Leur deuxième fils devint un personnage qui alimenta fortement la vie maskoutaine. Il s’agit de Denis Blier, surnommé par la majorité de ses connaissances « Gros Den ». Il était destiné à succéder à son père. Celui-ci exploitait un magasin de souliers au centre-ville de Saint-Hyacinthe avec son frère Henri.
Denis naquit le 16 mars 1936. En 1949, J.W. Blier fit une demande au Conseil de Saint-Hyacinthe, pour tenir une « pro-shop » ou salle d’aiguisage, à l’Aréna de Saint-Hyacinthe. Très jeune, Denis se consacra à cette entreprise située en haut à droite, à l’entrée de l’aréna. Parallèlement, son père ouvrit un magasin de sport au 690 de l’avenue Bourdages, qu’il opérait avec l’aîné de Denis, Claude Blier, surnommé, « Jim ».
Dans les années 1970, il fonda en association avec Alain Richer, le commerce « Denis Blier sport enr. » sur la rue Saint-Michel, dans le quartier La Providence. À la mort de son frère Claude, en 1977, Denis prit les rênes de « Les Entreprises de sports Blier inc. » sur l’avenue Bourdages Nord. Son père, aussi impliqué dans ce commerce mourut en 1979; alors que sa mère décéda en 1989. Par la suite, il ouvrit des magasins aux Galeries St-Hyacinthe et à Sorel-Tracy, en société avec Alain Richer, puis vendit une franchise à Beloeil. Tous ces commerces se spécialisaient dans l’univers du sport.
Il toucha à la restauration avec le resto-pub « Les Trois Trèfles ». Il eut une participation dans la taverne Richelieu. Il fut aussi très prospère dans le domaine immobilier. Il posséda plusieurs immeubles en société. Il fonda une équipe de football sous le vocable de « Les Combustibles » étant commandité par « Les pétroles Yamaska ». Il fit revire « Les Gaulois » en 1979, avec ses amis Pierre Robert et Jean Larivière, en inscrivant une équipe dans la Ligue Senior Majeure du Québec, qui deviendra plus tard la ligue Nord-Américaine. Il s’associa avec Paul Lemieux et posséda les Junior Maska, dans les années 1980. Malgré tous ses succès entrepreneuriaux; son humour et sa sociabilité firent de lui, une figure légendaire.
Les habitués des Expos ont pu l’apercevoir durant toute la vie de l’équipe; Denis ayant toujours eu son siège réservé. Il manquait rarement un match des Alouettes et était même devenu un grand amateur du Manic, équipe de soccer professionnel ayant évolué au stade olympique dans les années 1980.
Denis a aussi été reconnu comme une bonne fourchette. Les différents buffets le redoutaient, car il mangeait toujours davantage que le montant exigé. Il fit des concours de hot-dog au Montréal Poolroom. Il improvisa plusieurs concours de bouffe de gibelotte de poissons à Sorel. À la célèbre Taverne Magnan du quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal, il ne demandait rien de moins qu’un 7 pour le « roast beef », alors que la spécialité était de 1 à 4.
Denis était vu partout, et toujours on le reconnaissait avec son éternel gilet blanc, ses pantalons gris et ses immenses souliers orange. Il avait même inventé une nouvelle marque de bâtons de hockey. En effet, pour donner suite à l’achat des restes de bâtons d’une faillite; il apposa des collants, fit vernir les palettes et fit inscrire la marque « SPUL » sur les bâtons. Plusieurs clients lui rapportèrent les bâtons, qu’il vendait à un prix dérisoire. Il leur expliqua, que si le prix était si bas; c’était à cause de la marque « SPUL : Seulement Pour Un Lancer ». Avec Denis, les anecdotes étaient quotidiennes et son imagination débordante.
Aujourd’hui, des dizaines de jeunes peuvent remercier M. Blier de les avoir embauchés dans ses différentes entreprises. Plusieurs d’entre eux ont pu apprendre à évoluer en public et à développer leur estime de soi. La majorité de ses jeunes employés aimaient la formule du temps partiel qui leur permettait de poursuivre leurs études. Denis était foncièrement apolitique. Il possédait des cartes de membre de tous les partis; tous étaient ses clients, disait-il.
Denis Blier restera un personnage gravé dans l’imaginaire. Des individus aussi colorés ne sont pas légion. On peut conclure que ses initiatives ont été très importantes dans la vie communautaire maskoutaine. Lors de ses funérailles en 1994, l’église de la paroisse La Providence était bondée de gens venus lui rendre hommage.