Luzia et Volta et ça n’avait pas marché, soutient-elle. Quand Axel est apparu, c’était tellement niché comme rôle parce qu’ils voulaient une comédienne qui savait patiner et qui était marionnettiste. C’était en plein dans ma niche et j’ai enfin pu joindre le Cirque du Soleil. »
En plus d’être diplômée de l’École de théâtre comme comédienne, Caroline Bernier-Dionne avait toujours eu un intérêt particulier pour le théâtre physique, comme l’art clownesque, le théâtre de rue et le cirque. Elle avait aussi fait du patinage artistique lorsqu’elle était plus jeune, sa « première forme de théâtralité », se plaît-elle à dire.
« J’ai toujours été la fille game qui va se mettre en échasse, en patin ou en marionnette », lance-t-elle en riant.
Une révélation au Théâtre de la Dame de cœur
Son amour de la marionnette, qu’elle exprime maintenant avec le Cirque du Soleil, lui vient quant à lui d’une révélation qu’elle a eue au Théâtre de la Dame de cœur d’Upton à sa sortie de l’École de théâtre.
« Je venais de finir l’école et j’étais un peu désorientée, se remémore-t-elle. J’ai eu un travail au Théâtre de la Dame de Cœur pour animer et aller dans les écoles, puis pour recevoir les groupes scolaires au CIMBAD [le Centre d’interprétation des marionnettes]. Quand j’ai vu les enfants manipuler une marionnette géante en groupe, j’ai compris qu’il y avait quelque chose de grandiose là-dedans. Ça a été une épiphanie pour moi. J’ai eu l’idée de suivre une formation de marionnettiste et une opportunité s’est présentée pour remplacer durant le spectacle La montagne qui marche. Finalement, j’ai joué trois étés pour le Théâtre de la Dame de cœur. Ensuite, j’ai fait de la marionnette de table au Théâtre de l’Avant-Pays. Cette forme d’art m’a permis de vivre du métier d’artiste. Ça fait appel aux aptitudes de comédien, mais il y a aussi quelque chose du mouvement qui me rejoint encore plus en tant qu’interprète physique. »
Un passage en exploration théâtrale
Avant d’être diplômée de l’École de théâtre, Caroline Bernier-Dionne avait aussi suivi la formation Arts, lettres et communication, exploration théâtrale au Cégep de Saint-Hyacinthe. Le bloc J, elle le connaissait comme le fond de sa poche au terme des cinq ans qu’elle y a passés.
« Quand je suis partie de la Gaspésie, c’était mon plan : je voulais faire l’École de théâtre, mais j’avais besoin de m’imprégner plus du théâtre avant parce qu’en Gaspésie, je voyais seulement un ou deux spectacles par année, tandis qu’à Saint-Hyacinthe, comme c’était près de Montréal, je pouvais en voir plus souvent. J’avais fait mes auditions pour l’École de théâtre pendant ma deuxième année d’exploration théâtrale. C’est Mario Borges qui m’avait coachée », dit-elle en se replongeant dans ses souvenirs.
Encore à ce jour, cette période de sa vie reste marquante. « C’est tellement une formation complète. On jouait, mais on faisait aussi de la danse et des exercices de mouvement. Je garde beaucoup le sens esthétique que la formation de comédien aide à développer. L’École de théâtre a aussi permis d’enraciner mon identification à travers les cours de dramaturgie, qui fait en sorte que j’appartiens à la francophonie et que j’en suis fière. Même si je suis dans un milieu américain maintenant et qu’on parle anglais, j’apporte le Québec avec moi. »