12 novembre 2015 - 00:00
Usine de régénération des huiles usées
Derrière les portes sécurisées de Veolia
Par: Jean-Luc Lorry
Derrière les portes sécurisées de Veolia

Derrière les portes sécurisées de Veolia

Derrière les portes sécurisées de Veolia

Derrière les portes sécurisées de Veolia

L’usine de régénération des huiles usées est située sur l’avenue Pion. Chaque employé doit garer son véhicule de manière à pouvoir quitter rapidement le site en cas de pépin. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’usine de régénération des huiles usées est située sur l’avenue Pion. Chaque employé doit garer son véhicule de manière à pouvoir quitter rapidement le site en cas de pépin. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Propriétaire de l'usine de régénération des huiles usées de Saint-Hyacinthe, Veolia Canada a exceptionnellement ­accepté d'ouvrir les portes de ses installations ultrasécurisées et sous haute surveillance au COURRIER.

Annoncée en octobre 2010 au coût de 40 M$, la construction de cette usine ­qui recycle annuellement 73 millions de litres d’huiles usées (64 000 tonnes) aura finalement nécessité des investissements dépassant 90 M$.

Après extraction de leurs déchets, les huiles usées récupérées sont transformées via un procédé thermique en trois hydrocarbures distincts.

De l’huile vierge de seconde génération (VGO) est vendue au pétrolier Shell, de l’asphalte est destiné à l’entreprise ­montréalaise Bitumar et du mazout ­(LVGO) prend la route de Kildair, une ­entreprise de Saint-Paul-de-Joliette ­spécialisée dans la production, la ­distribution et le stockage de mazout lourd, de bitume et de pétrole brut.

« Nous sommes un maillon essentiel dans la valorisation des huiles usées au Québec. Notre objectif premier est de fabriquer un produit noble dont le ­processus de fabrication réduit ­l’emprunte carbone », indique en ­entrevue au COURRIER, Bruno Lebaron, vice-président chez Veolia Canada et ­responsable des activités industrielles de l’entreprise au Québec.

Les huiles régénérées et le mazout ­obtenus sont transportés par wagon et les produits asphaltiques par camion. Chaque mois, environ 40 wagons transitent entre l’usine Veolia et ses clients.

Odeurs incommodantes

Depuis le début de ses opérations, la ­direction de Veolia Canada doit composer avec des épisodes successifs d’odeurs ­incommodantes.

Début août, la Ville de Saint-Hyacinthe avait délivré à l’entreprise deux constats d’infraction de 1 000 $ chacun. Un bris ­survenu dans l’oxydateur thermique où s’échappe une fumée blanche avait provoqué l’émanation d’odeurs.

Le mois dernier, Veolia Canada a écopé d’une troisième amende de 2 000 $.

Veolia possède une usine comparable avec son partenaire d’affaires Total dans la zone industrielle du Havre en Normandie. Cette usine a la capacité de traiter jusqu’à 120 000 tonnes d’huiles usées par année.

« Contrairement à notre usine du Havre qui se trouve dans un vaste complexe ­industriel, l’usine de Saint-Hyacinthe est intégrée à une petite communauté. À ce titre, nous souhaitons améliorer la ­communication avec la Ville, mentionne M. Lebaron. Mon mandat est de régler le problème d’odeur. Je pense que nos ­problèmes d’ordre technique sont derrière nous. Nous sommes conscients que nous avons un modèle d’affaires qui n’est pas évident. »

En plus des émissions atmosphériques composées à quasi 100 % de vapeur d’eau selon l’entreprise, l’usine doit aussi gérer des rejets dits aqueux.

Avant d’être dirigées dans le réseau ­pluvial de la Ville, les eaux de surface sont captées et dirigées vers un bassin de rétention pour en vérifier leur conformité.

Quant à l’eau utilisée pour la technologie de l’usine, elle est traitée sur place, puis dirigée vers le réseau sanitaire de la municipalité.

Le site maskoutain de Veolia est formé d’un centre de transfert des huiles usagées et d’une usine de régénération. Ces deux unités complémentaires emploient 130 personnes (102 pour le centre de ­transfert et 25 pour l’usine de régénération) qui se relaient puisque l’usine ­fonctionne 24 h/24.

Pour éviter toute contamination du sol et de la nappe phréatique, un système sous-terrain est installé dans la partie de l’usine où se déroule la réception des huiles usées.

« La surface de travail est étanche et les ­liquides sont dirigés vers une fosse de ­récupération qui est couverte d’une couche de produit caoutchouc qui assure une étanchéité complète », précise la direction de l’usine.

Risques

Pour des raisons de sécurité, on demande à chaque employé de garer son véhicule de manière à pouvoir quitter l’usine rapidement en cas de pépin majeur.

« Le plus grand risque à l’usine est un ­incendie. Comme nous fonctionnons sous vide, le risque d’explosion est relativement faible », précise Martin Bouchard, directeur de l’usine Veolia de Saint-Hyacinthe.

De nombreuses caméras vidéos sont installées à plusieurs endroits névralgiques du site et plusieurs sections de l’usine ne sont accessibles que par carte magnétique.

image