25 mars 2021 - 07:00
Haltérophilie
Des exploits ternis par une décision de la fédération québécoise
Par: Maxime Prévost Durand
Youri Simard, Shad Darsigny, Matt Darsigny et Charlotte Simoneau, du club La Machine Rouge de Saint-Hyacinthe, ont tous été sacrés champions canadiens junior d’haltérophilie la fin de semaine dernière, même s’ils n’ont pas pu représenter le Québec. Photo gracieuseté

Youri Simard, Shad Darsigny, Matt Darsigny et Charlotte Simoneau, du club La Machine Rouge de Saint-Hyacinthe, ont tous été sacrés champions canadiens junior d’haltérophilie la fin de semaine dernière, même s’ils n’ont pas pu représenter le Québec. Photo gracieuseté

Quatre athlètes du club d’haltérophilie La Machine Rouge, Charlotte Simoneau, Youri Simard, Matt Darsigny et Shad Darsigny, sont montés sur la plus haute marche du podium lors du championnat canadien junior, disputé la fin de semaine dernière dans une formule virtuelle en raison des mesures sanitaires. Malgré leurs belles performances, une décision de la Fédération d’haltérophilie du Québec (FHQ) est venue ternir leur expérience.

Sur le tableau des résultats, un simple trait d’union figurait à côté de leur nom, à l’endroit où tous les autres athlètes voyaient apparaître le nom de leur province d’origine. Une situation qui a soulevé l’ire des parents et des entraîneurs, en plus de semer une certaine consternation chez les athlètes eux-mêmes.

« On a quatre champions canadiens ici [à La Machine Rouge] et ils n’ont même pas pu avoir le nom du Québec à côté de leur nom. Ils étaient des “nulle part” », dénonce Kim Barré, la mère des frères Shad et Matt Darsigny, dans un entretien téléphonique avec LE COURRIER.

À la suite de l’annonce faite à la mi-décembre par la Fédération d’haltérophilie canadienne concernant la tenue de ces championnats canadiens junior de façon virtuelle, la FHQ avait fait savoir à ses membres qu’elle n’allait pas former d’équipe en vue de ce rendez-vous. Plusieurs raisons avaient alors été évoquées, que ce soit pour des questions d’assurances, en raison de l’augmentation du coût d’inscription qu’elle jugeait « injustifiée » ou encore parce qu’elle n’avait pas prévu d’épreuve de qualification pour ce format de compétition en ligne. Elle soulevait aussi des inégalités entre les athlètes des différents clubs, alors que certains athlètes élite-relève ont pu continuer de s’entraîner grâce à l’autorisation de leur ville de réintégrer leurs locaux, comme à Saint-Hyacinthe, pendant que d’autres n’ont pas eu ce privilège.

Dans le même document écrit, la FHQ disait néanmoins permettre la participation individuelle en rappelant à ses membres que « la FHQ n’est pas responsable de [leur] participation à cette compétition » et que « les participants à cette compétition en ligne le font pour leur plaisir ».

Pourtant, le championnat canadien servait bel et bien de qualification pour le Championnat du monde junior d’haltérophilie, qui doit avoir lieu à la fin mai en Arabie Saoudite. Les trois athlètes masculins de La Machine Rouge, qui ont participé à la compétition à partir du local du club au complexe multisports C.-A.-Gauvin, ont d’ailleurs réussi les standards pour assurer leur place à ce grand rendez-vous international.

Dans ce contexte, les parents, entraîneurs et athlètes se sont sentis abandonnés par leur fédération, soutient Kim Barré. « On a huit autres provinces qui ont trouvé des solutions [pour former des équipes] et qui ont embarqué dans le projet. Comment ça se fait que le Québec n’est pas capable de trouver des solutions. C’est sa job [à la fédération] de trouver des solutions », peste-t-elle, en pointant directement le directeur de la FHQ, Augustin Brassard.

Elle accuse d’ailleurs le dirigeant d’inaction dans une période où les athlètes ont besoin d’initiatives pour rester accrochés à leur sport. « [Les compétitions en ligne], il ne veut rien savoir de ça », se désole-t-elle.

Selon cette mère, le fait que le nom du Québec n’ait pas été associé aux athlètes de la province lors du championnat canadien junior relève d’un geste de « frustration de sa part » en raison de son désaccord à l’égard du rendez-vous virtuel. « Il a complètement oublié pourquoi il est à la fédération et pour qui il travaille, c’est-à-dire pour les athlètes », poursuit Mme Barré.

Mardi, différents entraîneurs ont demandé des explications à Augustin Brassard au sujet de l’absence de la mention du Québec à côté du nom de leurs athlètes. « La rédaction de la réponse viendra dans quelques jours », leur a-t-il répondu, dans un courriel dont LE COURRIER a obtenu copie.

Des records personnels

Au-delà de cette controverse, les athlètes de La Machine Rouge n’ont rien perdu de leur aplomb en compétition malgré la pandémie. Trois d’entre eux ont même battu des records personnels.

Charlotte Simoneau a été couronnée dans la catégorie des 55 kg après avoir réussi un total de 157 kg, une amélioration de 9 kg par rapport au meilleur résultat qu’elle avait enregistré en compétition jusque-là. Ses meilleures barres ont été de 69 kg à l’arraché et de 88 kg à l’épaulé-jeté.

De son côté, Shad Darsigny a amélioré de 6 kg son meilleur total en compétition. En action chez les 73 kg, le cadet de la famille Darsigny a soulevé 129 kg à l’arraché et 158 kg à l’épaulé-jeté, pour un cumulatif de 287 kg.

Youri Simard a quant à lui surpassé de 4 kg son meilleur résultat en carrière, réussissant un total de 242 kg. Il a raflé les honneurs dans la catégorie des 61 kg grâce à ses barres de 106 kg à l’arraché et de 136 kg à l’épaulé-jeté.

Malgré une blessure au genou qu’il traîne depuis quelque temps, Matt Darsigny a lui aussi terminé au sommet de sa catégorie chez les 67 kg en enregistrant un total de 269 kg, soit 120 kg à l’arraché et 149 kg à l’épaulé-jeté. Même si ce résultat lui a permis d’obtenir sa qualification pour le Championnat du monde junior, comme Shad et Youri, Matt a déjà pris la décision qu’il n’y participerait pas, notamment en raison de cette blessure qui l’incommode.

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