Cette réflexion profonde m’a été inspirée par la lecture d’un article de La Presse du 2 décembre. Il portait sur l’usine d’épuration des eaux de la Ville de Saint-Hyacinthe, les mauvaises odeurs qui en découlent et les malheurs des promoteurs et des citoyens qui les subissent.
C’est un dossier dont nous avons parlé de long en large depuis quelques mois déjà et qui a fini par attirer l’attention de Radio-Canada, de CBC et de La Presse, tant il sort de l’ordinaire. Ce n’est pas tous les jours qu’une Ville de la taille de Saint-Hyacinthe cache un rapport accablant sur un problème de santé publique et s’en félicite ensuite ouvertement en disant qu’elle ne pouvait faire autrement, faute d’avoir un plan. Et on ne voit pas fréquemment une Ville suspendre tout développement immobilier dans un secteur donné pour trois ans, le temps d’espérer régler un problème d’odeurs persistant.
Les médias qui se sont intéressés à cette histoire ont essentiellement repris notre contenu pour en produire d’intéressants résumés, tout en nous accordant le crédit, comme il se doit. Pour coiffer son reportage, La Presse a choisi ce titre inspiré : « Saint-Hyacinthe très discret [sic] sur ses émissions polluantes ». C’est le moins que l’on puisse dire. En éditorial, je me permettrais de remplacer l’adverbe « très » par un autre adverbe encore plus approprié : trop.
Même si le journaliste de La Presse nous sert un peu de réchauffé, il nous apprend quand même un truc ou deux qui mérite un retour. Ainsi, il semble que le ministère de l’Environnement n’ait jamais eu en main la fameuse étude de 2023 portant sur les concentrations anormalement élevées de sulfure d’hydrogène près de l’usine d’épuration. C’est le journaliste lui-même qui a pris l’initiative de la transmettre au Ministère!
Selon mes informations, la Ville de Saint-Hyacinthe avait informé le Ministère des résultats de l’étude et de la situation, sans toutefois lui fournir de preuves documentaires. Québec n’aurait jamais rien demandé non plus. La Ville prévoyait, semble-t-il, de lui acheminer l’étude dans quelques mois, dans le cadre d’une demande d’autorisation ministérielle pour le traitement des odeurs.
J’ai aussi sursauté quand j’ai lu que la Ville de Saint-Hyacinthe avait refusé d’accorder une entrevue à mon distingué collègue de La Presse, en affirmant que les « informations disponibles » étaient sur le site de la Ville.
Décidément, la Ville maîtrise l’art de se tirer dans le pied, elle qui devrait plutôt répondre aux questions avec diligence et transparence, peu importe le sujet et le média concerné. Déjà que la Ville paraît très mal dans cette histoire, était-il nécessaire d’en rajouter une couche?
Il est aussi déroutant d’entendre le maire André Beauregard expliquer pourquoi on ne trouve nulle part la trace de l’agrandissement et de la modernisation de l’usine d’épuration dans le plus récent plan triennal d’investissements (PTI) de la Ville. Si j’ai compris, on nous dit que le projet a été inscrit au PTI de 2019 ou 2020 et qu’on ne sent pas la nécessité de le remettre de l’avant chaque année depuis, dans la mesure où on ne sait pas encore précisément comment on financera ces travaux ni combien ils vont coûter.
Voilà une excuse assez inusitée. Le chiffre de 110 M$ a pourtant été avancé dans les communications municipales, et des travaux d’envergure doivent se réaliser sur un horizon de trois ans, soit jusqu’en 2027. Ils auraient certainement mérité une mention, voire un tout petit astérisque, dans le PTI, au même titre que les travaux de la Place des spectacles ou de la promenade Gérard-Côté qui y reviennent chaque année depuis 2021 et dont on ignore le coût final (pharaonique) et le montage financier.
Ne cherchez pas un semblant de logique là-dedans. Vous n’en trouverez pas.