Comme prévu, la direction a fermé les livres, comptoir et guichet le 12 juillet, justifiant le tout par le faible achalandage et la perte de rentabilité. Il faut dire que l’institution financière n’était ouverte que deux jours par semaine. Dans ces circonstances, il est assez facile de comprendre pourquoi les membres désertent et vont ailleurs, comme à la caisse Les Salines. Et dire que la caisse Desjardins de Saint-Liboire était pendant ses belles années l’une des plus généreuses de la région maskoutaine au niveau du pourcentage de ristournes sur les prêts et sur l’épargne versées annuellement à ses membres. Les temps ont changé.

Le bail de cinq ans liant Desjardins et la Municipalité n’a pas été reconduit. Le maire Winter se retrouve avec des locaux à louer alors que la Municipalité avait justement acquis l’édifice dans l’espoir, plutôt naïf avec le recul, d’assurer la pérennité de la caisse à Saint-Liboire. Et voilà qu’elle ne mérite même plus de conserver un simple guichet automatique!

Tant d’autres municipalités au Québec et dans notre région ont acquis des immeubles et logé leur caisse ces dernières années, se trouvant à aider financièrement le très pauvre Mouvement Desjardins qui, au terme de l’exercice financier terminé le 31 décembre 2023, a enregistré des excédents avant ristournes de 2,259 G$, en hausse de 1,017 G$ par rapport à ceux de l’exercice 2022.

Sur le territoire de la Caisse Desjardins de la région de Saint-Hyacinthe, seules les municipalités de Saint-Pie et de Saint-Denis-sur-Richelieu peuvent encore se vanter d’avoir encore des comptoirs- caisses, dans des locaux qui leur appartiennent depuis quelques années. On peut certes présumer qu’ils vivent sur du temps emprunté, surtout à Saint-Denis.

Les pratiques et les besoins des membres évoluant au rythme des technologies, Desjardins ne ressent plus le besoin d’être présent partout et à tout prix, tandis que ses détracteurs l’accusent de renier l’héritage de son fondateur et son statut coopératif en se comportant comme une banque. Si les gens s’attendent à mieux de Desjardins, c’est justement en raison de ce mode de gouvernance qui invite les gens de l’endroit, forcément sensibles à la réalité du milieu, à s’investir au sein des conseils d’administration.

L’odieux de prendre et d’assumer des décisions difficiles revient donc à des gens de la place ou de la région, en raison des nombreux regroupements au fil des ans. Ceux-ci ont éloigné les décideurs, mais ils restent plus redevables que ceux des grandes banques comme la CIBC quand elle décide de fermer sa succursale du centre-ville de Saint-Hyacinthe. Je préfère encore le modèle de Desjardins et présumer que les administrateurs locaux ont dû tout tenter pour maintenir les services.

Sur le Web, quand le Mouvement Desjardins parle de son engagement national, il se targue d’apporter « un soutien important à la collectivité à travers des partenariats philanthropiques, des commandites et des bourses d’études, ainsi qu’en soutenant des projets structurants ». Nulle part n’est-il mentionné que ce soutien aux collectivités passe par la présence de caisses, de guichets ou d’employés compétents.

Pour entendre parler du réseau des caisses, il faut s’intéresser à son fonctionnement coopératif. « L’ambition du Mouvement Desjardins est d’être premier dans le cœur des gens. Grâce à ses canaux de distribution variés, à ses multiples réseaux intermédiaires et à un personnel ayant à cœur de toujours travailler dans l’intérêt des membres et clients, il entretient une relation de proximité avec ses membres et clients, et avec les communautés auxquelles ils appartiennent. Afin d’offrir à ses membres la meilleure réponse possible à leurs besoins de plus en plus diversifiés, Desjardins porte une attention particulière au réseau des caisses et aux divers modes de distribution de ses services. Il a également la volonté d’assurer la vitalité des caisses en matière de vie coopérative et démocratique, de représentativité, d’éducation et de formation et de soutien au développement du milieu. »

Retenez surtout que Desjardins a aujourd’hui la volonté d’assurer la vitalité des caisses, pas celles des municipalités. Tout est dit.