Pour ce dernier, imposer le civisme et le respect est un moyen de réagir à la montée des gestes de violence et d’intimidation. L’interdiction des appareils électroniques, dont le cellulaire et les écouteurs, fait suite à une recommandation de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. Selon le constat établi, les écrans sont trop souvent l’élément déclencheur de situations d’intimidation dans les écoles. Certaines exceptions demeureront toutefois pour des raisons pédagogiques, de santé ou pour des besoins particuliers. Il reviendra à chaque école de déterminer les modalités d’application de cette interdiction.
Le vouvoiement et l’utilisation des appellations « monsieur » ou « madame » devront être ajoutés au code de vie des écoles. Celui-ci devra aussi établir d’autres règles de vie commune et, si la loi 94 sur la laïcité est adoptée, ses dispositions devront en faire partie.
Le ministre Drainville a également confirmé le déploiement d’une équipe d’intervention pour appuyer les écoles confrontées à des situations difficiles de violence et d’intimidation. Elle est composée de personnes d’expérience en éducation qui connaissent la réalité du milieu scolaire. À l’heure actuelle, sept écoles reçoivent déjà un soutien direct.
Réactions
Sans surprise, le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH) accueille favorablement ces nouvelles orientations du ministère de l’Éducation. « Ces mesures s’inscrivent en cohérence avec les valeurs éducatives et la posture de gestion positive du CSSSH. Les prochaines semaines nous permettront de planifier une mise en œuvre harmonieuse et cohérente de ces nouvelles directives dans les établissements du CSSSH », a indiqué la porte-parole du CSSSH, Émilie Laramée.
Le président du Syndicat de l’enseignement Val-Maska, Patrick Théroux, se réjouit aussi de cette annonce. « Enfin, quelqu’un qui dit que les enseignants doivent être respectés », a-t-il déclaré concernant la vision derrière le vouvoiement. Par contre, il réitère qu’il s’agira d’« un coup d’épée dans l’eau » si les gestionnaires n’ont pas le pouvoir et le vouloir de mettre en place des mesures coercitives avec les jeunes qui ont des comportements violents. « Le comportement, ça s’enseigne. Ce n’est pas parce qu’il y a des règles écrites dans un code de vie que ça change quelque chose », a-t-il affirmé.
Selon M. Théroux, ce n’est pas le vouvoiement qui empêchera un élève de s’en prendre à un enseignant ou à un autre élève. En date du 1er mai, pour l’ensemble du CSSSH, 1600 incidents violents avaient été rapportés envers le personnel depuis le début de l’année scolaire, soit environ 200 par mois ou 6 à 7 par jour. Lors d’un récent sondage de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), 94 % des enseignants estimaient que le vouvoiement n’était pas la solution.
Pour ce qui est des cellulaires, la mesure est bien reçue. D’ailleurs, l’école secondaire Casavant prévoyait déjà de les interdire toute la journée à compter de la rentrée 2025.
Du côté du secteur privé, la directrice générale du Collège Saint-Maurice, Karine Gamache, attend de connaître tous les détails concernant l’utilisation du cellulaire pour autoriser la modification du code de vie pour l’année scolaire 2025-2026. Pour ce qui est des conséquences à appliquer qui relèvent de chaque établissement, Mme Gamache a indiqué que ce seront les mêmes déjà prévues au code de vie. Elles sont graduelles, allant du simple avertissement à l’expulsion. « J’espère que nous n’en viendrons pas là », a-t-elle déclaré. Elle a néanmoins tenu à souligner que les élèves pourront continuer d’utiliser en tout temps leur ordinateur portable, qui est leur outil de travail.
Pour sa part, le directeur général de l’École secondaire Saint-Joseph (ESSJ), Michel Lussier, a indiqué que le surveillant qui se promène déjà toute la journée pourra faire respecter l’interdiction. Selon lui, il s’agit d’une bonne chose. « C’est sûr que je vois beaucoup de jeunes sur leur cellulaire et le fait de l’interdire va favoriser les interactions, ce qui est également notre mission », a-t-il affirmé.
Pour ce qui est du vouvoiement, les deux écoles privées du territoire ne fonctionnent pas de la même façon. À l’ESSJ, il est déjà en place. « Ce ne sera pas un changement de culture à moins que l’utilisation du nom de famille soit requise. Certains enseignants préfèrent être appelés par leur prénom », a mentionné M. Lussier.
Au Collège Saint-Maurice, le tutoiement est actuellement permis. « Je ne crois pas que ça témoigne d’un manque de respect. Je ne crois pas que cette règle va apporter un changement quant au civisme des élèves. Je crois même que ce sera difficile pour le personnel qui appréciait cette proximité avec les élèves », a soutenu Mme Gamache.