9 Décembre 2021 - 07:00
Des citoyens veulent contrecarrer Habitations Trigone
Par: Sarah-Eve Charland
Le comité 1tourdepassepasse est composé de Jacques Beauséjour, Jean Dubé, Danielle Viens et Michel Barré. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le comité 1tourdepassepasse est composé de Jacques Beauséjour, Jean Dubé, Danielle Viens et Michel Barré. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Le comité 1tourdepassepasse s’est formé afin d’agir avant que le projet Viva-Santé de Trigone ne soit irréversible. Quatre citoyens bien actifs assurent avoir l’appui de 276 personnes par le biais d’une pétition s’opposant au projet de pôle santé et de résidences pour personnes retraitées de 115 M$.

Jacques Beauséjour a publié dans le journal Le Clairon du 28 septembre un appel à la mobilisation. Son avis a reçu l’appui, par courriel ou par la poste, de 276 personnes dans un rayon d’environ un kilomètre autour du quadrilatère visé par le projet, soit les rues Blanchet et Turcot, l’avenue Bernier et le boulevard Laframboise.

Pour le comité 1tourdepassepasse, cela démontre qu’il n’y a aucune acceptabilité sociale. « On trouve odieux de démolir des bâtiments sains. […] Ce qu’on demande, c’est que le projet soit abandonné. On dénonce le côté sauvage du projet. On met dehors des locataires au nom de la densification », déplore le résident Jean Dubé, qui est voisin du quadrilatère.

Le projet immobilier respecte le plan d’urbanisme et le schéma d’aménagement de la MRC des Maskoutains. La grille des spécifications de la zone autorise plusieurs usages, mais ne permet pas la construction d’immeuble plus haut que trois étages. Viva-Santé se composera de trois bâtiments de 8, 13 et 16 étages, soit sensiblement la même hauteur que l’hôtel Sheraton.

La demande de projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI) avait été déposée le 19 octobre à la Ville. Le projet est à l’étude depuis peu puisque le comité consultatif d’urbanisme a été suspendu pendant la période électorale. Les membres élus du comité ont été confirmés à la séance du conseil du 22 novembre. Si le conseil municipal est favorable, le PPCMOI devra être soumis à un processus d’approbation référendaire.

Le conseiller municipal de Sacré-Cœur, David Bousquet, dit être conscient des inquiétudes soulevées par les citoyens au cours des dernières semaines. Les inquiétudes sont variées et touchent autant la hauteur du bâtiment que la circulation, le stationnement et les impacts environnementaux.

« Ce sont toutes des préoccupations pertinentes. C’est certain qu’il va falloir avoir des discussions sur le projet et sur sa capacité à répondre favorablement aux besoins de la population. Il y a toujours le phénomène du “je ne veux pas ce genre de projet là dans ma cour”. Je pense qu’il faut faire les débats un peu plus globalement. Il faut voir les aspects positifs et négatifs d’un projet de cette ampleur-là. Notre objectif est de mettre en place un environnement qui permet ces échanges-là et, si c’est possible, arriver à un consensus. On est à l’étape où, au niveau réglementaire, on discute de ce qui est acceptable ou non », souligne M. Bousquet.

Au nom de la densification

Jean Dubé dénonce aussi l’argumentaire utilisé à tout vent au nom de la densification. Bien qu’il reconnaisse l’importance de protéger les terres agricoles, il prône une densification intelligente. M. Dubé estime que construire un bâtiment sur plus de 10 étages près de l’hôpital, alors que la Ville continue de délivrer des permis de construction pour des maisons unifamiliales dans d’autres secteurs de la Ville ne représente pas une densification intelligente.

« La Ville doit avoir une vision stratégique. Elle doit développer un plan qui doit être voté et soumis à la population comme cela a été fait en 2010 [avec l’adoption du plan d’urbanisme actuel]. Toute la population s’était commise. En ce moment, c’est du cas par cas », poursuit M. Dubé.

Le conseiller municipal se défend toutefois d’analyser les projets à la pièce en rappelant l’existence du plan d’urbanisme qui prévoyait un redéveloppement du noyau urbain central (où se trouve le projet d’Habitations Trigone).

« Les services sont plus présents dans ce secteur-là. C’est là aussi qu’on a les infrastructures les plus adaptées pour accueillir de gros projets. C’est là aussi qu’on a les voies de circulation les plus organisées et des services de transport en commun ou actif. […] On souhaite concentrer la densification dans les secteurs où les services sont les plus présents. C’est un discours qui a du sens, mais c’est sûr qu’en pratique, c’est beaucoup plus difficile à appliquer », répond M. Bousquet.

La directrice du développement d’Habitations Trigone, Stéphanie Cocozza, assure que le projet s’intégrera de façon harmonieuse dans le voisinage.

« La création d’un véritable pôle santé doit être réalisée à proximité de l’hôpital. C’en est le principal atout. […] Le projet a été élaboré depuis deux ans en collaboration avec les experts de la Ville, de concert avec les nôtres, pour assurer une intégration harmonieuse avec le voisinage. Il respecte aussi les exigences du développement durable en ajoutant des espaces verts et de la végétation. Il augmente aussi la densité afin de réduire la pression sur le milieu agricole. L’intégration architecturale dégradée préserve l’échelle humaine au niveau de la rue pour les rues résidentielles et respecte le volet institutionnel de l’hôpital et du boulevard Laframboise. »

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