La nouvelle de son départ a été partagée par l’organisation le 24 août sur la page Facebook des Lauréats. Les raisons menant à cette décision n’ont pas été dévoilées dans la missive. En entrevue avec LE COURRIER, Martin Russell s’est toutefois ouvert avec transparence sur les motifs ayant mené à sa démission.

Le désengagement de joueurs qui avaient promis de joindre l’équipe arrive en haut de la liste.

« Ça fait trois ans que je cours après des joueurs, que je passe mes étés à faire des téléphones. Cette année, entre le 7 juillet et le 8 août, on a perdu neuf attaquants et un défenseur, donc dix joueurs au total. Il nous restait seulement neuf attaquants dans l’alignement [à l’aube du camp d’entraînement] », se désole l’entraîneur.

« J’ai passé l’été à faire des téléphones pour trouver de nouveaux joueurs. Il y en a qui disent oui et qui changent d’idée à la dernière minute, d’autres qui partent après deux jours de camp. Ça devient hyper compliqué et ça commençait à me jouer sur le mental, confie Martin Russell. Les vacances, cet été, ça a été zéro agréable pour ma famille. Tout ce que j’ai fait, c’est essayer d’aller chercher des joueurs. Avec mon assistant, Gabriel Doyon, qui m’a aidé là-dedans, on a approché 70 joueurs cet été. Tout ça pour en signer deux. Ça n’a pas d’allure. »

Toutes les raisons semblent bonnes pour ne pas jouer avec les Lauréats. Certains préfèrent finalement joindre une équipe de la ligue junior AAA, d’autres veulent tenter leur chance aux États-Unis ou retournent tout simplement dans la ligue M18 AAA pour une ultime saison à 17 ans. Des joueurs choisissent même de s’aligner avec une équipe en division 2 collégiale, pour jouer avec leurs amis ou être plus proches de la maison, plutôt que de prendre un poste avec le club maskoutain en division 1 de la ligue collégiale de hockey masculin du RSEQ.

Cette réalité ne date pas d’hier, mais le problème a été exacerbé cette année chez les Lauréats.

« C’était rendu qu’il fallait presque se mettre à genoux pour attirer des joueurs, poursuit l’entraîneur. On promettait des postes à des joueurs, mais ce n’était pas assez. C’était rendu qu’il fallait pratiquement que je promette qu’ils allaient jouer sur le power play et sur les deux premières lignes. Et malgré ça, les gars ne venaient pas. Ma motivation commençait à diminuer. »

Même s’il est conscient que les joueurs ont plusieurs options à leur portée, il n’a pas caché avoir été irrité de la manière dont certains d’entre eux ont fait faux bond à l’équipe. Il donne, entre autres, l’exemple d’un joueur qui s’était engagé avec les Lauréats et qui jouera finalement dans la ligue junior AAA. « À ce jour, il ne m’a jamais appelé pour me dire qu’il ne venait plus jouer chez nous. Si je ne l’avais pas appris par les réseaux sociaux et par les articles de journaux qui sont sortis au sujet de sa signature [avec l’autre équipe], je n’aurais jamais su que ce gars-là ne se présenterait pas à notre camp [après s’y être engagé]. »

Un effet girouette a aussi été observé. Deux joueurs que les Lauréats avaient signés en mai ont annoncé au début de l’été qu’ils voulaient plutôt tenter leur chance aux États-Unis dans la USPHL. « Treize jours plus tard, ils nous ont rappelés pour nous dire qu’ils allaient jouer avec les Lauréats finalement, raconte Martin Russell. Tu magasines à gauche et à droite et ensuite tu veux revenir. On n’avait même pas le privilège de dire qu’on avait trouvé d’autres gars parce qu’on n’en avait pas. »

Martin Russell fait également remarquer qu’aucun joueur issu de l’équipe M18 AAA des Gaulois de Saint-Hyacinthe ne fera partie de l’alignement des Lauréats la saison prochaine. « Aucun! Il y a plus de joueurs des Gaulois à Sorel et au Collège Français », s’exclame-t-il avec étonnement.

Pourquoi l’équipe maskoutaine n’a-t-elle pas un plus grand pouvoir d’attraction, considérant qu’elle évolue en division 1 collégiale et qu’elle jouit d’une position géographique favorable?

« Honnêtement, c’est une question qu’on s’est souvent posée moi et mon adjoint. Pourquoi un gars de Saint- Hyacinthe décide d’aller à André- Laurendeau ou ailleurs plutôt qu’avec nous? Je ne le sais pas. »

Les insuccès de l’équipe lors des deux dernières saisons – Saint-Hyacinthe a terminé à l’avant-dernier rang lors de la saison 2022-23 – n’aident peut-être pas sa cause, reconnaît néanmoins l’entraîneur.

Malgré les difficultés rencontrées au niveau de la rétention de nouveaux joueurs dans les derniers mois, Martin Russell a tenu à lancer des fleurs aux vétérans de l’équipe qui seront de retour dans l’alignement cette saison. « Il y a plusieurs bons kids et bons joueurs de hockey. Les vétérans, eux, ils sont engagés [envers l’équipe] », souligne-t-il.

Quel avenir pour l’équipe?

Bien que la période estivale ait été rocambolesque pour les Lauréats, on nous assure en coulisses que l’avenir de l’équipe n’est pas compromis. La formation aurait réussi à compléter son alignement dans les derniers jours. Un nouvel entraîneur-chef sera aussi annoncé sous peu.

Depuis l’annonce du départ de Martin Russell, l’entraîneur associé Gabriel Doyon assure l’intérim. Selon nos informations, il est également pressenti pour prendre officiellement la barre de l’équipe cette saison.

Le premier match de la saison régulière des Lauréats est prévu le vendredi 15 septembre. L’équipe rendra visite aux Filons du Cégep de Thetford.

Déjà un nouveau poste pour Russell

De son côté, Martin Russell poursuivra sa carrière d’entraîneur au sein de la structure des Grenadiers de Châteauguay, avec l’équipe M15 AAA élite. Le jour même de l’annonce publique de son départ des Lauréats, sa nouvelle équipe confirmait son embauche par voie de communiqué.

L’environnement d’une structure intégrée convenait mieux aux aspirations de l’entraîneur à ce stade-ci de sa carrière. « Dans une structure, tu n’as pas besoin de recruter de joueurs, donc tu ne passes pas ton été à courir après des joueurs », lance-t-il au bout du fil.

Avant de se joindre aux Lauréats, Martin Russell avait déjà cumulé une forte expérience au sein de la ligue M18 AAA alors qu’il avait dirigé les Riverains du Collège Charles-Lemoyne pendant 13 saisons. Ce sera toutefois sa première expérience dans les rangs M15 AAA élite.

« J’ai toujours voulu coacher du M15 AAA parce que, selon moi, c’est le meilleur calibre après le M18 AAA, mentionne-t-il. Les gars sont engagés et ils veulent monter. C’est un calibre qui m’interpellait depuis plusieurs années et je sentais que ce serait mieux de continuer dans cette avenue-là. »