Le puissant syndicat agricole, qui avait poussé devant cette instance une décision de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) qu’elle souhaitait contester et infirmer, vient d’en prendre pour son rhume. Toutes ses objections ont été rejetées du revers de la main par les juges administratifs Odette Laverdière et François Boutin. Toutes comme dans toute est dans toute. Merci, bonsoir, chers amis, meilleure chance la prochaine fois. Vous pouvez changer de combat. Celui-ci est perdu.
Bon, je vais vous éviter un peu de lecture. Vous ne trouverez pas cette formulation de mon cru dans la décision du TAQ et libre à vous de penser que je manque de tact. Je paraphrase, disons plus ou moins grossièrement. Voilà la prérogative de l’éditorialiste que je suis et qui commence à avoir hâte de changer de disque et de dossier. Quand elle a obtenu et épluché cette décision mercredi dernier, à quelques heures de la tombée, notre journaliste Sarah-Eve Charland s’est empressé de recueillir les premiers commentaires du préfet de la MRC, Simon Giard, et du maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard. Sans surprise, ils étaient aussi ravis qu’enthousiastes.
Tous les deux sont dans le camp des vainqueurs et des convaincus des retombées plus que positives qui viendront avec la construction éventuelle d’une usine Exceldor sur une terre agricole de 10 hectares à Saint-Hyacinthe. D’autres voix qui fredonnent sensiblement la même chanson se sont ajoutées à cette chorale depuis. De l’autre côté du spectre, il y a une semaine, l’UPA a gardé le silence sur le coup, sans doute trop occupée à l’accuser.
Pendant que la journaliste était à faire son travail de cueillette d’informations il y a une semaine, je réfléchissais au titre qui allait orner notre manchette du lendemain. Mon premier réflexe avait été d’écrire qu’il n’y avait plus aucun obstacle devant Exceldor.
Mon premier réflexe n’étant pas toujours le plus avisé, Mme Charland et moi nous sommes aussitôt mis à la recherche de la vérité, question de savoir si une possibilité d’appel était envisageable à défaut d’être souhaitable. Au moment d’acheminer le tout vers l’imprimerie, nous attendions encore une confirmation de part et d’autre. La prudence s’est donc imposée et la manchette a donc été coiffée d’un titre aussi prudent qu’incontestable : « L’UPA mord la poussière ». Sage et prudent titre dans les circonstances, car nous avons appris que l’UPA a la possibilité de contester une fois de plus une décision qui lui donne de l’urticaire.
Elle nous a confirmé au cours des derniers jours qu’elle allait prendre tout le temps requis pour analyser cette décision et décider de la suite à y donner. Cela dit, en prenant grand soin de rappeler qu’elle était le chien de garde du respect du territoire agricole du Québec.
On comprend donc qu’il faudra attendre encore deux semaines pour connaître l’aboutissement de cette interminable et incroyable saga. Reste-t-il encore quelque chose à débattre et à faire valoir? Un quelconque argument à présenter? En toute honnêteté, je pense que tout a été dit, que chaque pierre a été retournée. L’UPA est allée au bout de sa logique et de ce qui est acceptable au niveau de l’entêtement et de son mandat.
Pousser ce jugement implacable en appel serait faire preuve d’acharnement inutile. Comme le disent si bien les juges du Tribunal administratif : « L’abattoir projeté d’Exceldor constitue donc une activité para-agricole essentielle […] et une divergence d’opinions […] ne constitue pas une erreur déterminante susceptible d’être révisée par le Tribunal. »
L’UPA a défendu farouchement une cause qu’elle croyait juste et a perdu. C’est une défaite que l’on peut encore qualifier d’honorable. Mais s’obstiner davantage ne le serait pas. Il lui revient de tirer les leçons qui s’imposent et de bien choisir ses prochains combats.
Il y en aura d’autres assurément. Un de perdu dix de retrouvés, dit le dicton.