La norme du ministère de l’Environnement est fixée à 0,0043 ppm d’émission de HS sur une période de 4 minutes. Une firme spécialisée a prélevé des échantillons du composé chimique à l’été 2023 sur le site de l’usine d’épuration de Saint-Hyacinthe. À ce moment, on a observé une concentration de 0,043 ppm sur une période de 4 minutes. Ces données ont permis d’élaborer une modélisation des endroits où la Ville ne respectait pas les normes qui a servi à la rédaction du règlement.
À faible concentration, le HS n’est pas dangereux, mais il peut le devenir à très forte concentration. Entre autres, il devient mortel à 300 ppm. Le Dr Julien Michaud-Tétrault, médecin-conseil pour l’équipe santé environnementale de la Direction de santé publique de la Montérégie, a souligné que les données relevées à Saint-Hyacinthe n’étaient pas toxiques. Les concentrations peuvent toutefois causer certaines nuisances pouvant, entre autres, mener à des maux de tête et de ventre.
Loin de rassurer
Le 10 septembre, la Ville de Saint- Hyacinthe avait convoqué la population à une soirée d’information sur le règlement visant à interdire temporairement l’ajout de logements, de commerces et d’institutions dans la zone affectée par le HS. À tour de rôle, des citoyens ont posé des questions aux représentants de la Ville de Saint-Hyacinthe en souhaitant être rassurés.
Au départ, la Ville prévoyait d’effectuer une autre étude sur la dispersion du sulfure d’hydrogène à la fin des travaux, mais à la demande de plusieurs citoyens, elle a accepté de réitérer l’exercice aux étés 2025 et 2026 afin de suivre l’évolution. Advenant une réduction des concentrations de HS, les élus n’excluent pas la possibilité de lever le règlement avant la fin des travaux.
Certains citoyens ont déploré la perte de valeur de leur propriété pour la revente. D’autres ont aussi dénoncé le manque de transparence de la Ville de Saint- Hyacinthe qui savait que les émissions dépassaient les normes du Ministère depuis près d’un an.
L’ancien conseiller municipal Alain Leclerc s’est demandé pourquoi la Ville acceptait de nouveaux projets de développement en sachant que l’usine d’épuration fonctionne à pleine capacité. « On reçoit en moyenne 45 000 mètres cubes d’eaux usées par jour à l’usine, ce qu’on considère comme étant la pleine capacité. Les nouveaux développements entraîneront peut-être 300-400 mètres cubes supplémentaires à l’usine. Ils n’auront pas un impact substantiel sur les odeurs. C’est plutôt le fait qu’elle est à pleine capacité qui est un problème », a répondu le directeur général adjoint, Charles Laliberté.
La présidente du Groupe Robin, Nellie Robin, a aussi exprimé ses inquiétudes. Rappelons que le Groupe Robin poursuit la Ville de Saint-Hyacinthe qui l’empêche de développer les prochaines phases du Projet M (voir autre texte ici).
« Je ne suis pas convaincue que tout sera réglé en 2027 et qu’on arrivera à réduire le niveau de HS. Ça m’inquiète parce que ça touche la santé des citoyens. J’ose espérer qu’il y aura des mesures de mitigation qui seront mises en place à court terme », a affirmé Mme Robin.
Augmentation des prévisions budgétaires
La Ville prévoyait d’effectuer des travaux de mise aux normes de l’usine d’épuration dès 2017 et avait même obtenu des subventions des gouvernements du Canada et du Québec totalisant 25,2 M$ en 2020. À ce moment, le projet était évalué à 33 M$, selon le Plan de gestion des débordements. On prévoyait aussi d’agrandir l’usine pour augmenter de 30 % la capacité d’assainissement.
Un règlement d’emprunt de 33,4 M$ a d’ailleurs été adopté à l’automne 2020, ce qui incluait la subvention. On estimait donc la contribution de la Ville à ces travaux à 8,2 M$.
Saint-Hyacinthe estime maintenant que l’ensemble des travaux, qui englobent la mise aux normes, l’agrandissement et les mesures de mitigation des odeurs, représentera davantage un investissement de 110 M$. De ce montant, déjà 9 M$ ont été investis en travaux et services professionnels. On parle maintenant d’une augmentation de 55 % de la capacité de l’usine.
La directrice des communications par intérim de la Ville, Jennifer Drouin- Ostiguy, indique que l’augmentation des coûts de construction a contribué à l’augmentation des prévisions budgétaires du projet ainsi que la détérioration de certains équipements qui présentent des risques de sécurité.
« Le premier règlement découlait d’une conception préliminaire. Dans tout grand projet d’infrastructure, plus les études avancent, plus les coûts se précisent. […] Il y a des ajouts tels que la mise en place de solutions complémentaires pour la gestion des odeurs par exemple. Certains éléments étaient inclus dans le projet initial, mais à la lecture de l’étude réalisée à l’été 2023, il a été décidé d’ajouter des solutions de gestion des odeurs afin d’optimiser les chances d’atteindre nos objectifs », a précisé Mme Drouin-Ostiguy.
La directrice générale de la Ville de Saint-Hyacinthe, Chantal Frigon, a expliqué que la Ville est à ficeler son montage financier. Entre autres, elle espère obtenir une plus grande subvention. Elle pourrait également mettre en place des mesures fiscales ciblées, que ce soit auprès des particuliers reliés au réseau d’égout ou auprès des entreprises et industries.
La firme FNX-Innov a obtenu le mandat des services professionnels en octobre 2020. En juillet 2024, avec les différentes dépenses supplémentaires, le contrat s’élevait à 4,7 M$. En 2023, Saint-Hyacinthe a mis en place un bureau de projet dédié au projet de rénovation de l’usine d’épuration.
Des travaux ont déjà été lancés. Ils touchent principalement une source émettrice de sulfure d’hydrogène à l’extérieur du bâtiment principal et devraient se terminer d’ici décembre. Un appel d’offres pour les travaux au bâtiment principal devrait être lancé au cours des prochains mois dans l’espoir de commencer les travaux en 2025. La firme d’ingénieur a aussi obtenu le mandat d’identifier d’autres sources émettrices de HS et de trouver des pistes de solutions.
À la fin des travaux, l’objectif est de contenir l’émission de HS au site même de l’usine d’épuration.