Il informait alors ses concitoyens de son intention de subdiviser en emplacements, dont il comptait disposer par tirage au sort, une terre qu’il venait d’acquérir aux limites de Saint-Dominique et de Saint-Hyacinthe. Cet avis figure dans la cinquième édition du COURRIER, fondé un mois plus tôt. Ce genre d’avis au public, comme c’était coutume de les identifier à cette époque, n’ont jamais cessé depuis et se sont même multipliés avec les années, certaines dispositions légales aidant. Les temps ont changé. Radicalement et pas pour le mieux.
Les avis publics dans les journaux comme LE COURRIER se font plus rares depuis environ cinq ans, avec l’entrée en vigueur de la Loi 122 en 2017 qui permet aux municipalités du Québec de se soustraire à l’obligation de publier leurs avis dans les médias locaux. Les municipalités ne se sont pas fait prier pour revoir leurs pratiques et retirer leurs avis au profit de leur propre site Internet. La Ville de Saint-Hyacinthe n’avait pas adhéré au mouvement jusqu’à lundi soir. Après quelques mois de valse-hésitation, elle a décidé de réviser ses façons de faire concernant la diffusion des avis publics, quelques semaines seulement avoir pris la décision douteuse de cesser la publication de ses offres d’emplois dans LE COURRIER.
Dès que le projet de règlement déposé lundi soir entrera en vigueur, elle pourra se contenter de publier ses avis publics à l’entrée de l’hôtel de ville et sur son site Internet, sauf exception et à sa discrétion si elle estime la publication sur support papier requise. Les lecteurs du COURRIER qui ont pris la bonne habitude de consulter les avis publics de la Ville dans nos pages devront s’en passer ou développer le réflexe de se rendre eux-mêmes sur le site Internet de la Ville pour voir ce qui se trame dans les coulisses de la cité. Ceux qui n’ont pas Internet ou qui ne souhaitent pas faire cet effort devront se contenter d’un sommaire des avis publics qui sera publié dans un journal diffusé sur le territoire de la municipalité. Avec un peu de chance, ce sera l’un des nôtres, mais ce n’est pas précisé. Pas plus que la fréquence de publication de ces sommaires.
On dira que je suis biaisé, mais j’ai bien du mal à voir dans cette décision une avancée pour la démocratie municipale et un geste de plus grande transparence de la part de notre municipalité. Au contraire, elle vient de servir sur un plateau d’argent des arguments à tous ceux et celles qui contesteront à l’avenir des décisions prises en catimini, en s’offusquant d’être mis devant le fait accompli.
Il y a quelques mois, j’avais eu la chance de participer à une séance plénière de la Ville pour discuter de la pertinence de poursuivre la publication des avis publics dans notre journal. J’ai expliqué, en vain, qu’il n’y avait que des avantages à publier les avis à la fois dans le journal et sur le web et qu’en matière de diffusion d’avis publics, il était toujours préférable d’en faire plus que pas assez. Que jamais un citoyen ne leur reprocherait de trop les informer.
Armé de découpures de presse, j’ai aussi placé quelques élus devant leurs contradictions. Il faut savoir qu’à l’occasion de la campagne électorale de 2017, nous avions sondé chaque candidat sur la question des avis publics dans les journaux et ils étaient en très grand nombre favorable au statu quo. Alors candidat au poste de conseiller de Douville, le maire André Beauregard se disait en faveur de leur publication sur le web et dans les journaux. Même qu’une fois élu maire en 2021, c’est lui qui a fait pression sur la MRC des Maskoutains pour qu’elle sursoie à son intention de cesser la publication des avis publics dans LE COURRIER.
Deux ans plus tard, c’est le même homme qui a prévenu notre éditeur du changement de cap radical du conseil, en affirmant qu’il ne fallait pas voir dans ce geste politique un désaveu, un désintérêt ou un désengagement de la Ville de Saint-Hyacinthe à l’égard du journal, de sa mission, de ses artisans et de ses lecteurs. La Ville manifestera son soutien autrement et le journal n’y perdra pas au change, a-t-il promis. Mais à tout prendre, je préférais de loin un soutien garanti qui ne soit pas tributaire du bon vouloir et de l’humeur des élus et de la direction générale à l’égard du journal.