28 mars 2024 - 03:00
Dossier Exceldor
Dégel printanier
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. La bonne d’abord. Le projet promu par la coopérative Exceldor de construire une nouvelle usine de transformation de volailles à Saint-Hyacinthe n’est pas mort. Sur la glace depuis plusieurs mois déjà, il vient de redonner signe de vie.

Et c’est tant mieux. Pour simple rappel, il s’agit d’un mégaprojet industriel estimé lors de son ébauche à quelque 200 M$ pour un abattoir nécessitant 600 employés dans sa phase 1, avec l’intention de doubler ces chiffres ultérieurement.

En ce qui concerne l’investissement de départ, il faut garder à l’esprit que le chiffre de 200 M$ remonte déjà à 2018, donc avant la pandémie de COVID-19 et la flambée des coûts des matériaux et de construction qui ont suivies. Six ans plus tard, on comprendra que l’investissement requis a sans doute doublé, sinon plus.

Ce qui peut justifier pourquoi cet ambitieux projet a été mis en veilleuse. Nous avions d’ailleurs été les premiers à le signaler en février 2023.

Cela dit, des signes d’un dégel printanier nous sont toutefois parvenus récemment du côté de la Ville de Saint- Hyacinthe. Comme mentionné la semaine dernière dans nos pages, elle se prépare à céder, donner ou vendre un terrain de 10 hectares à Exceldor, puis à retourner devant la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ).

Ses représentations viseront à obtenir l’autorisation d’aménager une voie d’accès et les infrastructures requises sur une infime partie de la zone agricole afin de desservir la future usine. On ose penser qu’il s’agit d’une simple formalité puisque la CPTAQ avait elle-même mis la table à cette procédure en accordant un usage non agricole sur 10 hectares à l’usage exclusif d’Exceldor près du parc industriel Olivier-Chalifoux.

La Ville de Saint-Hyacinthe voit ce retour devant la CPTAQ comme un passage obligé et une simple formalité. Et nous aussi. On présume que l’Union des producteurs agricoles de la Montérégie sera attentive à cette démarche, mais qu’elle n’osera pas s’y opposer, même pas pour la forme.

Il est bon de savoir que l’on prépare ainsi le terrain à la venue de la coopérative à Saint-Hyacinthe. La mise sur la glace du projet en avait inquiété plusieurs qui estimaient que la fenêtre d’opportunité pour la construction d’une nouvelle usine avait été mise à mal par les interminables démarches devant la CPTAQ et par le contexte économique défavorable. On peut les rassurer.

De toute évidence, Exceldor a encore des envies de grandeur et l’intention de remplacer son vétuste abattoir de Saint-Damase. En entrevue au COURRIER, sa porte-parole a d’ailleurs confirmé que la coopérative avait toujours l’intention de procéder à l’achat du terrain. La Ville de Saint-Hyacinthe parle de son côté d’une transaction imminente en vue d’une construction pour 2025 ou après. Voilà quand même un bon présage et une bonne nouvelle.

La mauvaise dont je vous parlais d’entrée de jeu? Le maire André Beauregard est malheureusement incapable de dire si l’entente conclue entre la Ville et Exceldor pour favoriser l’installation de la coopérative en terre maskoutaine sera rendue publique. Une telle entente devrait en principe nous renseigner sur les engagements respectifs des deux parties. Le maire laisse entendre qu’il reviendra à Exceldor de décider si et quand elle consentira à ce que ce document soit rendu public.

Je l’ai déjà dit et je le répète, les Maskoutains ont le droit de savoir à quoi se sont engagées les deux parties et de quelle façon elles seront liées pour les années futures. C’est d’autant plus vrai que cette transaction ne concerne aucune entreprise privée.

On retrouve d’un côté une coopérative qui a des comptes à rendre à ses membres et de l’autre une Municipalité qui est redevable à ses citoyens. Exceldor ne devrait donc pas tomber des nues en apprenant qu’elle s’expose à ce que certains éléments d’une entente conclue avec une Municipalité se retrouvent sur la place publique. Cela devrait aller de soi et être non négociable. L’idée n’est pas de révéler des secrets industriels, mais de pouvoir apprécier l’entente à sa juste valeur.

Personne n’a intérêt à jouer à la cachette et à retenir l’information dans le dossier Exceldor. Pourquoi faire de celui-ci un Northvolt maskoutain?

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