25 juillet 2024 - 03:00
Histoire d’ici
Des réfugiés aux bons soins des Adoratrices du Précieux-Sang (2)
Par: Le Courrier
Adoratrices du Précieux-Sang au monastère romain, vers 1960. Photo collection du Centre d’histoire, DR005, fonds Adoratrices du Précieux-Sang

Adoratrices du Précieux-Sang au monastère romain, vers 1960. Photo collection du Centre d’histoire, DR005, fonds Adoratrices du Précieux-Sang

Malgré l’absence de dénonciation officielle de la part du Vatican concernant la persécution des Juifs durant la Deuxième Guerre mondiale, le pape Pie XII a demandé aux institutions religieuses d’accueillir dans la plus grande discrétion des réfugiés, incluant des Juifs. Comme de nombreuses communautés religieuses établies à Rome, les Adoratrices du Précieux-Sang obtiennent un document interdisant les perquisitions, à présenter aux Allemands en cas de descente.

Selon l’agence de presse religieuse en ligne Vidimus Dominum, les Adoratrices du Précieux-Sang de Rome ont hébergé 136 personnes. D’ailleurs, le 10 janvier 1944, un envoyé spécial du Vatican vient avertir les Adoratrices du Précieux-Sang qu’une perquisition allemande contre les Juifs se prépare. Le vicariat permet aux religieuses de transformer toutes les cellules disponibles et autres locaux pour accueillir des pensionnaires. Deux dames juives, qui logent à l’infirmerie, se déguisent en religieuses. Les réfugiés se rendent utiles en effectuant certains travaux ou services dans le monastère.

Malgré le rationnement avec lequel les religieuses doivent jongler pour se nourrir convenablement, elles n’hésitent pas à offrir gîte, nourriture et sécurité pour venir en aide aux nombreux réfugiés les suppliant de leur permettre de profiter de la sécurité du monastère.

Le 25 décembre 1943, le monastère héberge une soixantaine de personnes en plus des religieuses. Lorsque des Allemands se présentent à la porte du monastère, les réfugiés se cachent dans toutes sortes d’endroits à l’intérieur de l’édifice religieux et dans les bâtiments du jardin. Il n’y a pas que les Allemands qui représentent une menace, il y a aussi les voisins du monastère qui menacent de dénoncer les religieuses si elles ne partagent pas avec eux le lait que leurs quelques vaches produisent.

Le 4 juin 1944, Rome est libérée. Les années d’angoisse sont derrière les religieuses. Les réfugiés sont appelés à quitter le monastère dans les 15 jours. Les sœurs sont épuisées et elles ont besoin de repos, notamment les sœurs converses et tourières. Celles-ci se sont données sans compter pour qu’à l’intérieur des murs du monastère, la vie soit le plus près possible de la normalité en ces circonstances exceptionnelles.

L’autorité ecclésiastique permet aux religieuses de déroger à la règle du monastère qui commande de se lever la nuit et très tôt le matin pour prier. Comme il est inscrit dans les annales en date du 3 juillet 1944, la permission de se reposer jusqu’à 6 h leur est donnée et « elle est acceptée avec reconnaissance par les sœurs qui reconnaissent en avoir besoin et sont désireuses de recouvrer leurs forces, si le Bon Dieu le veut, pour servir plus longtemps la gloire du Précieux-Sang et les intérêts de la communauté ».

Autre grand bonheur pour les Adoratrices du Précieux-Sang de Rome, des nouvelles de Saint-Hyacinthe, le « berceau » de la communauté, leur parviennent enfin le 29 août 1944 après trois années de silence en raison des difficultés des communications postales.

Les Adoratrices du Précieux-Sang de Rome ont joué un rôle important, comme beaucoup d’autres congrégations religieuses, durant la Deuxième Guerre mondiale en risquant leur vie pour sauver celle des autres. La communauté de sœurs cloîtrées d’origine maskoutaine qui a pour devise « Adorer, réparer et souffrir, avec fidélité, constance et générosité » a fait preuve de courage et de grande charité en venant en aide aux personnes en détresse.

C’est en mai 1971, après 46 ans de prières, de travail, d’angoisse et de joie, que le monastère romain ferme ses portes.

Par Anne-Sophie Robert, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

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