C’est ce qu’a partagé la présidente et directrice générale du CISSSME, Louise Potvin, dans une longue entrevue accordée au COURRIER au cours de laquelle elle a dressé un bilan positif des derniers mois et livré quelques détails de la stratégie régionale en prévision d’une recrudescence des cas à l’automne.
Dès le début de la crise, il a été identifié que l’Hôpital Honoré-Mercier serait un hôpital froid, a commencé par rappelé Mme Potvin, soulignant du même coup « le travail exceptionnel des chefs de départements médicaux » dans l’élaboration et le déploiement de la stratégie.
Des parcours ont dû être tracés à l’intérieur de l’hôpital maskoutain pour s’assurer qu’il n’y ait pas de croisement entre les clientèles régulières et celles qui se présentaient en ayant des signes de la COVID-19. Et avec une urgence petite comme celle d’Honoré-Mercier – les travaux d’agrandissement en cours tripleront sa superficie -, le défi était d’autant plus grand, a-t-elle noté.
Aussi, dès qu’un usager obtenait un diagnostic positif à la COVID-19, il était redirigé en ambulance vers des hôpitaux d’accueil ayant des zones chaudes, notamment les hôpitaux Pierre-Boucher à Longueuil et Charles-LeMoyne à Greenfield Park. Un centre de coordination s’assurait de rediriger les cas de COVID où des lits étaient disponibles.
« Ça a fait en sorte [que] les usagers n’ont [jamais] eu de délais pour recevoir des services. En aucun temps, ils n’ont été retenus parce qu’on n’avait pas de destination où les transférer. C’était bien coordonné dans le sens où les hôpitaux d’accueil avaient la capacité de les accueillir et de les admettre sur l’unité de soins ou aux soins intensifs », a souligné Mme Potvin.
À l’inverse, des clientèles de gériatrie et d’oncologie de l’Hôpital Pierre-Boucher qui avaient besoin d’être hospitalisées ont été transférées à Honoré-Mercier, libérant ainsi des lits à Longueuil pour accueillir les cas de COVID-19 et protégeant du même coup ces personnes plus vulnérables en les amenant dans un hôpital froid. « Ça, c’est vraiment un bon coup, s’est félicitée la PDG du CISSSME. On est fiers de ça et on va adopter ce mode de fonctionnement si, dans la deuxième vague, il y avait à ce point beaucoup de clients hospitalisés à Pierre-Boucher et qu’on ne puisse plus garder ces clientèles-là de façon sécuritaire. »
La clinique de dépistage de la COVID-19 mise sur pied à Saint-Hyacinthe est pour sa part maintenue « et le sera probablement pour toute la période de la pandémie ».
Hôtel-Dieu : l’unité du Parc, « la meilleure solution »
Quant au Centre d’hébergement de l’Hôtel-Dieu-de-Saint-Hyacinthe, le CISSSME voit comme une réussite la conversion de l’unité du Parc en une zone chaude, une stratégie qui continuera d’être appliquée pour les mois à venir.
Durant la crise, l’unité du Parc a permis d’accueillir en confinement à la fois des résidents de l’Hôtel-Dieu avec un diagnostic positif et des personnes âgées de la communauté atteintes de la COVID-19, provenant surtout de résidences privées pour aînés et ressources intermédiaires. Cette grande unité de l’Hôtel-Dieu avait été fermée au cours des mois de janvier et février en raison d’un manque de préposées aux bénéficiaires et de la pénurie d’infirmières. Puisqu’elle était vide et disponible au début de la pandémie, elle était devenue l’endroit tout indiqué pour être convertie en zone de confinement, a expliqué Louise Potvin.
Plusieurs personnes avaient remis en question la décision d’en faire une zone chaude étant donné qu’au moment de l’admission des premiers cas externes, aucun résident de l’Hôtel-Dieu n’avait été contaminé encore. Au total, 55 personnes âgées de la communauté ont été accueillies de façon continue entre avril et juillet, puis 49 résidents de l’Hôtel-Dieu positifs à la COVID-19 y ont séjourné. Sur ces 104 personnes qui ont transité par l’unité du Parc, pas moins d’une vingtaine de décès ont été recensés.
« Ça a été difficile, mais on réitère que c’est la meilleure solution que de faire des unités de confinement, a affirmé Mme Potvin. On en a mis sur pied deux autres pour faire en sorte qu’on soit encore mieux préparés s’il s’avérait à l’automne qu’on ait plusieurs personnes âgées dans la communauté qui doivent être sécurisées dans des environnements comme l’unité du Parc. On a une capacité de 50 personnes à admettre à l’unité du Parc et on a ouvert deux unités de 26 places à Longueuil [au Centre d’hébergement André-Lévesque], ce qui fait qu’en prévision d’un automne ou d’un hiver qui pourrait être difficile, on aura 102 places pour accueillir des personnes âgées là plutôt que de les laisser dans leur ressource ou leur résidence. C’est vraiment la meilleure stratégie et on va conserver l’unité du Parc [parce qu’]elle est déjà toute montée et préparée. On a mis au point toutes nos façons de travailler pour faire en sorte qu’on soit le plus étanche. »
Questionnée à savoir si la propagation au sein des résidents de l’Hôtel-Dieu aurait pu être évitée si une autre stratégie avait été utilisée, la PDG du CISSSME ne semblait pas convaincue.
« C’est difficile à dire. Il y a des employés qui n’avaient pas travaillé du tout à l’unité du Parc qui ont été contaminés, donc on peut parler de transmission communautaire [dans leur cas]. Et là, peut-être que c’est eux qui ont contaminé des résidents de l’Hôtel-Dieu. Ou [peut-être qu’il y avait] des résidents qui étaient porteurs, qui n’avaient pas de symptôme et qui ont contaminé des employés, qui eux ont contaminé des résidents », a-t-elle analysé.
Le dépistage de masse a permis de détecter des gens positifs asymptomatiques, a-t-elle noté. Le port du masque obligatoire pour tous les employés a également « été positif pour aider à prévenir la contamination », a-t-elle estimé.
La PDG du CISSSME a rapporté que quatre unités sur les huit de l’Hôtel-Dieu n’ont eu aucun cas de COVID-19. « On est quand même fiers d’avoir localisé à l’unité du Parc des personnes qui ont pu traverser leur épisode, en ressortir guéries et retourner dans leur milieu d’hébergement. »
Comment entrevoit-elle une deuxième vague? « On ne se prépare pas à ce que ce soit facile, donc si ça se passe sans avoir plus de cas qu’à la première vague, on sera très biens préparés. On prépare aussi nos RPA, on les visite, on va les former en prévention des infections, on fait en sorte qu’ils aient des préposées et des infirmières auxiliaires qui soient des championnes. C’est ce qu’on fait actuellement. »