« Suivez son parcours et vous verrez la femme remarquable et engagée qu’a été l’Honorable Andrée Champagne. “Honorable” lui allait bien et elle l’a été dans tout ce qu’elle a accompli, sachant garder avec fierté, une indomptable conviction et une très grande élégance le cap de ses idées. Lorsque nous avons pris refuge au Canada, fuyant comme des milliers d’autres le régime dictatorial et de terreur des Duvalier en Haïti, il y avait dans l’appartement vétuste et étroit dans lequel nous logions, mon père, ma mère, ma jeune sœur et moi, à Thetford Mines en Estrie, un petit poste de télévision qui nous avait été offert. L’exil forcé est une dure épreuve et il nous fallait nous reconstruire. Nous cherchions des repères et ce petit poste de télévision nous a aidés. C’était l’époque où Radio-Canada produisait beaucoup de téléromans et, sur ce petit écran, nous suivions attentivement les Belles histoires des pays d’en haut. C’était notre première rencontre avec une partie de l’histoire du Québec où nous tentions de nous refaire une vie et, bien sûr, avec Andrée Champagne qui portait le rôle de la belle et vertueuse Donalda. De Thetford Mines, nous nous sommes ensuite établis dans la région de la Yamaska, à Saint-Hyacinthe, là où elle est née, un peu comme si nous suivions ses traces. Pouvait-on imaginer que la petite fille noire d’Haïti franchirait un jour le seuil de Radio-Canada comme journaliste, puis animatrice, et qu’elle deviendrait plus tard la Gouverneure générale et Commandante en chef du Canada? C’est là où j’ai, cette fois, fait la connaissance d’Andrée Champagne, qu’elle m’a gratifiée de son magnifique sourire, de ses encouragements, de son écoute si attentive et de sa lumineuse présence. La comédienne, la femme entrepreneure, la militante pour les droits des artistes est ensuite entrée en politique, mais toujours dans l’esprit de servir son pays en vaillante parlementaire, responsable et convaincue de l’importance des institutions qui le fondent. L’Honorable Andrée Champagne a pris à bras le corps son rôle de parlementaire et de sénatrice, sachant avec sa maîtrise impeccable de la langue française, comme de l’anglais d’ailleurs, porter la cause du bien commun, de l’intérêt général, des droits, des libertés, de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la Culture comme ciment des valeurs qui définissent le Canada dans la si riche diversité des traits de civilisation, des expériences et des perspectives des peuples, des femmes, des hommes, des jeunes de grande volonté partout sur son vaste et si magnifique territoire. Pour tout cela, je lui dis merci et je salue la femme remarquable qui portait en elle l’esprit fluide et vigoureux de la Yamaska. »
– Michaëlle Jean
« Andrée Champagne est assurément une grande Canadienne. Elle a été pour moi un modèle de femme engagée et passionnée avec un parcours artistique et politique exceptionnel. Je l’ai côtoyée à Ottawa et elle a toujours démontré une attention particulière à l’endroit du monde culturel et un attachement profond pour la langue française et la francophonie. »
– L’Honorable Steven Blaney, porte-parole de l’Opposition officielle pour le Patrimoine canadien
« C’est une femme de cœur très généreuse qui a passé sa vie à chercher à aider les autres, que ce soit ses collègues artistes, les électeurs de son comté ou tous les Canadiens. C’était une rassembleuse. Après une belle carrière comme comédienne, elle était passée à autre chose et, en politique, elle n’était pas une Donalda soumise, loin de là. »
– Caroline Carel, amie de longue date et ancienne attachée de presse
« Formé en droit, j’avais à peine 22 ans quand Mme Champagne m’a recruté à tire de directeur de campagne et d’adjoint politique de 1991 à 1993. C’était une période mouvementée à Ottawa. Mme Champagne était partout et son charme opérait à tout coup. J’ai vécu à ses côtés le référendum sur l’accord de Charlottetown, la course à la chefferie du parti conservateur entre Jean Charest et Kim Campbell qu’elle a coprésidée ainsi que sa vice-présidence de la Chambre. Elle savait s’élever au-dessus de la mêlée. Elle adorait la neutralité associée à son rôle de vice-présidente de la Chambre et dans la course au sein de son propre parti. Elle défendait les politiques et non le parti et elle détestait les politicailleries. Aux agriculteurs de son comté, elle répétait souvent : « Je ne connais pas tout de votre réalité, mais j’apprends vite. » Mme Champagne aurait très bien pu arrêter la politique après la claque sur la gueule de 1993, mais elle s’est investie comme sénatrice. Elle ne l’a pas fait pour l’argent, mais parce qu’elle avait envie de donner. Elle avait encore quelque chose à apporter à la société. »
– Richard Plante, ancien adjoint politique aujourd’hui V-P ventes et marketing chez Ben-Mor