13 août 2015 - 00:00
Le Mirage
(Dés)Illusions
Par: Sarah Daoust Braun
Les Films Séville

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Film-surprise de l'été

Patrick (Louis Morissette), gérant d’un magasin d’articles de sport, a tout pour être heureux : de l’argent, une maison cossue en banlieue, une femme et deux enfants. Ce bonheur illusoire repose toutefois sur de bien faibles fondations. Alors que sa femme Isabelle (Julie Perreault) est en burn-out, Patrick, de plus en plus endetté et sur le point de perdre son commerce, fuit ses problèmes en se réfugiant dans la pornographie et dans le fantasme de passer la nuit avec Roxanne (Christine Beaulieu), la meilleure amie d’Isabelle.

Fable noire qui oscille entre la comédie et le drame, Le Mirage, sans être à 100 % une critique sociale acérée ou un film sociologique, réussit à rebrasser et à remettre en question les idées de la conformité, du succès, du couple, de la recherche du bonheur à la quarantaine, le tout sur fond de surconsommation.

Le réalisateur Ricardo Trogi (Horloge biologique) et Louis Morissette (C.A.), qui se démarque davantage ici pour ses dialogues incisifs que pour ses talents d’acteur, se retrouvent donc en terrain connu. Bien que ces thèmes soient loin d’être originaux, les deux hommes gagnent le pari de les revisiter avec une nouvelle approche.

La première partie du long-métrage s’attarde à tracer le portrait du couple et de leur entourage en multipliant les absurdités de leur quotidien. Patrick et Isabelle, pour échapper au vide toujours plus grand de leur relation, dépensent sans compter, même si on prend le soin tout au long du film d’indiquer le coût de tout, ce qui est un brin agaçant. Au-delà de l’illusion de comblement que leur procure cette opulence, les deux personnages tentent de se conformer à ce modèle de vie, à se fondre dans la masse. Ils prennent en exemple leur couple d’amis Roxanne, qui vient de subir une augmentation mammaire « pas chère » de 6000 $, et Michel (Patrice Robitaille).

Alors que le film aurait pu continuer à surfer sur ces idées de façon comique, un virement dramatique inattendu s’opère en deuxième partie. Patrick, carrément en faillite, continue de s’enfoncer dans ce mirage beaucoup plus séduisant que le gouffre financer et affectif qui l’attend. Ce changement de ton bien maîtrisé donne lieu à certaines scènes qui mettent en valeur tout le talent de comédienne de Julie Perreault.

Le long-métrage n’aurait d’ailleurs pu laisser voir toute sa sensibilité sans la réalisation colorée et efficace de Ricardo Trogi, de retour au cinéma après la sortie de 1987 en août 2014.

Le Mirage, malgré une bande-annonce un peu brouillonne, cache derrière ses airs de comédie une étude sociale mordante et intelligente.

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