8 mai 2025 - 03:00
Sanimax
De quoi j’me mêle?
Par: Martin Bourassa
C’est la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui a dû s’étouffer solide avec sa gorgée de café, dimanche matin, en lisant La Presse. Ce n’est sûrement pas tous les jours qu’elle se fait faire la leçon par un maire de campagne accusant son administration de tenir en otage l’industrie agroalimentaire et de compromettre l’économie de toutes les régions du Québec.

Ce brave maire alarmiste n’est nul autre qu’André Beauregard, maire de Saint-Hyacinthe. Il s’est soudainement découvert une expertise en réglementation environnementale, en économie et en équarrissage. Il est doué et bien informé.

Assez pour prendre position en faveur de Sanimax, spécialisée dans la récupération de carcasses d’animaux, dans le bras de fer qui l’oppose depuis, quoi, dix ans, mais tout particulièrement ces derniers mois, à la Ville de Montréal au sujet de ses installations malodorantes de Montréal.

Il faut savoir qu’une entente tripartite entre la Ville de Montréal, Sanimax et le gouvernement du Québec visant la modernisation de l’usine montréalaise a été conclue en mars 2024. Elle devait se traduire par divers travaux et investissements d’ici 2027, dont la construction de garages et l’ajout d’un système d’épuration de l’air en 2025. Rien n’a progressé depuis. La Ville et l’entreprise s’accusent mutuellement de faire traîner le dossier, tant et si bien que le gouvernement a nommé un médiateur. Qui prend en otage qui dans ce dossier, la question se pose.

« Notre impression, c’est que Sanimax veut contourner l’entente. On parle d’un monopole qui, à la place de mettre de l’argent pour tenter de réduire les odeurs nauséabondes, embauche plein d’avocats pour nous empêcher d’avancer », commentait, en février dernier, la conseillère du district La Pointe-aux-Prairies, Daphney Colin, dans La Presse.

C’est dans ce contexte plutôt tendu que plusieurs transformateurs et clients de Sanimax, dont Olymel, ont partagé leurs inquiétudes de voir le conflit s’enliser en évoquant les conséquences majeures associées à l’éventuelle fermeture de l’usine d’équarrissage, un chantage qui, disons-le, sied très bien aux intérêts de cette entreprise au chiffre d’affaires annuel de plus de 500 M$.

Comme si la famille Couture, aux commandes de Sanimax, allait se priver de sa vache à lait et fermer la seule usine d’équarrissage à l’est du Canada. Se pourrait-il plutôt qu’elle agite cette menace, avec l’aide de firmes de relations publiques dont le cabinet National, dans l’espoir que Montréal allège sa réglementation ou que Québec lui octroie un passe-droit et paie ses travaux?

Si vous croyez au hasard, sachez que National a justement multiplié les tentatives auprès du COURRIER ces dernières semaines pour attirer notre attention sur l’impasse qui persiste entre Sanimax et la Ville de Montréal, décrite par le lobbyiste comme « une bombe à retardement qui menace l’ensemble de la chaîne alimentaire québécoise ». Nous n’avons pas mordu à l’hameçon, mais National a pêché un plus gros poisson à l’Hôtel de Ville.

André Beauregard est aujourd’hui tellement préoccupé par le sort de cette usine qu’il n’a pas hésité à écrire au premier ministre François Legault pour lui demander de remédier à la situation « directement et promptement » par l’établissement d’un cadre réglementaire « approprié et viable à long terme pour une usine d’équarrissage en milieu urbain ».

Il ne fait pas confiance aux élus montréalais ni ne reconnaît l’autonomie municipale dans ce champ de compétences. D’où son ingérence dans ce dossier, qui n’a pas eu de suite jusqu’ici dans le milieu municipal.

Pour M. Beauregard, les exigences réglementaires de Montréal sont « inatteignables » pour une entreprise qui dispose des résidus d’animaux, alors que les solutions proposées (par Sanimax et ses experts en s’appuyant sur les meilleures technologies disponibles) amélioreraient significativement la situation. Les lobbyistes de National méritent une prime.

Et avec cette sortie venue du champ gauche, on sait maintenant à quelle enseigne loge notre maire.

À celle des pollueurs et des lobbyistes.

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