27 novembre 2025 - 03:00
Guy « Yogi » Leclerc (1944-2025)
Décès d’une figure marquante du stock-car québécois
Par: Philippe Lanoix-Meunier | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Le Maskoutain Guy « Yogi » Leclerc, vétéran des courses automobiles qui a profondément marqué le stock-car québécois dans les années 1960, 1970 et 1980, est décédé le 15 novembre à l’âge de 81 ans. Connu pour sa légendaire voiture no 08 et son surnom coloré, il appartient à cette génération de pionniers qui ont façonné l’histoire des courses sur terre battue. Même si plusieurs amateurs d’aujourd’hui ne l’ont jamais vu en action, son nom demeure bien ancré dans la mémoire des passionnés.

Depuis l’annonce de son décès, de nombreux hommages ont afflué sur les réseaux sociaux pour saluer l’un des plus grands pilotes de stock-car qu’a connus le Québec.

Dave Paryzo, cofondateur du Temple de la renommée du stock-car sur terre battue québécois, admet ne pas avoir connu personnellement l’époque de gloire de M. Leclerc, mais se souvient néanmoins de leurs rencontres lors de divers événements. « “Yogi’’ avait la réputation d’être un homme fougueux et assoiffé de victoire. C’était un homme de caractère qui ne mâchait pas ses mots. Un pilote coloré animé par la passion et l’émotion. Un gars qui ne s’en laissait pas imposer et qui était prêt à tout pour gagner », s’est-il remémoré lors d’un entretien avec LE COURRIER.

Pilote au talent naturel, Leclerc semblait littéralement né pour la compétition. « Il paraît qu’il était aussi compétitif sur un terrain de golf que lors d’une finale d’un championnat », a confié M. Paryzo.

Il était aussi connu pour sa rivalité mémorable avec le pilote no 22, René Clair. « C’était un peu comme la rivalité Canadiens/Nordiques à l’époque. Les deux pilotes ont eu leur part de succès. Clair était très aimé de la foule. Face à lui, l’équipe de “Yogi” faisait un peu figure de bad boys. Il faisait beaucoup parler de lui. Les gens l’admiraient énormément, mais beaucoup aussi aimaient le haïr. »

En 25 saisons de compétition, Guy Leclerc a cumulé plus de 150 victoires – toutes pistes et catégories confondues – ainsi que 10 championnats. Il a longtemps régné sur l’Autodrome Drummond, où il a récolté 60 victoires en finales Late Model, un record qu’il partage toujours avec René Clair. À l’Autodrome St-Grégoire, il a ajouté 38 victoires supplémentaires dans la même catégorie.

Une carrière exceptionnelle

Selon le portrait de carrière présenté par le Temple de la renommée du stock-car sur terre battue québecois, le parcours de Guy « Yogi » Leclerc débute en 1963 sur la piste rudimentaire du St-Dominique Speedway (aussi connue sous le nom Don Burke Speedway), au volant d’un Chevrolet 1949. L’année suivante marque un tournant : à 21 ans, il fait la rencontre de Donald « Doc » Gatien, un propriétaire d’écurie très respecté, qui lui confie alors le volant de ce qui deviendra sa célèbre voiture no 08. Ensemble, ils formeront l’un des duos les plus redoutables de l’histoire du stock-car québécois sur terre battue.

En 1966, Leclerc remporte son premier championnat Late Model, performance qui lui vaut la Coupe du Gouverneur, remise au « Coureur de l’année ». L’année suivante, celui que l’on surnomme « Yogi » étonne de nouveau en s’imposant dans 24 de ses 47 départs, décrochant les titres de champion Late Model au Rebel Speedway (Granby) et à l’Autodrome Drummond.

En 1970, il obtient un troisième championnat Late Model au Rebel Speedway. Entre 1972 et 1974, il participe à plusieurs épreuves de la série américaine NASCAR, prenant part à des compétitions sur les circuits d’Oxford, Barrie, Catamount et même sur le légendaire tracé de Martinsville en Virginie – un exploit rarissime pour un pilote québécois à l’époque.

L’année 1978 marque son retour en force, avec 15 victoires en finale toutes pistes confondues, en plus des titres de champion du Québec et champion Late Model de l’Autodrome Drummond.

Puis survient 1980, considérée comme « l’année Guy Leclerc ». Aux commandes de son iconique voiture no 08, il établit un record toujours inégalé à l’Autodrome Drummond : 11 victoires consécutives en finale, 14 au total durant la saison. Sans surprise, il rafle les championnats Late Model à Drummond, St-Grégoire et Sorel. Il est également décoré de la Coupe Jacques-Lambert, remise au « Coureur de l’année » par l’Association des supers bolides du Québec.

Le 20 septembre 1980, il réalise l’un des plus grands exploits de sa carrière en triomphant lors d’une finale Late Model sur le prestigieux Fonda Speedway. Cette victoire lui ouvre la porte d’une épreuve de la série américaine NDRA, au Rolling Wheels Raceway. Il devra toutefois abandonner en raison d’un bris mécanique.

En 1981, Leclerc remporte de nouveau le titre de champion Late Model à l’Autodrome Drummond, en plus de décrocher les titres de champion du Québec et des Cantons-de-l’Est.

Sa carrière se conclut en beauté le 28 mai 1988 lorsqu’il signe sa 60e et ultime victoire en finale Late Model à Drummond, égalant le record détenu par René Clair. Il se retire à la fin de la saison après 25 ans de compétition.

Il faudra attendre 2016 pour que l’hommage ultime lui soit rendu : son intronisation au Temple de la renommée du stock-car sur terre battue québécois.

Funérailles

La famille de M. Leclerc recevra les condoléances le samedi 29 novembre, de 9 h à 11 h, au Mausolée Lalime à Saint- Hyacinthe, suivies d’une cérémonie. Outre sa conjointe, Nicole Robitaille, il laisse entre autres dans le deuil son fils François ainsi que de très nombreux amateurs et nostalgiques de stock-car.

image

Une meilleure expérience est disponible

Nous avons détecté que vous consultez le site directement depuis Safari. Pour une meilleure expérience et pour rester informé en recevant des alertes, créez une application Web en suivant les instructions.

Instruction Image