Lundi dernier, je participais à un spectacle électoral où je faisais dire à un François Legault triomphant : « Ce soir, les Québécois ont élu un gouvernement du 20e siècle! »
J’aurais pu dire 19e siècle tant ce système qui l’a porté au pouvoir est d’une autre époque. C’est un héritage du colonialisme britannique, création des Pères de la Confédération, de fiers monarchistes qui détestaient la démocratie et ne s’en cachaient même pas.
« La tyrannie des masses » était pour John A. MacDonald un « mouvement dangereux » à contenir « avec un gouvernement central puissant qui protège les intérêts de la minorité et les riches sont toujours moins nombreux que les pauvres ». Afin de protéger les intérêts des riches, il fallait à tout prix éviter le suffrage universel que MacDonald considérait comme « un des plus grands maux qui puissent frapper le pays ».
Encore aujourd’hui, cette « démocratie » de façade cache magnifiquement le fossé entre la volonté du peuple et celle de ses gouvernants. Avec un taux de participation d’à peine 65 %, le parti victorieux récolte 1,5 million de votes devant quatre autres partis qui en ont plus de 500 000 chacun.
Autrement dit, dans une maison où cohabitent dix personnes : trois d’entre elles décideront de tout pour tout le monde, alors qu’il y en a quatre qui ont des idées différentes, mais qu’on n’écoutera jamais et que les trois autres restent assis dans le salon parce qu’ils se sacrent de ce qui se passe dans la cuisine. Et ça ne changera pas de sitôt. Comme je le faisais aussi dire à mon François Legault : « Au pays de Québec, où rien ne doit mourir, rien ne doit changer, enfin, nous arrivons à ce qui reste de même. Pour des siècles et des siècles. Amen. »