Le CISSS de la Montérégie-Est a eu comme directive de rétablir l’équilibre financier pour 2024-2025, alors qu’il projetait un déficit de 77 M$ pour l’année en cours. Afin de se conformer aux nouvelles directives du gouvernement, il a suspendu l’affichage de près de 200 postes. Il réévalue également 129 postes en surcroît de travail, qui sont vacants.
« Aucune mise à pied n’est envisagée à ce moment-ci. Nous nous efforçons de limiter autant que possible les impacts de cette mesure sur nos services et nos employés », assure la porte-parole du CISSSME, Caroline Doucet.
L’année dernière, l’organisation a enregistré un déficit de 71,3 M$. Le budget pour la dernière année s’élevait à 1,7 milliard de dollars. Selon le rapport de gestion 2023-2024 du CISSSME, le déficit s’explique par le besoin grandissant de soutien pour de l’hébergement à domicile, le manque de financement pour les dépenses en lien avec les familles d’accueil, le manque de financement pour le débordement dans le secteur jeunesse, l’indexation des denrées alimentaires et l’augmentation des dépenses en CNESST.
La députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, tient à rappeler que le budget provincial alloué en santé est passé de 40 milliards de dollars en 2018 à 60 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 50 %. « On ne peut pas parler de coupures. En ce qui concerne le CISSSME, il a reçu une communication comme tous les autres établissements pour leur rappeler de respecter leur budget. Faut-il rappeler que c’est l’argent des Québécois qui va payer le déficit de 77 millions? Alors, ce qu’on demande aux gestionnaires est de gérer efficacement l’argent sans réduire les services aux citoyens. Après tout, le budget en santé ne peut pas être un trou sans fond », commente-t-elle.
Levée de boucliers des syndicats
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) est loin d’être rassurée. Ce syndicat entend se mobiliser contre ces compressions budgétaires. « Nos gens sont inquiets et en colère. Santé Québec nous demande de nous serrer la ceinture une fois de plus et d’oublier les renforts espérés pour offrir plus de services et soulager nos membres de la surcharge qui les écrase. Prétendre que ça n’affectera pas l’accessibilité et la qualité des services, c’est une insulte à l’intelligence des gens », dénonce la représentante nationale de l’APTS, Joëlle Lavoie-Vigeant.
Le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs (CSN) de la Montérégie-Est, Luc Michaudville, abonde dans le même sens. « En agissant arbitrairement de la sorte, la direction ne fera qu’aggraver les terribles conséquences de la pénurie de main-d’œuvre qui touche déjà le réseau. […] Le personnel est déjà surchargé et les besoins en soins ne cessent de croître », dit-il en dénonçant ce qu’il juge être des décisions improvisées.
La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) pour la Montérégie-Est, Brigitte Petrie, estime que les mesures annoncées par la direction ne sont que des économies de bout de chandelle. « Les employeurs usent d’originalité pour faire des coupures à différents niveaux. Ce qui est complètement déstabilisant, c’est que le ministre de la Santé a laissé les établissements se rendre à de si haut taux de déficit avant d’intervenir. Les établissements font du développement continuel de nouveaux programmes et d’offre de services, mais ils n’ont jamais les fonds nécessaires », prétend Mme Petrie.
Et en éducation
La directrice générale par intérim du Cégep de Saint-Hyacinthe, Fanie-Claude Brien, a appris après le retour des vacances, le 5 août, par le biais d’une lettre du ministère de l’Enseignement supérieur, que 75 % du budget d’investissements devait être reporté en mars 2025. Sur les 4 742 000 $ alloués, seulement 1 198 438 $ pouvaient être utilisés. Après avoir communiqué avec la députée de Saint- Hyacinthe, le cégep a pu obtenir un rehaussement de 736 359 $.
L’organisation ne pourra donc pas aller de l’avant pour l’agrandissement de la clinique d’hygiène dentaire en janvier 2025, alors qu’elle vient de mettre la main sur son permis de construction. Le projet consiste à construire une annexe permanente sur deux étages, dont la superficie est de 380 mètres carrés. Pour le moment, il n’est pas possible de confirmer avec certitude si les travaux commenceront au printemps 2025. Pour ce qui est du projet de réfection de la piscine, il a été modifié de sorte qu’il puisse être réalisé en phases. Cette année, ce sont les travaux de la première phase qui seront réalisés, soit le remplacement des systèmes de filtration et de ventilation. Les autres étapes sont reportées pour une période indéterminée.
La députée Chantal Soucy affirme qu’aucun gouvernement n’a autant investi en enseignement supérieur que le gouvernement caquiste, que ce soit en matière d’infrastructures ou en matière de services aux étudiants. « En mai 2023, le Ministère a demandé aux cégeps de fournir une liste des projets en infrastructures qu’ils souhaitaient prioriser. C’est à partir de cette liste que les sommes ont été allouées. Par ailleurs, j’ai toujours été présente et active pour défendre les intérêts du Cégep de Saint-Hyacinthe. Maintenant, ce que le gouvernement demande au réseau collégial, c’est de respecter le budget alloué. On a confiance en l’agilité des établissements pour y parvenir. L’équipe du Ministère est à pied d’œuvre pour les accompagner », ajoute-t-elle.
Au Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH), la porte-parole Émilie Laramée affirme que le CSSSH ne procédera pas à des compressions budgétaires, mais qu’il devra respecter de nouvelles cibles ministérielles en matière de maintien du parc immobilier. « Bien que ces nouvelles balises nous amènent à reporter de quelques mois certaines dépenses, dans la même année scolaire, elles n’ont pas d’incidence sur les dépenses immédiates prévues pour combler les besoins essentiels de nos établissements », précise-t-elle.