11 août 2011 - 00:00
Des Warriors, et puis après?
Par: Martin Bourassa
Il faut vraiment être désespéré pas à peu près pour inviter des Amérindiens à monter un tipi chez soi, puis pour ouvrir sa porte à une poignée de Warriors. L'agriculteur Martin Scott l'est.

Il faut vraiment être désespéré pas à peu près pour inviter des Amérindiens à monter un tipi chez soi, puis pour ouvrir sa porte à une poignée de Warriors. L’agriculteur Martin Scott l’est.

Il faut dire qu’il a épuisé tous les moyens légaux mis à sa disposition pour bloquer le passage du pipeline de la pétrolière Ultramar sur une infime partie de ses terres. La Cour n’a pas donné raison aux propriétaires mécontents, pas plus que la Commission de la protection du territoire agricole. Faute de recours et de moyens, il s’est tourné vers une solution radicale qui a fait ses preuves ailleurs : les Amérindiens et leurs revendications ancestrales. Depuis le début de l’été, la situation indispose clairement la pétrolière qui se fait très discrète sur la place publique.Et les médias accordent jusqu’ici un intérêt modéré à cette curiosité médiatique.Sauf que l’arrivée des Warriors et tout ce qu’ils représentent, souvenons-nous des confrontations à Oka avec Lasagne et compagnie, vient de colorer le dossier davantage. L’alerte au dérapage vient de monter d’un cran.Dans ce contexte, on sera tous d’accord pour revendiquer la prudence. Dans cette veine, la position de la Ville de Saint-Hyacinthe semble être la bonne. Elle se tient à bonne distance et prend acte de la situation, sans plus.En somme, la balle est dans le camp d’Ultramar qui devra se débrouiller toute seule avec cette patate chaude, à moins qu’elle se tourne vers Québec ou le tribunal.À ceux qui souhaitent une intervention préventive de la Sûreté du Québec, il faut rappeler que pour l’instant rien d’illégal n’a été commis sur la ferme de M. Scott.Le conflit est quasi de nature privée entre une pognée de propriétaires et la pétrolière. Le campement est installé chez M. Scott et il n’y a aucune barricade sur la voie publique. Les troupes autochtones ne sont pas trop envahissantes. On sent qu’à l’intérieur même de la communauté autochtone d’ailleurs, il y a des frictions et des divergences. Sans faire de vilain jeu de mots, disons que certains chefs autoproclamés ont perdu des plumes au point de vue de la légitimité et cela ne date pas d’hier.Déjà en mars 2006, la nation mohawk de Kahnawake n’avait pas hésité à se dissocier d’un groupe mené par Guillaume Carle, de la Confédération des peuples autochtones du Canada, responsable du blocage de l’autoroute 117 au nord d’Ottawa.Et ce même Guillaume Carle mène le bal à Sainte-Rosalie en 2011.Pour l’instant donc, il n’y a pas lieu de dépêcher la SQ, l’armée ou Patrick Lagacé. Il faut simplement éviter l’escalade des moyens de pression.Ce qui n’est pas simple compte tenu du peu d’impact que semble avoir cette histoire, ce fait divers, sur la scène nationale actuellement. Pour attirer l’attention, on sent que Martin Scott ne manque pas d’imagination et on sent qu’il ne va pas lâcher le morceau facilement. C’est ce qui m’inquiète et ce qui devrait inquiéter Ultramar.

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