4 juin 2020 - 14:52
Rues piétonnes
Des projets en marche
Par: Rémi Léonard
Le centre-ville de Drummondville a expérimenté la fin de semaine dernière une formule de place piétonne destinée à relancer l’activité commerciale dans le secteur. Photo Facebook | Connexion centro

Le centre-ville de Drummondville a expérimenté la fin de semaine dernière une formule de place piétonne destinée à relancer l’activité commerciale dans le secteur. Photo Facebook | Connexion centro

Saint-Hyacinthe est loin d’être la seule ville au Québec à jongler avec l’idée de faire plus de place aux piétons ou aux cyclistes dans son centre-ville. On pourrait même parler d’une vague, à voir le nombre de projets actuellement lancés ou envisagés pour favoriser ce type d’aménagements, le plus souvent en raison du contexte particulier lié à la pandémie de COVID-19.

Si les grandes villes comme Montréal, Québec et Trois-Rivières comptent toutes différentes avenues appelées à être piétonnisées cet été, des projets naissent également dans des municipalités d’une taille plus comparable à la nôtre. Plus précisément, LE COURRIER est allé sonder le terrain du côté de Drummondville, de Shawinigan et de Granby. L’exercice vise davantage à alimenter la réflexion maskoutaine qu’à offrir une réelle comparaison, tant les projets diffèrent entre eux.

Il y a d’abord l’exemple de Drummondville qui fait office de précurseur puisque l’initiative a déjà débuté la fin de semaine dernière sur la rue Hériot. Le projet a pris la forme d’une terrasse à aire ouverte aménagée autour de la place Saint-Frédéric (imaginez quelque chose comme le parc Casimir-Dessaulles), un secteur où l’on retrouve plusieurs restaurants et bars à proximité.

Les clients pouvaient donc commander leur repas en formule pour emporter et s’installer sur cette place publique agrandie. La consommation d’alcool était aussi permise dans la zone, où ont été installées plusieurs tables de pique-nique. Notons que le tronçon fermé sur la rue Hériot (550 m) est plus important en distance que ce qui est envisagé sur la rue des Cascades (seulement 350 mètres entre les avenues Saint-Joseph et Duclos).

Il ne semble pas qu’il y ait eu un mouvement de contestation comparable à celui connu à Saint-Hyacinthe au moment de l’annonce du projet, mais une recension effectuée par le journal L’Express lors de la fin de semaine dernière a tout de même révélé « des avis partagés » chez les commerçants sondés.

Après cette première expérience, la Ville a décidé de reconduire le projet pour une autre fin de semaine. Il n’a toutefois pas été possible de parler à des intervenants municipaux ou aux initiateurs du projet. D’après nos informations, toutes les demandes d’entrevue ont été refusées après que la santé publique eut averti de ne pas faire la promotion de l’événement, de peur que le rassemblement se révèle trop important. La conférence de presse sur le sujet a également été annulée. Il est donc difficile d’en tirer un bilan pour le moment.

Un important travail en amont

Du côté de Shawinigan, c’est plutôt un projet d’agrandissement des terrasses sur la voie publique qui est dans les cartons. Son instigateur, Claude Villemure, est président du Regroupement des gens d’affaires du centre-ville de Shawinigan. Il a accepté de s’entretenir cette semaine avec LE COURRIER. L’initiative n’attend plus que le feu vert de la Régie des alcools et des jeux du Québec pour aller de l’avant. Il explique être en étroite relation avec l’organisme afin d’aider à l’élaboration du cadre réglementaire qui pourrait servir de modèle pour faire la même chose un peu partout au Québec.

M. Villemure a reconnu avoir rencontré de la résistance au départ chez certains commerçants, parfois même vive, mais être finalement parvenu à rallier la grande majorité à sa cause. Une prouesse qui a néanmoins demandé un « gros travail de discussion » en amont, a-t-il admis. La même divergence entre restaurateurs et commerces de détails se retrouve dans son milieu, a-t-il aussi soulevé.

Dans son cas, un élément important qui lui a permis de convaincre son milieu a été d’organiser l’espace afin de créer des zones piétonnières et d’agrandir les terrasses sans pour autant entraver complètement la circulation automobile. « On a sorti les plans et on s’est rendu compte que c’était possible », a-t-il rapporté.

Une grande réflexion

Plus près de chez nous, la rue Principale, à Granby, n’est pas confrontée à de tels enjeux pour l’instant, mais les préoccupations du milieu commercial peuvent néanmoins trouver écho chez nous. Il n’est pas question de piétonniser cette artère (qui est après tout la route 112), mais la Ville a cependant convenu à long terme de sacrifier quelques cases de stationnement pour y ajouter une voie cyclable. Cette décision qui remonte déjà à quelques années n’a rien à voir avec l’impact de la récente pandémie, mais plutôt avec des travaux d’infrastructures souterraines prévus pour cet été. Tant qu’à ouvrir la chaussée, un tel chantier a donné l’occasion de repenser complètement l’identité de la rue Principale. Depuis 2016, une série de consultations, y compris auprès des commerçants, de sondages et d’analyses a été effectuée en vue de ces grands travaux.

Joint par LE COURRIER, le président de Commerce Tourisme Granby région, Alain Lacasse, a donné quelques indications sur la vision entourant ce projet de revitalisation du centre-ville. Il part du constat que le centre-ville de Granby n’est « plus ce qu’il était » et qu’il faut travailler à « réattirer » la clientèle. Clairement, pour lui, l’heure est à l’innovation plutôt qu’au statu quo. « L’avenir n’est pas à l’automobile », énonce M. Lacasse, qui est également l’élu du centre-ville.

Même si lui aussi a rencontré des réticences de certains commerçants, il estime l’approbation du projet à plus de 80 %, tant chez les citoyens que les commerçants. Il se dit convaincu que des changements en faveur du transport actif peuvent rendre plus attrayant son secteur. Granby peut par ailleurs compter sur un cyclotourisme beaucoup plus développé qu’à Saint-Hyacinthe.

Ce projet de revitalisation doit s’étendre sur trois ans, mais en raison de la pandémie, il a été convenu de repousser le début du chantier à 2021.

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