27 juin 2024 - 03:00
Règlement sur les éoliennes
Des citoyens craignent l’effritement des terres agricoles
Par: Sarah-Eve Charland
Près de 100 citoyens ont assisté à l’assemblée publique de consultation de la MRC des Maskoutains le 19 juin. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Près de 100 citoyens ont assisté à l’assemblée publique de consultation de la MRC des Maskoutains le 19 juin. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Près de 90 % des terres agricoles de la MRC des Maskoutains seront protégées par le règlement de contrôle intérimaire (RCI) qui encadrera l’implantation d’éoliennes dans la région, un chiffre qui ne semblait pas satisfaire les nombreux citoyens qui se sont déplacés à la consultation publique organisée par la MRC des Maskoutains sur le sujet.

Près d’une centaine de personnes ont répondu à l’appel de la MRC en se déplaçant à l’assemblée publique de consultation sur le RCI encadrant l’implantation d’éoliennes le 19 juin. Le RCI, déposé en séance du conseil des maires, devrait être adopté le 21 août, mais pourrait faire l’objet de changements. Il vise à encadrer les paramètres géographiques où la construction d’éoliennes sera permise en imposant une série de mesures restrictives.

Au final, les mesures laissent à peine 7 % du territoire disponible à la construction d’éoliennes, soit 9153,06 hectares. Le règlement de la MRC ne prend pas en considération les lois fédérales et provinciales. Il pourrait donc y avoir d’autres restrictions en dehors de la juridiction municipale qui s’appliquent, comme des corridors aériens.

Pourquoi ne pas protéger 100 % des terres agricoles? ont questionné les citoyens présents à l’assemblée publique. À plusieurs reprises, leurs inquiétudes sur l’effritement des terres agricoles ont été partagées.

« On ne peut pas protéger 100 % des terres agricoles, répond d’emblée l’urbaniste à la MRC des Maskoutains, Pascal Simard. Le ministère des Affaires municipales n’acceptera pas un tel règlement. Le gouvernement nous impose d’encadrer avec les particularités du milieu. »

Le ministère de l’Énergie a publié une carte répertoriant les endroits où il y aurait un potentiel de vent exploitable, c’est ce qu’on appelle des gisements éoliens. Dans la MRC des Maskoutains, ce sont des gisements de 6,8 à 7,5 mètres par seconde.

« Évidemment, ce ne sont pas les plus grands gisements au Québec, mais on doit composer avec le fait que ce sont des gisements considérés par le gouvernement. On est obligé de reconnaître le potentiel éolien sur notre territoire et on doit se conformer aux orientations du gouvernement », ajoute le conseiller en aménagement du territoire, Denis Laplante.

Des distances satisfaisantes

Le RCI est un outil temporaire. Il sera en vigueur jusqu’à la fin de la révision du schéma d’aménagement de la MRC. Certains territoires d’intérêt écologique et paysager ont été protégés. Par exemple, les éoliennes commerciales seront interdites sur le mont Rougemont, le mont Yamaska, la crête Saint-Dominique et au parc de la Métairie en devenir du côté de la ville de Saint-Hyacinthe.

Lors de la consultation publique, les participants étaient invités à voter anonymement sur leur satisfaction des mesures proposées dans le RCI. En général, les distances séparatrices étaient jugées satisfaisantes pour les citoyens présents.

Des distances minimales à respecter ont été établies à 6000 mètres des monts Rougemont, Yamaska et Saint-Hilaire et à 2000 mètres de la crête Saint-Dominique et du parc de la Métairie. Des restrictions sont aussi imposées afin de limiter et, par endroits, interdire les éoliennes dans les zones boisées ou dans les milieux humides identifiés. Les distances séparatrices varient de 1500 mètres d’un périmètre d’urbanisation, en passant par 1000 mètres d’une rivière, 900 mètres d’une habitation et 800 mètres d’une autoroute, entre autres. À cela s’ajoute une distance qui ne peut être inférieure à la distance requise pour assurer, en tout temps, un niveau acoustique maximal de 40 dBA la nuit et de 45 dBA le jour.

La MRC n’a pas jugé nécessaire d’inclure un cadre pour le nombre d’éoliennes permises sur le territoire. « Le nombre d’éoliennes est restreint étant donné le territoire limité. C’est 7 % du territoire qui est ouvert aux éoliennes. Ça ne veut pas dire que ces territoires sont propices aux éoliennes. Il y a des limites physiques à l’implantation. Bout à bout, il ne pourra pas y avoir une grande quantité d’éoliennes », souligne le maire de Saint-Dominique, Hugo Mc Dermott, qui a participé à l’élaboration du règlement.

L’acceptabilité sociale dans tout ça?

Les citoyens ont aussi demandé aux maires comment ils allaient évaluer l’acceptabilité sociale d’un éventuel parc éolien. Le préfet de la MRC des Maskoutains, Simon Giard, estime que les maires sont bien au fait des préoccupations des citoyens.

« C’est un principe noble, mais pas facile à évaluer. Nous sommes 17 maires au conseil de la MRC. On connaît bien le pouls de l’acceptabilité sociale, on l’a pas mal. Le public va être consulté à maintes reprises s’il y a un projet concret. La MRC doit respecter les orientations du gouvernement. Est-ce que la MRC va s’impliquer dans un plan d’affaires? On n’acceptera pas n’importe quoi. Il reste beaucoup d’étapes à franchir », a dit M. Giard.

Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, a mentionné partager le malaise des citoyens qui déplorent que les villes se retrouvent juges et parties dans ce dossier. « Le gouvernement se sert de nous, les municipalités, pour faire accepter l’éolien pour qu’il produise de l’électricité. On est pris entre l’arbre et l’écorce », conclut-il.

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