20 juillet 2023 - 07:00
Sainte-Hélène-de-Bagot
Deux maisons en plein cœur du village pourraient être démolies
Par: Zineb Guennoun | Journaliste de l'Initiative de journalisme local
Ces deux maisons pourraient être démolies pour faire place à deux immeubles de 6 logements chacun à Sainte-Hélène-de-Bagot. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Ces deux maisons pourraient être démolies pour faire place à deux immeubles de 6 logements chacun à Sainte-Hélène-de-Bagot. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

La Municipalité de Sainte-Hélène-de-Bagot vient d’accorder le permis de démolition de deux maisons situées en plein cœur du village.

La démolition concerne les deux immeubles situés au 375, 6e Avenue et au 680, rue Principale. Lors de la séance de consultation publique tenue le 20 juin au bureau municipal, le comité de démolition a décidé de répondre positivement à la demande de raser les deux bâtisses qui, d’après le comité, répondaient aux critères de destruction.

La première demeure appartenait à Réal Godin, un homme dévoué à sa communauté ayant marqué l’histoire de Sainte-Hélène-de-Bagot. D’ailleurs, un parc à son nom vient d’être inauguré pour rendre hommage à ce personnage remarquable.

Robert Chevrier, conseiller municipal de Sainte-Hélène et président du comité de démolition, affirme que la première maison ne faisait pas partie du patrimoine puisqu’elle a été bâtie après 1940. En revanche, la deuxième faisait partie du patrimoine, mais elle n’était pas citée par le gouvernement, donc ce n’était pas obligatoire de la garder. L’entrepreneur ayant acquis cette demeure a fait appel à des ingénieurs et à un architecte qui ont estimé que les frais des rénovations oscillaient entre 200 000 et 250 000 $.

Le nouveau projet prévoit la construction de deux nouveaux bâtiments composés chacun de six logements. Un stationnement sera également construit à l’arrière de l’édifice. « C’est vrai que les gens qui y habitaient vont perdre leur logement, mais au lieu de loger deux familles, on va donner la possibilité à 12 autres d’avoir un toit », a ajouté M. Chevrier.

Le permis de démolition a été accordé à la condition que le conseil municipal ait un droit de regard sur la reconstruction, mais surtout sur l’harmonisation de la finition extérieure des nouveaux bâtiments. Le comité de démolition a demandé à l’entrepreneur qu’il y ait une harmonisation avec le presbytère et les autres maisons avoisinantes faisant partie du patrimoine.

En plus de M. Chevrier, le comité de démolition était composé de Pierre Paré et Hélène Dufault, conseillers municipaux de Sainte-Hélène. Selon le président du comité, les conseillers municipaux ont essayé de rendre une décision juste et équitable envers tout le monde et surtout bien fondée. « Avant de dire oui ou non à la destruction, on fait l’étude des rapports présentés. On est conscients que ce sont des sujets assez délicats parce que ça concerne le patrimoine et que les citoyens y sont rattachés. »

Une trentaine de personnes ont assisté à cette rencontre publique. Robert Chevrier rapporte que 25 personnes étaient d’accord contre cinq en désaccord. « La majorité des Hélénois présents ont applaudi la décision rendue. » Les citoyens avaient jusqu’au 16 juin pour s’opposer à la démolition.

La crise du logement, la densification du village ou encore l’état insalubre des maisons figurent dans la liste des enjeux auxquels les trois conseillers municipaux ont pensé avant de prononcer leur dernier mot. « On n’a pas vraiment le choix de densifier les villages, surtout avec l’arrivée des travailleurs étrangers, ça devient très compliqué. Il faut de la place pour les accueillir. En plus, le bâtiment n’est pas si solide, ça pourrait être dangereux puisqu’il pourrait s’écrouler à n’importe quel moment », a expliqué le président du comité.

Questionné sur la non-abordabilité de ces nouvelles constructions, M. Chevrier indique que, même si l’entrepreneur acceptait de rénover uniquement, c’est sûr que le prix du loyer remonterait aussi. Il a mentionné que les habitations à loyer modique (HLM) étaient libres depuis trois mois à Sainte-Hélène sans que personne les occupe. « L’année dernière, 57 nouveaux logements ont été construits à Sainte-Hélène et ils sont tous loués entre à peu près 1200 $ et 1400 $. On manque de place. Je ne dis pas que les prix sont abordables, mais les prix du marché sont comme ça. Pour les travailleurs étrangers, on a des HLM et des chambres communautaires. »

La MRC des Maskoutains devra maintenant confirmer ces deux démolitions d’ici 90 jours.

Si cette décision a réjoui certains Hélénois, d’autres sont indignés. « C’est inconcevable de construire deux blocs d’appartements en plein centre du village à côté de l’église, du presbytère et de l’épicerie. Ça va défigurer le village. Une maison patrimoniale peut être rénovée en gardant son aspect sans pour autant la détruire. Moi, je me bats pour le patrimoine bâti. Sainte-Hélène ne sera plus un village patrimonial », a commenté Line Laramée, originaire de Sainte-Hélène.

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