L’étude menée par deux chercheurs de l’Université Laval conclut que la réforme, implantée en 2005, n’a pas donné les résultats escomptés, principalement en ce qui a trait au taux de diplomation, en français et en mathématique. Le renouveau pédagogique aurait également nui aux garçons, aux élèves à risque et ceux provenant de milieux défavorisés.
Du côté de la CSSH, la directrice générale, Caroline Dupré, souligne d’entrée de jeu que « les écarts entre les jeunes de la réforme et ceux d’avant sont assez minimes ».
En français, le taux de réussite à l’épreuve unique en écriture a légèrement reculé pour les élèves soumis à la réforme, tandis que la moyenne des notes en français de 5e secondaire est demeurée stable.
Concernant le taux de diplomation, davantage d’étudiants faisant partie de la réforme ont obtenu leur diplôme d’études secondaires que leurs prédécesseurs. En 2008-2009, 71,4 % des élèves de la formation générale ont quitté l’école avec leur diplôme en poche, contre 76,4 % d’entre eux cinq ans plus tard.
Mme Dupré indique toutefois qu’il serait difficile d’évaluer l’impact de la réforme sur le taux de diplomation puisqu’en 2009, le MELS et les commissions scolaires ont signé une entente de convention, laquelle identifiait cinq objectifs visant à augmenter le taux de diplomation.
En mathématique, une autre matière dans laquelle les chercheurs ont identifié des reculs, les résultats de l’épreuve unique pour la cohorte précédant l’implantation de la réforme n’étaient pas disponibles à la CSSH.
Pour les examens administrés de 2012 à 2014, les données démontrent toutefois que le taux de réussite de la CSSH surclasse celui de la Montérégie.
« C’est important de comprendre que tout ne s’est pas mis en place à l’an un avec la réforme. Il y a eu des changements au cours des ans, pour les bulletins par exemple », rappelle Caroline Dupré.
Sa collègue, Karina St-Germain, directrice des services éducatifs, estime également que le milieu de l’enseignement est en constante évolution. « Les élèves d’aujourd’hui sont différents de ceux d’il y a 10 ans, au moment où a été lancée la réforme », affirme-t-elle, en regard à l’interprétation des résultats de l’étude.
Tout n’est pas noir ou blanc
Le président du Syndicat de l’enseignement Val-Maska, Luc Beauregard, avoue ne pas avoir été surpris à la lecture des conclusions de l’étude, lesquelles font échos aux commentaires de bon nombre d’enseignants.
« Avec la réforme, on voulait aider les élèves en difficultés et ça n’a pas marché. À la fin des années 90, le contexte dans lequel s’est décidée la mise en place de la réforme n’était pas favorable. Il y avait aussi le principe d’intégration qui débutait et qui écrémait les classes régulières en regroupant par concentration les élèves forts. Nous n’avons jamais approuvé cela, car les élèves forts tirent la classe vers le haut », explique Luc Beauregard.
« Pour certains profs, la réforme était vouée à l’échec avant même son implantation alors que pour d’autres, ils n’ont connu que cette méthode. Ce n’est pas que tout blanc ou tout noir. Il y a eu des ratés et des bons coups », estime néanmoins le président dont l’instance syndicale est affiliée à la FSE-CSQ.