L’exercice combinait les réponses individuelles et les segments ouverts à tous, une formule qui s’est révélée bien équilibrée. Les cégépiens, qui composaient la grande majorité de l’assistance, ont ainsi pu en apprendre davantage sur les propositions de chaque candidat tout en assistant à des échanges plus dynamiques, qui sont tout de même restés respectueux.
Sur le fond des choses, plusieurs positions soutenues par les orateurs se recoupaient d’ailleurs entre elles. Sur l’environnement par exemple, sujet qui a ouvert le bal, les cinq ont insisté sur la nécessité de délaisser les énergies fossiles pour se tourner vers celles renouvelables. Les nuances s’affichaient de manière plus subtile, par exemple lorsque le libéral René Vincelette a parlé de garder une notion « d’équilibre » entre l’économie et l’environnement ou lorsque le conservateur Bernard Barré a expliqué sa position en faveur de l’abolition de la taxe carbone, qui épargne trop les gros pollueurs dans sa forme actuelle. La députée sortante, Brigitte Sansoucy, a critiqué les « belles paroles » des deux partis qui ont été au pouvoir, reprochant leur inaction respective, et plus précisément aux libéraux d’avoir acheté le pipeline Transmountain et aux conservateurs d’être « proches des pétrolières ». Mme Sansoucy a par ailleurs insisté pour soutenir les PME innovantes vertes de notre région afin de contribuer à la réduction des émissions de carbone.
La verte Sabrina Huet-Côté a insisté sur l’importance de créer des ententes avec les peuples autochtones avant de mettre en branle des projets énergétiques, tout en plaidant pour une tarification du carbone qui devrait aussi faire payer les gros pollueurs, a-t-elle exprimé. M. Vincelette a ensuite interpellé le bloquiste Simon-Pierre Savard-Tremblay pour qu’il explique sa position sur le projet de gazoduc envisagé au Saguenay. Même s’il ne s’y oppose pas formellement, il a indiqué qu’il « n’aimait pas » ce projet, se disant par ailleurs « convaincu » qu’il ne passerait pas le test du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
M. Savard-Tremblay a plutôt présenté le système de « péréquation verte » proposée par son parti pour récompenser les provinces qui émettent moins de gaz à effet de serre que la moyenne et, par ricochet, pénaliser celles qui en émettent le plus. « C’est beau avoir de belles idées, mais il faut aussi être en mesure de les faire avancer », a alors lancé M. Vincelette en rappelant que le Bloc ne pouvait aspirer au pouvoir, ce à quoi M. Savard-Tremblay a répondu que l’opposition faisait pourtant partie intégrante de notre démocratie. Il a donné en exemple le rôle joué par la néodémocrate Brigitte Sansoucy durant son dernier mandat, un travail d’ailleurs salué par tous les prétendants à son poste.
Loi sur la laïcité
Parmi les sujets plus consensuels, l’avortement, mais surtout la loi québécoise sur la laïcité était un sujet attendu puisqu’il avait été amplement discuté lors du débat des chefs en anglais, qui se tenait la veille même de cette rencontre. En surface, les cinq candidats locaux ont assuré de ne pas intervenir pour contester cette loi. À la suite d’une intervention de Bernard Barré, qui s’est fait un plaisir de rappeler à René Vincelette que Justin Trudeau avait plutôt ouvert la porte à une intervention, le libéral a dû préciser sa pensée. Il a finalement reconnu que le gouvernement devrait examiner le dossier une fois qu’il serait rendu en Cour suprême, ajoutant qu’il était important de protéger la société de droit. Si Jagmeet Singh a parfois été jugé ambivalent sur la question, Brigitte Sansoucy a de son côté clairement fermé la porte à une intervention politique dans ce dossier.
Profitant d’un rare temps mort, Simon-Pierre Savard-Tremblay y a été d’une tentative plus ou moins réussie de rouvrir le débat sur la prestation de services à visage découvert, un enjeu soulevé par le port du niqab lors de la précédente élection fédérale, au grand désarroi du NPD. « Ce débat, on l’a eu en 2015, a rétorqué Mme Sansoucy, visiblement découragée. Je n’embarque pas là-dedans parce qu’il n’y a aucune femme qui le porte [le niqab] à Saint-Hyacinthe », a-t-elle aussi justifié. Personne d’autre n’a voulu faire du millage sur le dossier par la suite.