Une dizaine de citoyens ont participé à l’assemblée publique de consultation à l’hôtel de ville, lundi soir, concernant le projet immobilier Noveo de 30 M$, qui prendra forme à l’intersection du boulevard Laframboise et de la rue Gauthier à Saint-Hyacinthe.

« Je suis contre le projet. Je crois qu’il dépasse les limites de ce qui est acceptable. Je vais avoir ça à 80 pieds de chez moi. Je pensais au départ que ce seraient des blocs normaux, mais ça va être un mur », dénonce Mario Camiré.

Les élus ont procédé aux deux premières étapes réglementaires nécessaires à l’adoption d’un projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI). Cet outil réglementaire permet d’autoriser des projets ayant des dérogations au zonage. Entre autres, les plans comprennent un ratio de 0,9 case de stationnement par logement alors que le zonage exige un ratio de 1,5 case par logement. Aussi, ils n’incluent pas de zone tampon avec le voisinage alors que le règlement exige une marge latérale de trois mètres.

Pour plusieurs, c’est la hauteur qui dérange le plus. L’immeuble atteindra sept étages et une hauteur maximale de 26 mètres. Pour d’autres, c’est la probable hausse de l’achalandage automobile dans un contexte où le secteur est déjà fortement sollicité en raison de sa proximité avec l’hôpital Honoré-Mercier. Certains craignent aussi les effets que pourrait causer le battage de pieux du nouvel immeuble sur la fondation de leur maison.

« On comprend le principe de densification, lance Jean Jodoin, qui réside dans la maison adjacente au projet de construction. On part d’une maison d’un étage à un immeuble de sept étages. Les promoteurs sont très ouverts. Ils ont dit qu’ils allaient planter des arbres. C’est bien, mais ça va prendre combien d’années pour qu’ils cachent le bâtiment? En plus, vous acceptez de réduire la marge entre le nouvel immeuble et ma maison. Vous êtes en train de me dire qu’un immeuble de sept étages n’aura pas les mêmes limites que moi avec mes voisins? »

« Quand on a su que le projet était sur sept étages, les gens ont été déboussolés. Ce n’est plus un quartier résidentiel. Je comprends la densification, mais il y a une limite au nombre d’étages. Un zonage permettant des immeubles de trois à quatre étages serait plus raisonnable », ajoute Pierre Chagnon.

« On a déjà des problèmes de stationnement. Parfois, il y a des véhicules stationnés devant mon entrée de cour. Je ne peux pas sortir de chez moi. Qu’est-ce que je fais si j’ai une urgence? Avec ce projet, il y a un potentiel de 90 voitures supplémentaires dans le quartier. Je ne comprends pas », poursuit M. Camiré.

Le projet est conditionnel au dépôt d’une étude de circulation jugée satisfaisante par le département de mobilité active de la Ville de Saint-Hyacinthe. Le document devra être déposé au comité de circulation et au conseil municipal.

Plusieurs citoyens ont d’ailleurs questionné le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, sur l’adoption du projet par un PPCMOI, ce qui permet de déroger au zonage. L’élu a tenu à rappeler que la Ville de Saint-Hyacinthe procède actuellement à la refonte de ses règlements d’urbanisme.

« On travaille avec des règlements qui datent de 2010. En 2025, la situation a changé. La Ville est en réflexion depuis deux ans. On a identifié des zones où la densification serait souhaitable. C’est le cas pour le boulevard Laframboise en raison de sa proximité avec les services. Ça en prend, des projets de densification, mais personne ne les veut dans sa cour. Ce qui est proposé ce soir, ça ne sera peut-être pas le projet final », soutient M. Beauregard.

Les promoteurs Anthony Marcil et David Pion ont d’ailleurs rencontré les résidents du secteur en faisant du porte-à-porte il y a quelques semaines. Ils ont aussi assisté à l’assemblée publique afin d’entendre les inquiétudes des citoyens.

« Nous avons les préoccupations des résidents à cœur et avons pris note des commentaires exprimés. Nous avons également entendu les gens souligner leur soutien à la densification et à la création de logements. Et nous sommes heureux que les élus aient voté la poursuite des démarches réglementaires. Nous continuons à collaborer avec la Ville pour la planification de ce projet de 90 nouveaux logements qui vient répondre à la demande, et ce, sur une artère majeure de notre ville desservie en transport en commun et près de tous les services », soutient Anthony Marcil.

Tenue d’un registre

Après avoir ajourné la séance du conseil pendant quelques minutes, les élus ont annoncé qu’ils adoptaient la résolution encadrant le PPCMOI, lançant ainsi le processus d’approbation référendaire. Ils ont invité les citoyens à prendre contact avec les services juridiques de la Ville de Saint-Hyacinthe pour obtenir toutes les informations nécessaires à la signature du registre. Les résidents contigus au projet ont jusqu’au 16 avril 16 h 30 pour signer le registre. Si 12 citoyens apposent leur signature, la Ville devra tenir un registre par lequel les personnes habiles à voter pourront forcer le conseil à se prononcer sur l’avenir du projet.

« Les élus vont adopter la résolution pour poursuivre le processus, mais n’entendez pas en cela qu’ils acceptent le projet, explique la directrice générale de la Ville de Saint-Hyacinthe, Chantal Frigon. Ça permet d’aller en période de registre public. […] Ce qui est important, c’est que les citoyens contre le projet se manifestent clairement et signent le registre », conclut-elle.