Il m’apparaît démocratiquement sain que des élus posent des questions, pensent autrement et manifestent librement leur opposition. Mais malgré les réserves exprimées par les trois élus dissidents, je ne vois pas de matière à scandale. Ni dans le choix du promoteur ni dans le mécanisme de la transaction qui prévoit que le promoteur vendra les aménagements à la Ville une fois complétés, pas même dans le montant de l’investissement.

Même une sommité en gestion municipale et gouvernance comme la professeure associée à l’Université du Québec à Montréal, Danielle Pilette, n’a pas trouvé grand-chose à redire sur le partenariat maskoutain, contrairement aux conseillers David Bousquet, Donald Côté et Jeannot Caron. Ce dernier n’a pas tant dénoncé le partenariat que la pertinence d’investir à ce moment-ci 9 M$ dans la création d’une infrastructure de loisirs.

Pour sa part, David Bousquet a cru nécessaire d’émettre un communiqué de presse coiffé du titre : « Une entente discutable » pour partager son indignation. Selon le conseiller du district Sacré-Cœur, des éclaircissements sont nécessaires relativement à l’entente de gré à gré signée sans appel d’offres avec un promoteur unique, en l’occurrence Jefo.

Celui qui occupe aussi la présidence d’Habitations Maska n’avait pourtant rien trouvé à redire quand cet organisme à but non lucratif apparenté à l’Office municipal d’habitation a octroyé récemment de gré à gré et sans appel d’offres un contrat de 17,2 M$ pour la construction de la Place Dessaulles, un geste tout à fait légal, mais que certains pourraient peut-être trouver discutable.

« L’apparence de proximité entre la Ville et le promoteur m’inquiète », a écrit David Bousquet. Et ce dernier d’en rajouter : « L’absence de réponses et de communications sur le projet s’avère un précédent inédit et il serait à l’avantage des parties de tenir un débat afin d’en arriver à un consensus. »

En ce qui me concerne, l’absence de réponse et de communication sur un projet ou dossier de nature municipale à Saint-Hyacinthe n’a rien d’inédit. L’extrême transparence, voire la transparence tout court, n’a jamais été la qualité première de la Ville de Saint-Hyacinthe.

Cela dit, c’est tordre la réalité que d’écrire que Jefo Construction veut construire un parc comprenant un terrain de baseball, des modules et des jeux d’eau sur l’un de ses terrains. Jefo ne souhaitait rien construire de tout cela, pas plus qu’il voulait céder un terrain à la Ville de Saint-Hyacinthe. Il aurait été plus rentable pour le promoteur d’y construire des bungalows. On comprend plutôt que Jefo s’est fait tordre un bras, mais qu’il trouvera son compte dans cet arrangement. La Ville aussi puisqu’elle calcule que 9 M$ n’est pas si cher payé, considérant par exemple ce que lui coûte l’aménagement d’un simple espace vert.

Pour en revenir au projet de terrain de baseball, les deux questions fondamentales à se poser sont peut-être celles-ci : est-ce une nécessité et en aura-t-on véritablement pour notre argent?

La nécessité semble évidente, car il est aberrant qu’une ville de la taille de Saint-Hyacinthe n’ait pas un seul terrain de baseball synthétique et aux dimensions réglementaires pour des matchs de calibre junior. Quant à savoir si l’investissement sera à la hauteur des attentes, on verra à la livraison, mais ces attentes sont bien modestes et manquent d’ambition.

Car ce qui est discutable, ce n’est pas tant ce partenariat public-privé avec un promoteur aux poches profondes. Ce qui est regrettable c’est de ne pas profiter de l’occasion pour aménager un vrai petit stade de baseball modeste, moderne et distinctif, avec des infrastructures dignes de ce nom.

L’occasion était pourtant belle, mais bonsoir, elle est partie!!!