Comme tant d’autres à travers le diocèse de Saint-Hyacinthe, on la savait condamnée à plus ou moins brève échéance. Dans quel but et au profit de qui, là était la ou les questions. Certains évoquaient la possibilité que la Ville de Saint-Hyacinthe puisse l’acquérir en vue de céder le terrain au Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe pour y installer une école primaire; d’autres laissaient entendre que l’église faisait saliver des promoteurs souhaitant la raser pour y faire pousser des immeubles locatifs. Il est beaucoup plus payant d’encaisser des loyers chaque mois que de passer le panier de quête!
Le 3 mars, les paroissiens ont enfin eu l’heure juste quand ils ont été conviés par le curé Guy Pelletier à une rencontre d’information. À peine une quarantaine de citoyens intéressés ont répondu à son invitation et l’ont écouté religieusement dresser l’état de la situation.
Pragmatique, l’abbé Pelletier a laissé les paraboles de côté. On a vite compris que la vente de l’église était inévitable et que la Fabrique cherchait à maximiser sa valeur. Même que par moments, le discours du curé Pelletier sonnait davantage comme celui d’un banquier cherchant à réaliser le meilleur deal possible qu’à celui d’un prêtre ayant fait vœu de pauvreté. Manifestement, la Fabrique, et dans une certaine mesure l’Évêché qui a accéléré et aiguillé les réflexions sur le sort des églises du diocèse, a choisi son camp. Celui qui vient avec un signe de piastre.
Les paroissiens, eux, semblent assez divisés. Il y a ceux qui auraient souhaité que la Fabrique cède le terrain à la Ville pour 1 $ et les autres qui ont reproché à la Fabrique de se satisfaire de la première offre.
La Paroisse s’est entendue sur les termes d’une offre d’achat conditionnelle avec le promoteur immobilier Anthony Marcil. Il est prêt à débourser la somme de 1,3 M$ pour mettre la main sur le vénérable bâtiment et son terrain. Parmi ses options, il envisagerait la construction d’un immeuble locatif, selon ce qui a été dit aux citoyens, dans la mesure où le zonage pourra être modifié.
On invite M. Marcil et tous les promoteurs désireux de l’imiter dans les autres paroisses à faire leurs prières ou à faire brûler des lampions puisque la Ville de Saint-Hyacinthe est encore réfractaire à l’idée de laisser les promoteurs mettre la main sur les édifices religieux excédentaires.
Il y a un peu plus d’un an déjà, elle a imposé une sorte de moratoire touchant les bâtiments religieux en prévenant qu’elle n’accepterait aucun changement de zonage visant à modifier leur usage institutionnel.
Ce moratoire est-il toujours pertinent dans la mesure où il menotte les fabriques et retarde les décisions, au moment où la Ville elle-même ne jure que par la densification du territoire, la revitalisation des quartiers et le respect de la zone agricole? Dans l’optique où ce moratoire ne peut être éternel, la Ville de Saint-Hyacinthe devra un jour ou l’autre préciser ses intentions.
Mais on comprend qu’elle n’est pas si pressée de le faire. Le statu quo sert bien ses intérêts. Elle aurait très bien pu se prévaloir d’un droit de préemption sur les immeubles religieux afin d’acheter ces immeubles à un prix proche du marché en se basant sur le prix d’une offre d’achat acceptée, mais elle ne semble pas prête à allonger des millions en acquisitions et en démolition pour remplacer ces bâtiments par des parcs communautaires ou des écoles. À l’église Saint-Joseph, cette facture lui coûtera 3 M$.
Allonger un autre million ou deux pour une autre église à démolir n’est pas une priorité à l’heure actuelle. La priorité serait peut-être de commencer à s’intéresser sur ce que nos fabriques font ou feront avec l’argent provenant de la vente à gros prix de tous ces actifs. On jase…