6 mai 2021 - 07:00
Démolitions confirmées sur Saint-François
Par: Rémi Léonard
Tronçon de l’avenue Saint-François qui doit faire place au projet de Groupe Sélection. 

Photo François Larivière | Le Courrier ©

Tronçon de l’avenue Saint-François qui doit faire place au projet de Groupe Sélection. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Une dernière manche s’est jouée ce lundi dans le dossier des démolitions de l’avenue Saint-François, au centre-ville de Saint-Hyacinthe. Décidée à porter en appel la décision du comité de démolition, la résidente du centre-ville Chantal Goulet n’est toutefois pas parvenue à convaincre les élus de sauver les immeubles en question.

Ceux-ci doivent éventuellement faire place au projet Fridöm de Groupe Sélection, un complexe de 160 unités pour retraités actifs. Devant le conseil, Mme Goulet a évoqué plusieurs arguments comme l’accroissement du problème d’îlots de chaleur en raison de l’abattage d’arbres matures, mais c’est surtout la perte d’une vingtaine de logements adéquats et abordables, dans un contexte de pénurie marquée dans la région, qui a été plaidée par la citoyenne.

L’ancienne candidate à la mairie a d’ailleurs rappelé que la Ville a elle-même acquis puis démoli des immeubles à logements dans les dernières années au centre-ville afin de bonifier le nombre de cases de stationnements et qu’elle s’apprête maintenant à vendre une partie du stationnement derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde pour le projet de Groupe Sélection.

Ce faisant, la Ville est venue « contribuer à l’embourgeoisement du quartier », selon Chantal Goulet, qui dit constater de l’inquiétude parmi les résidents du secteur, particulièrement chez les aînés qui craignent de se voir « déracinés de leur quartier ».

Elle disait d’ailleurs prendre part à la démarche au nom des « personnes évincées qui n’ont pas eu le privilège de se prononcer » sur ce projet et la trentaine de personnes qui ont formulé des avis d’opposition à ces démolitions.

La réplique

Refusant de parler d’éviction, les membres du conseil ont plutôt défendu que les relocalisations ont été effectuées de façon tout à fait « humaine », comme l’a décrit le conseiller David Bousquet. Pour avoir suivi ces démarches de près, son collègue Jeannot Caron a assuré que « la plupart des gens ont été relocalisés dans le quartier qu’ils voulaient, soit à moindres frais, soit dans des logements de meilleure qualité », a soutenu l’élu du centre-ville. Certains logements perdus à travers ces démolitions étaient par ailleurs dans un « piètre état », a-t-il ajouté. « Le travail nécessaire a été fait », a ensuite jugé le maire Claude Corbeil en parlant des démarches réalisées par le promoteur en collaboration avec l’Office d’habitation des Maskoutains et d’Acton.

Un peu plus tard en soirée, à la séance du conseil, c’est toutefois David Bousquet qui a détaillé la vision du conseil pour le secteur, vision où le projet Sélection et celui de la promenade Gérard-Côté apparaissent comme des éléments clés et interreliés. La réalisation du vaste projet de revitalisation de la promenade viendrait effectivement en faire l’espace vert le plus important du secteur, a-t-il souligné. « On veut un centre-ville plus vert, mais on ne peut pas le faire sans amener une certaine transformation » dans le milieu bâti, a-t-il exposé. Une évolution qui passe par la densification et une plus grande mixité de résidents, a poursuivi l’élu du quartier Sacré-Cœur. Devant ces enjeux, « le conseil a tenté de trouver un juste équilibre, le compromis le plus juste possible », a-t-il assuré, même si « on ne peut pas faire une omelette sans casser des œufs », a-t-il expliqué.

Certes, le résultat dans ce cas précis sera la perte d’une vingtaine de logements, a reconnu M. Bousquet, citant en contrepartie les actions entreprises par la Municipalité en matière de logement abordable pour en offrir prochainement un total de 92 unités au centre-ville.

Quant au supposé îlot de chaleur, il existe déjà avec les bâtiments actuels, selon David Bousquet, alors que le nouvel immeuble sera construit selon des normes beaucoup plus modernes, incluant par exemple un toit blanc. Les arguments apportés par Mme Goulet sont « tout à fait légitimes, mais ce sont des arguments que l’on connaît depuis longtemps », a-t-il indiqué afin d’exposer que ces enjeux ont déjà été analysés.

Une fois les exposés livrés de part et d’autre, la position des élus est restée la même. Le conseil estime ainsi que la décision rendue en comité le 22 mars est « bien fondée » et autorise ainsi la démolition, a statué le conseiller Pierre Thériault dans une résolution adoptée à l’unanimité.

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