En juin dernier, souvenez-vous, je m’étais étonné de cet inutile suspense autour du sort à réserver à cet immeuble vétuste et inoccupé de la rue Girouard, connu sous le nom de Maison Saint-Roch ou Villa des pins. « Je m’explique mal pourquoi ce dossier traîne en longueur et pourquoi le comité de démolition prend autant de temps à confirmer sa démolition. À part son âge vénérable, elle n’a rien d’extraordinaire du côté historique ou patrimonial. […] Il faudrait arrêter de redouter de la controverse là où il n’y en a aucune et considérer tous les bénéfices du complexe en devenir pour la communauté. »
Trois mois plus tard, ce passage a merveilleusement bien vieilli. La séance d’information à laquelle s’est pliée la direction du Collège à la bibliothèque municipale et l’audience finale du comité de démolition n’ont fait que confirmer ma savante (!) lecture de la situation. Je retiens surtout qu’il n’y avait pas vraiment matière à tergiverser ou à déchirer sa chemise.
Pratiquement personne n’a milité ou revendiqué haut et fort et publiquement pour s’opposer à la démolition.
Pas de mobilisation, rien, à part quelques initiatives isolées qui n’ont pas eu de lendemain. Une ou deux publications sur les réseaux sociaux, une lettre ouverte dans LE COURRIER et une correspondance des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ) adressée à la directrice générale du Collège Saint-Maurice, Karine Gamache.
Dans une lettre datant d’avril dernier que j’ai dénichée tout à fait par hasard sur le Web, l’APMAQ demandait au Collège d’annuler toute tentative de démolition, le temps qu’une firme d’architectes spécialisés en bâti ancien puisse prendre la mesure réelle de la valeur patrimoniale du bâtiment et d’envisager plutôt la relocalisation l’école primaire La Petite Académie dans ce bâtiment à rénover.
« Un patrimoine bâti bien conservé et intégré amène un sentiment d’appartenance et de fierté aux citoyens d’une ville, d’un village ou d’une communauté », insiste l’APMAQ dans son argumentaire.
Je ne sais pas ce que Mme Gamache a répondu aux Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec. Pour ma part, je leur aurais respectueusement dit de choisir un peu mieux leurs combats. La Ville de Saint-Hyacinthe ne manque pas de patrimoine bâti à préserver.
Même que cette démolition, confirmée après une analyse du Collège Saint- Maurice et deux commandées par la Ville de Saint-Hyacinthe, sera un grand pas en avant pour la protection et la mise en valeur de notre patrimoine.
En quittant ses locaux du Séminaire de Saint-Hyacinthe pour migrer vers le Collège Saint-Maurice, La Petite Académie libérera de l’espace à l’intérieur du vénérable bâtiment pour permettre le réaménagement des lieux et assurer aux prêtres de vieillir en paix. Du même coup, le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe pourra déployer l’école secondaire Casavant dans la troisième et dernière aile du Séminaire. Saint- Hyacinthe aura donc réussi en quel-ques années à peine à assurer la sauvegarde, la restauration et la pérennité d’un joyau patrimonial reconnu, ce que n’était pas et n’aurait jamais été la Maison Saint-Roch.
Et pour ce qui est du sentiment d’appartenance et de fierté des Maskoutains, nul doute qu’il sortira ragaillardi par ce que nous réserve le Collège et ses partenaires.
La communauté a certainement davantage besoin d’écoles, d’une nouvelle garderie, d’infrastructures de qualité et d’un complexe interdisciplinaire et communautaire que d’une vieille bâtisse inutile et inintéressante dont personne ne se souciait vraiment avant qu’on envisage et confirme sa démolition.
Oui, le patrimoine bâti peut parfois sortir grandi d’une démolition, avec un peu de recul et une vue d’ensemble.