Cette année, pour la semaine des enseignantes et enseignants, le thème est : « Merci de former le Québec de demain ». La phrase est jolie, mais probablement écrite par une firme de relations publiques. Ce n’est sûrement pas la CAQ qui dit ça aux profs.
En février 2020, le ministre de l’Éducation, et jovialiste olympien, Jean-François Roberge, affirmait que « tous signeront la nouvelle convention collective le sourire aux lèvres ». Un an plus tard, on est loin d’une signature et encore plus du sourire aux lèvres. Dans un autre élan de « désinvoltige », le ministre affirmait en début de semaine (quel timing!) que, si on fait un vox pop, « …une grande majorité d’enseignants vont à l’école le sourire aux lèvres ».
Histoire de péter la bulle à Roberge, des profs l’ont pris au mot et réalisé un vox pop. Vrai, la grande majorité des profs ont le sourire aux lèvres. Mais c’est pour leurs élèves. Parce qu’ils sont professionnels. Mais en revenant s’occuper de leurs enfants, en préparant leurs cours du lendemain, en se couchant, en se levant, pis en sachant que les meilleurs d’entre eux abandonnent, que des milliers d’autres enseignent sans qualifications parce qu’on était déjà en pénurie bien avant la pandémie… les profs ne sourient plus. On a beaucoup parlé de l’anxiété des jeunes, mais les profs qui en auront 27 devant eux tous les jours? Et qui doivent être compétents, proactifs et plus-que-parfaits en tout temps tout en cachant leurs propres « fractures de l’être ».
Oui, à l’école, les profs sont souriants. Mais c’est une autre histoire dans le stationnement. Les profs n’ont pas besoin qu’on les remercie de former le Québec. Juste qu’on leur donne les moyens de le faire demain.