Je sais toutefois qu’il y a des itinérants dans plusieurs villes québécoises et, ayant la chance de voyager un peu, je peux aussi affirmer que c’est le cas dans bien des pays. Par chance, des organismes existent pour aider ces personnes. Encore faut-il qu’elles acceptent d’être aidées. C’est tout un cheminement : pour accepter d’être aidé, il faut accepter qu’on a un problème. Il faut accepter de rentrer dans le rang, comme on dit.
La semaine dernière, en sortant de mon bureau, situé sur la rue des Cascades, je marchais derrière une dame qui avait les allures de quelqu’un qui pratique le plus vieux métier du monde. À peine ai-je eu le temps d’effleurer cette pensée qu’un véhicule de la Sûreté du Québec se garait près d’elle et que le conducteur l’interpellait. Il n’était pas accompagné d’un intervenant social, cela dit. Comme le devoir m’appelait plus loin, je ne sais pas ce qui en a résulté. J’ai ressenti, encore là, un certain malaise. Ça m’a donné l’impression d’une chasse aux sorcières.
J’avoue que je ne sais pas comment prendre cette situation. Sans me croire mieux que tout le monde, je n’ai pas le réflexe du « pas dans ma cour ». C’est une situation complexe. Remarquez que je n’utilise pas le mot problème, car en fait, qui a un problème? Les personnes en situation d’itinérance ou nous, comme société?
On parle de toxicomanie, on parle d’errance, on parle de maladie mentale. Parlons d’humains. Il faut trouver une façon de coexister de façon harmonieuse entre êtres humains. Un itinérant est un être humain, souvenons-nous-en.
Nancy Whitney, Saint-Hyacinthe