L’idée de municipaliser l’aéroport de Saint-Hyacinthe revient sur le tapis de temps à autre. Elle avait fait beaucoup jaser il y a 15 ou 20 ans avant de s’éteindre, puis de réapparaître lors de la plus récente campagne électorale à Saint-Hyacinthe.
À la surprise de bien du monde, dont plusieurs conseillers sortants, le maire Claude Corbeil en avait fait une priorité électorale, au grand bonheur du propriétaire actuel de cet aéroport privé, Gabriel Chartier. Faut croire que M. Corbeil était sérieux puisque ce projet figure dans les priorités 2018-2021 de la Ville de Saint-Hyacinthe.
On se souviendra que la MRC des Maskoutains était venue à un cheveu de faire l’acquisition de cet équipement pour la somme symbolique de 1 $ plus les dettes de 50 000 $ en 2001. Le vote décisif s’était soldé par un résultat de 17 à 14 contre l’achat, même si Saint-Hyacinthe y était favorable. Puis, à l’été 2003, la Ville avait changé son fusil d’épaule, au moment d’en faire l’acquisition en solo pour un montant de 75 000 $.
Le maire Claude Bernier et son conseil avaient décidé de passer leur tour en jugeant que cette infrastructure avait une vocation trop récréative à leur goût, en se fiant à des échanges menés auprès de 61 propriétaires d’aéronefs. Le consultant n’avait que procédé à la mise à jour de l’étude technique de la MRC à laquelle il avait ajouté ses échanges avec les propriétaires. Tout cela pour des honoraires… de 2000 $!
En février 2005, la Ville avait une autre fois dit non à l’acquisition en affirmant que des investissements projetés de 1,2 M$ sur cinq ans n’apporteraient pas assez de retombées économiques à son goût. Le conseiller Émilien Pelletier avait toutefois déploré le fait qu’aucune étude n’avait mesuré les retombées d’un aéroport régional, outre un commentaire personnel du consultant disant que la rentabilité économique des petits aéroports était un objectif difficile sinon impossible à atteindre.
Tout ça pour dire que l’intention municipale de rouvrir le dossier de la municipalisation de l’aéroport nous apparaît tout de même fort pertinente en 2018.
Sauf qu’au lieu de chercher à actualiser une vieille étude incomplète, la Ville devrait reprendre tout l’exercice à zéro et s’assurer de bien cerner ses attentes.
Un survol superficiel ne donnera rien. Il faut une analyse rigoureuse et détaillée afin de pouvoir prendre une décision éclairée sur le sujet une bonne fois pour toutes. Il faut regarder ce qui se fait ailleurs et prendre des notes. Beaucoup de notes et de chiffres surtout.
On devra aussi compter sur la collaboration de Gabriel Chartier. Le vendeur est-il motivé à se départir de son aéroport à juste prix? C’est à souhaiter, car le degré de motivation des élus municipaux n’a jamais été tellement élevé dans ce dossier. Et il est loin d’être assuré que les conclusions d’une nouvelle étude feront décoller le projet.
Attachez votre ceinture, il y a beaucoup de turbulences à l’horizon.