27 février 2025 - 03:00
Zone d’innovation agroalimentaire
Deuil difficile
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa
Martin Bourrassa
Québec juge que la région de Saint-Hyacinthe ne mérite pas le statut de zone d’innovation en agroalimentaire. La nouvelle vient de tomber après cinq longues années de travail, de mobilisation, de tractations et… d’espoirs déchus.

La Ville de Saint-Hyacinthe et Saint-Hyacinthe Technopole devront en faire leur deuil. Mais à voir les visages longs et à entendre ce qui s’est dit hier lors de la conférence de presse organisée par les principaux acteurs impliqués dans le processus de reconnaissance, le deuil s’annonce long et pénible. Après le choc et le déni, ils sont à l’étape de la colère. Ils ont l’impression d’avoir été trahis par le gouvernement du Québec, même s’ils refusent de blâmer publiquement la députée Chantal Soucy. Ils croyaient dur comme fer à la qualité et au mérite de leur dossier, que la zone était dans le sac.

Pour tout ce beau monde, il allait de soi que Québec allait reconnaître l’importance de la région maskoutaine en matière d’innovation agroalimentaire alors qu’elle jouit déjà d’une belle reconnaissance dans toute l’Amérique du Nord et même à l’international. En matière d’innovation, nous surfons encore et toujours sur une accréditation délivrée par l’International Association of Science Parks and Areas of Innovation en 1993 et notre titre de Meilleur parc technologique en émergence au monde octroyé par l’Association of University Research Parks en 2011. Recevoir le sceau de Québec aurait servi à donner encore plus d’éclat à notre carte de visite, sans parler des retombées anticipées. Le refus de Québec laisse présumer qu’il estime que l’écosystème maskoutain est déjà trop avancé en matière d’innovation et qu’il n’a pas besoin d’encouragement.

Pour l’instant, il est très difficile de savoir si le gouvernement a eu tort ou raison de péter la balloune maskoutaine. Le plan d’affaires concocté par Saint-Hyacinthe Technopole n’a jamais fait l’objet d’une présentation grand public ni d’une seule conférence de presse en cinq ans. Bien peu de gens, à l’extérieur du milieu des affaires, des institutions d’enseignement et des centres de recherche, savent ce que mange en hiver le concept de zone d’innovation et ce qui était à espérer (ou pas) avec sa reconnaissance officielle.

Pour la première fois mercredi, les responsables maskoutains ont chiffré publiquement l’impact qu’aurait pu avoir l’obtention de la zone d’innovation. L’implantation de différentes infrastructures technologiques et l’implication d’acteurs publics et privés auraient pu représenter, sur cinq ans, plus de 1,5 milliard de dollars d’investissements en nouvelles infrastructures et en projets privés et de recherche et développement. Rien de tout cela n’a été ventilé, secret industriel oblige, mais la démonstration n’a de toute évidence pas convaincu le gouvernement.

Lors d’une conférence donnée au Centre de congrès en février 2020, le ministre Pierre Fitzgibbon avait pourtant manifesté un préjugé favorable. « Vous avez beaucoup d’atouts pour devenir une zone d’innovation agroalimentaire et vétérinaire. Votre projet progresse et vous avez mon appui. Le plan d’affaires reste à être finalisé, mais ce n’est pas une course. L’objectif est d’implanter un modèle de collaboration et de partage entre les campus universitaires, les start-up, les centres de recherches et les entreprises. »

Ce travail a été fait et bien fait. Mais Fitzgibbon a quitté le navire l’automne dernier et le concept de zones d’innovation ne semble plus être une grande priorité à Québec, en ces temps de compressions et de menaces américaines.

Seulement quatre zones ont vu le jour, mais plusieurs projets ont été refusés, dont la zone en sécurité publique et civile promue par la région de Saint-Jean-sur-Richelieu. Ici comme à Saint-Jean, Québec a accompagné son refus d’une invitation à concentrer nos efforts à la mise en place d’un centre d’innovation. Sachez que ce prix de consolation ne console personne à l’heure actuelle à Saint-Hyacinthe. Faut-il se résigner pour autant? Surtout pas.

Il faut garder le cap sur la concertation et la collaboration en misant sur nos forces. Notre zone d’innovation existe déjà.

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