Le parc Hertel-Cloutier est en effet en pleine excavation pour permettre l’installation d’un nouveau réservoir d’eau potable souterrain, un projet étalé sur une année complète. Jusqu’à présent, de grands panneaux métalliques verticaux ont été enfoncés dans le sol pour circonscrire l’aire des travaux et l’ancien coffrage de béton a été démoli. Des opérations qui ont fait grand bruit et provoqué de fortes secousses tout autour de ce gigantesque trou, aux dires des résidents.
Tous ceux rencontrés par LE COURRIER ont témoigné des impacts majeurs causés par le chantier à proximité. « J’ai l’impression de vivre à San Francisco », a affirmé l’un d’eux, comparant les chocs ressentis à des tremblements de terre à répétition. Des fissures ont déjà commencé à apparaître aux coins des murs de son sous-sol fraîchement rénové.
« Ça commence à 7 h 30 tous les jours de semaine », a commenté un autre voisin irrité, pendant que les pelles mécaniques s’activaient à deux pas de là. Une grue était également installée sur le chantier. Les bétonnières devront aussi se relayer lorsque viendra le temps de couler l’imposant coffrage du nouveau réservoir. Avant les travaux, des arbres ont été transplantés et d’autres abattus ou élagués.
« Pour nous, c’est juste du trouble. Ils ne nous ont rien expliqué », a déploré un résident en parlant de la municipalité. « On a reçu une lettre de la Ville une semaine avant les travaux et c’est tout », a indiqué un autre. Comme ses voisins, il craint que les fondations de sa résidence ne soient endommagées, mais il n’est pas possible de le savoir, du moins pas avant le printemps, où plusieurs redoutent les infiltrations d’eau.
L’un d’eux a déjà pris les devants lorsqu’il a vu le niveau de sa piscine creusée descendre pendant l’hiver, laissant présager des fissures là aussi. En réponse, la Ville a accusé réception et a rappelé que les actions en réclamation doivent être intentées six mois après « le jour de l’accident ou le jour où le droit d’action a pris naissance » pour être recevables, en vertu de l’article 585 de la Loi sur les Cités et Villes. Dans le même article, on mentionne également un délai de quinze jours pour aviser la municipalité de l’intention d’intenter une poursuite.
Au COURRIER, l’administration municipale a indiqué que son désir était de « limiter les impacts » le plus possible, mais vu l’ampleur des travaux et la proximité des résidences, les désagréments paraissent inévitables. Il n’y a toutefois pas de dédommagements prévus, a indiqué la Ville.
Gros travaux, gros impacts
Ces travaux s’inscrivent dans le projet de mise aux normes de l’usine de filtration, qui comprenait des interventions aux installations de la rue Girouard Ouest et dans le parc Hertel-Cloutier, situé entre les rues Louvigny et Longueuil. Des travaux d’installations de conduites d’aqueduc devront également être effectués cet été dans cette zone pour relier le nouveau réservoir au réseau.
Avec un volume prévu de 11 200 m3, cette nouvelle réserve d’eau potable devrait permettre à la Ville de tenir 16 heures en cas de problème majeur à l’usine de filtration, ce qui est la norme exigée par Québec. L’ancien réservoir, plus petit, était également devenu désuet.
Le contrat de 14,24 M$ a été octroyé en juin 2017 à l’entrepreneur lavallois Coffrage Alliance, comprenant la construction de ce réservoir d’eau potable, d’un nouveau poste de pompage adjacent ainsi que divers équipements à l’usine de filtration de la rue Girouard Ouest. Les travaux ont débuté en novembre et le projet total était estimé à 14,5 M$. Une subvention de 12 M$ a été accordée en vertu du fonds pour l’eau potable et le traitement des eaux usées, un programme Québec-Canada.