« Il est mort d’une belle vieillesse, au terme d’une vie bien remplie, autant au niveau personnel que professionnel, a confié son fils André au journal. Mes parents sont deux chênes inébranlables, avec de belles valeurs. Mon père était tellement travaillant, toujours disponible, c’est inimaginable aujourd’hui. Son numéro était dans le bottin et le téléphone a toujours sonné sans arrêt à la maison. »
Considéré comme le père de la pédiatrie à Saint-Hyacinthe, la pratique du Dr Barnabé a toujours été exemplaire et il fait figure de pionnier. « Mon père était un homme d’exception, mais en toute discrétion. Il venait d’un milieu modeste et il avait à cœur de faire la différence dans sa communauté. Il aurait pu pratiquer ailleurs et il a refusé des offres alléchantes, mais il savait que les besoins étaient criants à Saint-Hyacinthe et il a préféré s’investir chez lui, ce qu’il aura fait avec bienveillance pendant plus de cinquante ans. »
Des confidences
Après ses études classiques au Séminaire de Saint-Hyacinthe, à l’Université de Montréal, puis à l’Hôpital Sainte-Justine, le Dr Barnabé a délaissé la médecine générale qu’il a pratiquée quelques années pour se consacrer aux enfants. En 1965, Gérard Barnabé deviendra le premier et le seul pédiatre à pratiquer à Saint-Hyacinthe. Il devra patienter sept ans avant d’obtenir du renfort, avec la venue du Dr Jean-Jacques Turcotte.
En entrevue avec Marc Perreault, collaborateur du Clairon de Saint-Hyacinthe en juillet 2013, il avait revisité avec générosité ses souvenirs de cette époque un peu folle de sa vie professionnelle. « Les sept premières années, je n’avais pas de quart de travail. J’étais toujours sur appel, le jour comme la nuit, la semaine comme les fins de semaine. J’aimais bien cette relation que j’avais avec les enfants, je me sentais utile auprès d’eux », confiait le natif de Sainte-Hélène-de-Bagot qui a cessé sa pratique à domicile en 2003, tout en continuant d’offrir ses services à raison d’une journée par semaine à l’Hôpital Honoré-Mercier.
Jamais, disait-il, il n’a regretté d’avoir opté pour la pédiatrie. « C’est avec les enfants qu’on atteint les meilleurs résultats. Ils écoutent et sont malléables. Ce dont je me souviens le plus, ce sont des parents qui arrivaient inquiets et qui repartaient rassurés de mon bureau. Ça, c’était mieux que de donner des pilules. J’ai choisi la médecine, la pédiatrie et j’ai beaucoup aimé mon travail. Je suis fier de ce que j’ai apporté à ma communauté. Mon plus grand plaisir a toujours été de recroiser mes petits patients qui sont devenus bien grands! »
Des hommages
Le pédiatre maskoutain a vu l’ensemble de sa carrière être auréolé du Prix Letondal créé en 1989 par l’Association des pédiatres du Québec afin de souligner la contribution exceptionnelle de l’un de ses membres au développement des soins pédiatriques au Québec. En lui remettant ce prix prestigieux en 1997, ses pairs avaient évoqué « sa carrière exemplaire, empreinte d’un humanisme profond, ainsi que son rôle de pionnier, de visionnaire et de rassembleur ».
Autant de qualités qu’ont été à même de confirmer d’anciens collègues joints par LE COURRIER. Le Dr Gilles Brien, ami et collègue de longue date du Dr Barnabé, considère que son décès est une perte énorme pour la communauté maskoutaine.
« Je ne conserve de lui que d’excellents souvenirs, mentionne Dr Brien, médecin et cadre retraité de l’Hôpital Honoré- Mercier. Il était toujours de bon conseil et disponible. Il a tenu le fort tout seul pendant des années comme pédiatre. Il avait la pédiatrie tatouée sur le cœur. Je dis toujours qu’il est le père de la pédiatrie à Saint-Hyacinthe et je n’exagère aucunement. Il a contribué à monter le département pédiatrique qui est devenu l’un des fleurons de notre centre hospitalier et qui nous permet d’attirer de nouvelles ressources essentielles. On lui doit beaucoup. »
Le pédiatre Jean-Jacques Turcotte est du même avis. Celui qui a été le premier à épauler le Dr Barnabé à l’époque évoque son souvenir avec affection. Il se souvient des conversations aidantes et éclairantes, même de celles plus futiles, mais combien agréables. « Il a été un grand pédiatre, très compétent. Il a toujours été habité par la volonté d’aider et de transmettre ses connaissances. Il le faisait toujours avec une grande joie et beaucoup de considération. »
Outre ses cinq enfants, le Dr Gérard Barnabé laisse entre autres dans le deuil son épouse et complice de toujours, Monique. « Tous les deux, nous avons été des partenaires de travail extraordinaires. Elle a toujours été compréhensive. Elle ne s’est jamais plainte de mes absences parfois prolongées. Honnêtement, je n’aurais jamais pu accomplir ma tâche de médecin comme je l’imaginais sans l’appui et l’aide de ma conjointe. J’ai pu faire ma pratique librement et je lui en suis très reconnaissant. Tout a été fait dans la plus grande harmonie », confiait-il dans cette ultime entrevue de l’été 2013, accordée à cœur ouvert.
La famille recevra les condoléances à la Résidence funéraire Maska de Saint- Hyacinthe le vendredi 19 juillet ainsi que le samedi 20 juillet à l’église Sainte- Eugénie de Douville où seront célébrées les funérailles à 14 h 30.
