2 juin 2011 - 00:00
Des bonis à la tonne chez Cintech
Par: Jean-Luc Lorry
Les bureaux de Cintech agroalimentaire à Saint-Hyacinthe.

Les bureaux de Cintech agroalimentaire à Saint-Hyacinthe.

Les bureaux de Cintech agroalimentaire à Saint-Hyacinthe.

Les bureaux de Cintech agroalimentaire à Saint-Hyacinthe.

Cintech agroalimentaire, un centre collégial de transfert de technologie affilié au Cégep de Saint-Hyacinthe aurait versé de 2003 à 2009, un montant de 1,3 million de dollars en bonis à la performance à pratiquement tout son personnel qui regroupe une vingtaine d'employés, a appris LE COURRIER.

Le vice-président du conseil d’administration de Cintech, Gilles Cardinal, n’a pas confirmé les chiffres relatifs aux bonis que nous avons obtenus.

« Il y a eu des bonis quand les années le permettaient. C’était une politique salariale adoptée par le conseil d’administration qui a pris fin en 2008. Personnellement, je n’ai jamais été mal à l’aise avec les montants octroyés », indique Gilles Cardinal.Selon nos informations, des bonis de 198 000 $ auraient été versés en 2008 et 158 000 $ en 2009, ce qui contredit l’explication offerte par M. Cardinal. Le montant de ces bonis a atteint jusqu’à 255 000 $ en 2006, un chiffre « exagéré » selon le vice-président de Cintech.Ces bonis étaient accordés même lorsque Cintech affichait un déficit au terme de son année financière. Les états financiers de 2009, dont LE COURRIER a obtenu copie, indiquent un manque à gagner de 119 154 $. Cette même année, les salaires et charges sociales s’élevaient à 2,4 M$ et un montant de 158 000 $ de bonis à la performance fût octroyé.Cependant, deux ans plus tôt, le conseil d’administration avait cette fois suspendu les bonis en raison d’un déficit. En 2007, sur six mois d’exercice, Cintech affichait des pertes de l’ordre de 178 933 $. M. Cardinal a révélé que les bonis n’étaient pas exclusivement réservés à l’équipe de direction, mais à quasiment tout le personnel. « Tout le monde touchait des bonis sauf deux employés qui nous étaient « prêtés » par le ministère de l’Agriculture. La convention collective de ces deux personnes ne permettait pas le versement de bonis, mais tous les autres y avait droit. »Selon les informations disponibles sur le site Internet de Cintech, le personnel est composé d’une équipe de direction de cinq personnes, de dix chargés de projet, de trois adjointes, d’une technicienne comptable et d’une réceptionniste. À la suite d’une étude de marché, le conseil d’administration aurait modifié la structure salariale en supprimant la formule de bonis, selon M. Cardinal. « La directrice générale avait paraît-il de la difficulté à recruter des personnes au profil scientifique sur la base d’un boni », a-t-il expliqué.

Devoir de réserve

L’ancienne présidente-directrice générale de Cintech, Johanne Tanguay qui a démissionné en mars dernier n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet des bonis lorsque LE COURRIER l’a contactée à son domicile.

« Je ne peux pas me prononcer par rapport à des activités qui ont eu lieu dans le passé et sur lesquelles je ne suis plus liée. Je n’ai plus l’autorisation de parler au nom de mon ancien employeur. Pour moi, Cintech c’est terminé. Je suis ailleurs aujourd’hui », mentionne sans plus de détails Mme Tanguay. La politique concernant l’octroi des bonis semble être un dossier sensible pour plusieurs administrateurs de Cintech. À l’évocation du mot « boni », Steve Morin, président du conseil d’administration de Cintech et vice-président chez Olymel, nous a rapidement référé à Gilles Cardinal qui selon lui, agit à titre de porte-parole du conseil d’administration de Cintech. Quant au directeur général du Cégep de Saint-Hyacinthe, Roger Sylvestre qui occupe la fonction de trésorier au conseil d’administration de Cintech, il a décliné notre demande d’entrevue.Pour l’année 2010, les contrats obtenus par Cintech représentaient un montant de 2,8 M$. En complément, le centre a reçu des subventions des ministères du Développement économique, de l’Éducation et de l’Agriculture pour un montant total de 432 000 $. Le centre est réputé pour son expertise dans le secteur alimentaire en développant de nouveaux produits ou en améliorant ceux déjà existants.

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