Dernière édition, car on le sait depuis longtemps, le Dodge Challenger dans sa forme actuelle disparaîtra du catalogue. En fait, sa fabrication prend fin au même moment que l’année 2023. Il fallait donc que je me réserve quelques jours au volant de ce « muscle car » moderne, mais qui conserve un brin de nostalgie.
Ma version d’essai porte un nom énorme : le Dodge Challenger Scat Pack 392 Swinger Widebody manuel 2023. Et ce n’est que l’une des versions trop nombreuses du véhicule. Car au fil des ans, afin de préserver l’intérêt, on a multiplié les motorisations, les transmissions, les looks et tout ce qui peut identifier un véhicule.
Tant et si bien en fait que le prix de base du Challenger d’entrée de gamme tourne aux environs de 40 000 $, alors que les ultimes versions baptisées Demon franchissent allègrement la barre des 125 000 $. L’écart est énorme, et ma version d’essai est logée directement au centre : 70 000 $ et plus.
Surtout que cette version, baptisée Swinger comme une certaine Dart de l’époque, est l’une des Last Call, ces séries de véhicules en nombre limité qui salueront la fin de la production. Dans ce cas précis, seulement 1000 unités seront produites. Elle se distingue, cette version, par sa couleur verte avec des touches d’or Gold School, présentes notamment sur la calandre, les badges, la prise d’air sur le capot du Challenger et également sur ses nouvelles jantes de 20 pouces, accompagnées de freins Brembo à six pistons avec étriers noirs. Les graphismes vert clair avec le badge Singer à l’arrière sont la cerise sur le gâteau, avec un spoiler de couleur foncée sur les deux modèles.
Un moteur, un bruit
Je l’avoue, plusieurs éléments m’ont toujours charmé du Challenger. Son allure, d’abord, qui inspire la nostalgie réellement tirée des versions des années 60. L’énorme capot, les phares ronds et les porte-à-faux qui n’en finissent jamais sont des caractéristiques typiques des voitures de l’époque que le Challenger a perpétuées, en plus moderne, ça va de soi.
Mon Scat Pack Swinger ajoutait même une entrée d’air de grande dimension à travers le capot avant, pour donner encore plus la puissance qu’il dégage. Ce qui n’était pas totalement faux par ailleurs, puisqu’il abritait un moteur V8 6,4 litres de 492 chevaux, jumelé à une boîte manuelle à 6 rapports.
Les mordus de conduite inspirée apprécieront ce mariage qui, avouons-le, n’a rien de raffiné. Car le Challenger, c’est exactement le contraire du raffinement : un véhicule dont on a l’impression qu’il est brutal et méchant et qui exige un doigté particulier quand on le conduit. Contrairement aux autres concurrents de cette catégorie, il donne en effet une sensation plus musclée et plus radicale.
La puissance du moteur s’exprime de façon explosive quand on appuie avec insistance, et le fait qu’il soit une propulsion exige que l’on soit en parfait contrôle lorsque la trajectoire est plus dynamique.
En fait, le Challenger, c’est à la fois une routière d’exception (car oui, les sièges sont confortables) et une sportive remarquable. Avec la dernière version, on a même amélioré l’intérieur, doté d’un système Uconnect d’une grande efficacité, et de niveaux de finition exceptionnellement réussis.
La vraie beauté de ce véhicule cependant, elle est sonore, au grand désespoir de mes voisins probablement. Car le démarrage de ce V8 enthousiaste laisse entendre un vrombissement à donner des frissons. Je l’avoue, je retenais mes départs afin de ne pas perturber le voisinage.
Mais une fois dans la bretelle d’autoroute, les accélérations prennent une tout autre signification : ce n’est pas la vitesse comme le ronron du moteur qui procure du plaisir.
Malgré toute l’attention apportée aux détails, le véhicule donne l’impression d’être un peu rudimentaire. Ne vous laissez pas leurrer : le Challenger est un véhicule moderne, puissant et capable d’une impressionnante conduite. Oui, il est dispendieux et il est gourmand. Mais malgré ces défauts, un peu comme on apprécie les « bad boys » de notre enfance, le Challenger va me manquer.