Selon les données récoltées par le chroniqueur météo du COURRIER, Michel Morissette, le 10 août, la température a atteint 34,7 °C, comparativement à 34 °C en 1944. Puis, les 11 et 12 août, elle est grimpée à 36 °C, battant respectivement les records de 35,5 °C et 33,2 °C de 1944 et de 1893.
Petit fait intéressant : en 1944, il y avait eu six jours où la température s’était élevée à 34 °C et plus pendant les 16 premiers jours du mois d’août qui avait été particulièrement chaud cette année-là. Depuis ce temps, c’est seulement en 1975 qu’une température de 35,5 °C a été enregistrée en août. On peut donc dire que le mois d’août 2025 est exceptionnellement chaud.
Et pour ajouter à cette chaleur intense, avant les averses de mercredi midi, aucune goutte de pluie n’était tombée depuis 10 jours à Saint-Hyacinthe, puis un maigre 5 mm de pluie avait touché le sol depuis le 17 juillet.
La rivière Yamaska a d’ailleurs ressenti les effets de cette période de canicule. Le 13 août, tôt le matin, le débit de la rivière était dans les plus bas enregistrés, soit 3,11 m2 par seconde. À titre comparatif, lors de la crue printanière ou de fortes précipitations, la rivière peut atteindre un débit de plus de 800 m2 par seconde.
La Ville de Saint-Hyacinthe n’a pas interdit l’arrosage temporairement, mais invite les citoyens à faire leur part. Elle applique cette mesure seulement si les réserves baissent trop vite à l’usine d’eau potable ou si un bris survient à celle-ci. Le 13 août, tout était sous contrôle, mais le personnel de l’usine demeurait aux aguets. Des tests étaient aussi réalisés continuellement, car, en période de canicule, la qualité de l’eau de la rivière est différente et le traitement doit être adapté.
« Depuis le 1er août, nous constatons une hausse de la consommation d’eau alors que nous vivons un épisode de chaleur. Il faut poursuivre l’effort de réduire la consommation d’eau et limiter l’arrosage des pelouses. Même si elles sont jaunes et sèches, il est préférable de ne pas les arroser. Elles sont en dormance, ce qui est un processus tout à fait naturel, et elles reprendront leur croissance lorsque les pluies reviendront », a mentionné Elena Haratsaris, directrice des communications de la Ville de Saint-Hyacinthe.
Des cultures éprouvées
En campagne, les grandes cultures souffrent particulièrement de la chaleur et du manque d’eau. À la Ferme La Fille du Roy à Sainte-Madeleine, le maïs et le soya avaient un besoin urgent d’eau. Les fèves de soya en pleine maturation étaient plus petites que prévu. Le copropriétaire Antoine Beauregard était tout de même soulagé que l’irrigation fonctionne bien pour les artichauts et les cerises de terre et que le sol argileux aide les courges et les citrouilles à bien pousser.
Le président des Producteurs de grains du Québec, Sylvain Pion, a confirmé que la situation était assez critique pour les grandes cultures. « Les vagues de chaleur mettent les cultures à rude épreuve alors que la maturité accuse déjà un bon retard. Dans certaines régions ou certains champs qui retiennent moins l’eau, le manque de pluie a vite créé un stress hydrique : les plants peinent à pousser, et on peut voir les feuilles enroulées en plein jour. Contrairement à d’autres secteurs, nous n’avons pas de systèmes d’irrigation pour compenser. Or, cette période de l’été est critique : il faut de l’eau maintenant pour assurer un rendement adéquat et la qualité du grain à la récolte. »
Selon M. Pion, il est essentiel de s’adapter aux changements climatiques, notamment en choisissant des variétés plus résistantes, en repensant les techniques de travail du sol et en trouvant des façons de protéger les cultures.
Bien qu’il dispose, pour sa part, de bons systèmes d’irrigation, le copropriétaire de la ferme Chez Mario à Sainte-Madeleine, Mathieu Beauregard, a expliqué que ceux utilisés tout en favorisant l’économie d’eau n’étaient pas suffisants pour les légumes ayant besoin de fraîcheur comme les brocolis, les choux-fleurs et les choux. « Nous avons un système d’irrigation au goutte-à-goutte, mais ce n’est pas suffisant pour eux. Il faudrait une irrigation par aspersion, mais il faut bien gérer notre eau », a expliqué M. Beauregard. C’est pourquoi seulement environ 30 % des premiers brocolis qui devaient être cueillis l’avaient été en date du 13 août, car les autres étaient montés en grains.
Ses autres cultures s’en tiraient un peu mieux. « J’espère que la température sera plus clémente à partir du 15 août, car nous allons ouvrir pour l’autocueillette des légumes. Pour l’instant, nos travailleurs ont beaucoup plus de difficulté à travailler à compter de midi. »
La copropriétaire du Marché St-Pierre, Nathalie Archambault, rencontrée alors qu’elle installait ses fruits et légumes à son kiosque extérieur du 1555 Marché public mercredi matin, espérait aussi que dame Nature soit plus clémente. « Nous avons beaucoup de productions qui commencent à souffrir et à crier au secours alors que nos puits sont de plus en plus à sec », a-t-elle affirmé.
Elle avait déjà perdu au moins 30 à 40 % de ses choux-fleurs orange et mauves, plus fragiles et portés à moisir. Ceux-ci sont aussi plus petits.
« Les tomates mûrissent stressées, les maïs peuvent avoir les bouts déshydratés et, si ça continue, les concombres pourraient devenir amers », a-t-elle énuméré.
Elle a mentionné que les employés ne pouvaient pas travailler en après-midi tellement il faisait chaud et que, de toute façon, les légumes récoltés dans de telles conditions allaient faner. Heureusement, vu la petite superficie de ses champs, elle pouvait déplacer facilement ses systèmes d’irrigation.
Les prévisions météo à long terme laissent entrevoir peu de pluie après celle de mercredi, mais la baisse des températures prévue après la fin de semaine sera certainement la bienvenue, autant pour les cultures que pour les travailleurs!