11 avril 2024 - 03:00
Deborah De Braekeleer remplace dans sa propre classe
Par: Sarah-Eve Charland
Deborah De Braekeleer s’est absentée de son poste d’enseignante à l’école Saint-Thomas-d’Aquin pour participer à Survivor Québec. Photo gracieuseté

Deborah De Braekeleer s’est absentée de son poste d’enseignante à l’école Saint-Thomas-d’Aquin pour participer à Survivor Québec. Photo gracieuseté

La participante de l’émission Survivor Québec Deborah De Braekeleer a été réembauchée par le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH) où elle commencera par occuper des remplacements. Le 8 avril, elle a donc pu commencer son premier contrat dans sa propre classe.

« Elle se remplace. C’est drôle à dire, mais c’est la réalité », admet le président du Syndicat de l’enseignement Val-Maska, Patrick Théroux.

Elle a donc dû envoyer sa candidature et une lettre de motivation pour être engagée par le CSSSH. Le service des ressources l’a même contactée pour lui poser quelques questions sur ses disponibilités. Coup de chance, un contrat correspondait à ce qu’elle recherchait, soit une classe de 3e année à l’école Saint-Thomas-d’Aquin. C’était la classe qu’elle occupait avant de partir pour participer à la téléréalité.

Elle devra donc traverser à nouveau le processus de probation dans lequel elle sera évaluée à deux reprises avant d’être admissible à un poste permanent. D’ici là, le poste attitré à cette classe pourrait être ravi par un enseignant ayant plus d’ancienneté à la prochaine rentrée.

Afin de respecter son contrat avec l’émission, Mme De Braekeleer préfère ne pas commenter la situation.

« Suivant une rupture de contrat, il est possible pour un enseignant de soumettre une nouvelle demande d’embauche, mentionne la porte-parole du CSSSH, Esther Charrette. Dans le présent cas, et sans rentrer dans les détails, cette demande a été réalisée à la fin de la semaine dernière et, dès lors, une entente a été convenue entre les parties. Mme De Braekeleer a réintégré l’organisation et est de retour en classe depuis lundi matin. »

Rappelons que Deborah De Braekeleer avait demandé un congé sans solde pour participer à la populaire émission Survivor Québec sur les ondes de Noovo. Bien que sa demande ait été approuvée par la direction de l’école, elle a été refusée au CSSSH. L’enseignante avait elle-même réglé tous les détails avant de partir, dont le choix de remplaçantes légalement qualifiées. Il y a quelques semaines, le conseil d’administration (CA) du CSSSH a tout de même choisi de la remercier.

Le Syndicat a déposé un grief. « On fait nos démarches dans le but qu’elle retrouve ses acquis. Le processus suit son cours. On va analyser la situation avec les services juridiques. Le chemin qui s’offre à nous, c’est celui du juridique », poursuit M. Théroux.

Depuis la publication d’un article à travers nos pages, la nouvelle s’est propagée au Québec. L’animateur Patrick Lagacé en a parlé au 98,5 FM et l’animateur de Survivor Québec, Patrice Bélanger, a qualifié cette nouvelle « d’aberrante » à l’émission Tout le monde en parle. Une pétition a été lancée, réclamant le retour de l’enseignante sans perte d’ancienneté. Au moment de mettre sous presse, plus de 4300 personnes avaient signé la pétition.

Membre au CA du CSSSH, Joël Bélanger est conscient de l’impact créé par la décision de l’organisation. Il s’était d’ailleurs prononcé en défaveur du congédiement de Mme De Braekeleer.

« Je suis en discussion avec le directeur général [Jean-Pierre Bédard] pour essayer de faire un bilan de la situation. On en parle partout. Ça ne s’arrêtera pas. Pour des raisons que j’ignore, il ne semble pas vouloir bouger. On veut qu’elle revienne dans son poste. Si ça ne marche pas, on va aller voir le ministre de l’Éducation. La communauté est soudée et est derrière elle », soutient-il.

Le président du syndicat fait les mêmes observations. Il n’y a aucun dialogue avec le CSSSH. « C’est une réflexion que le CSSSH devrait avoir. S’ils acceptent les congés, ça va permettre d’améliorer l’attraction du personnel. Un moment donné, il va falloir quelque chose pour se démarquer en tant qu’employeur. Ce n’est pas avec les conventions collectives puisque tout le monde a la même convention collective. »

Administrateur sans pouvoir

M. Bélanger représente les parents d’élèves et le secteur Saint-Thomas-d’Aquin au CA. Il avait demandé à ce que son opposition au renvoi de l’enseignante paraisse au procès-verbal, ce qui n’a pas été respecté. Dans la résolution, il est écrit que « les membres du conseil d’administration, après de mûres délibérations, proposent de résilier le contrat d’engagement de Mme De Braekeleer », sans préciser le résultat du vote à sept contre cinq. « Je vais vérifier. Il est certain que je veux que mon nom soit ajouté. »

Ayant lui-même une expérience dans le domaine syndical, M. Bélanger estime que la décision de congédier l’enseignante était abusive. Il affirme avoir levé sa main en séance du conseil d’administration pour demander un amendement.

« On m’a répondu que ce n’était pas mon rôle. Tout ce que je pouvais faire, c’était accepter ou refuser la résolution. En arbitrage, ils vont perdre. [Ce lundi], j’ai dit au directeur général qu’il devait proposer une entente dès aujourd’hui à Deborah parce que le CSSSH va perdre en arbitrage. M. Bédard est capable de faire quelque chose », déplore M. Bélanger.

LE COURRIER a demandé une entrevue avec la direction générale et le service des ressources humaines du CSSSH, mais a reçu une réponse négative. On considère que le CSSSH est lié à des obligations de confidentialité.

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