23 novembre 2017 - 00:00
Violence conjugale
Douze jours d’action, douze mythes à combattre
Par: Olivier Dénommée
Annie Flibotte sent qu’il y a encore du chemin à faire pour condamner adéquatement la violence conjugale. « On voit encore trop de “sentences bonbons”, sauf dans les cas de meurtres et de violences physiques très graves », déplore-t-elle. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Annie Flibotte sent qu’il y a encore du chemin à faire pour condamner adéquatement la violence conjugale. « On voit encore trop de “sentences bonbons”, sauf dans les cas de meurtres et de violences physiques très graves », déplore-t-elle. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Annie Flibotte sent qu’il y a encore du chemin à faire pour condamner adéquatement la violence conjugale. « On voit encore trop de “sentences bonbons”, sauf dans les cas de meurtres et de violences physiques très graves », déplore-t-elle. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Annie Flibotte sent qu’il y a encore du chemin à faire pour condamner adéquatement la violence conjugale. « On voit encore trop de “sentences bonbons”, sauf dans les cas de meurtres et de violences physiques très graves », déplore-t-elle. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les 12 jours d’action contre la violence envers les femmes, du 25 novembre au 6 décembre chaque année, sont des occasions rêvées pour sensibiliser la population aux réalités de la violence faite aux femmes, en particulier la violence conjugale, toujours bien réelle en 2017. Mais pour la contrer, il faut savoir départager les mythes, souvent tenaces, entourant la violence conjugale de la réalité. Annie Flibotte, intervenante à la sensibilisation et aux services externes à La Clé sur la porte, propose de remettre les pendules à l’heure au sujet de 12 de ces mythes.


Il y a presque autant de femmes violentes que d’hommes violents.
Faux. La violence conjugale est le reflet de l’histoire de notre société qui accordait plus de valeurs et de pouvoir aux hommes. Malgré tous les efforts, les mentalités sont plus longues à changer que les lois, et la violence perdure.
Les femmes sont violentées parce qu’elles provoquent leur conjoint.
Faux. La violence conjugale n’est pas le fait d’une perte de contrôle suite à un évènement provocant, c’est une suite de gestes et de paroles de dénigrement qui visent à prendre le contrôle sur l’autre.
Les femmes violentées restent parce qu’elles sont dépendantes affectivement.
Faux. Plusieurs raisons rendent les ruptures difficiles : la peur suite aux menaces de violence ou de suicide, la pauvreté, le manque de soutien de l’entourage, la méconnaissance des services disponibles, le souci pour les enfants, etc.
L’agresseur ne prémédite pas ses comportements violents.
Faux. La personne qui commet l’agression prémédite ses gestes de violence, qui se déroulent selon un cycle précis, qu’on appelle « le cycle de la violence ».
La violence conjugale frappe les gens les plus démunis.
Faux. Elle frappe autant chez les gens riches que chez les pauvres. On retrouve ces rapports de pouvoir partout dans le monde, partout où les hommes veulent dominer leur conjointe et où la société les laisse faire.
L’homme qui exerce la violence a un portrait type.
Faux. Il n’y a pas d’« agresseur type ». Des hommes de toute culture, tout statut social ou tout âge peuvent un jour recourir à la violence pour contrôler leur conjointe. Rien ne distingue a priori ceux qui le feront et ceux qui l’éviteront.
La violence se transmet par la famille, d’une génération à l’autre.
Faux. Il n’y a rien de prédestiné, ni de génétique dans la violence conjugale. Il n’y a aucun portrait type d’une femme victime de violence conjugale et personne n’est à l’abri d’en vivre au cours de sa vie.
On peut faire changer, avec beaucoup d’amour ou d’attention, les comportements d’une personne violente.
Faux. On ne peut changer l’autre : c’est la personne elle-même qui a ce pouvoir. Pour y arriver, la personne doit reconnaître la responsabilité de ses gestes, puis aller chercher l’aide nécessaire.
La violence cesse à partir du moment où l’on dit « non ».
Faux. Même après avoir dit « non » à la fin d’une relation ou vis-à-vis un comportement inacceptable dans le cadre d’une relation, il peut encore y avoir de la violence et du harcèlement.
Être témoin de la violence à la maison a peu d’effets sur les enfants.
Faux. Les enfants, tout comme leur mère, sont confrontés à la peur, à la honte, à la colère, à l’impuissance, à l’espoir de changement. Cette violence porte atteinte à leur développement psychologique et social et à leur sécurité.
Il faut vivre de la violence physique pour utiliser les services de La Clé sur la porte.
Faux. Plusieurs personnes qui utilisent leurs services n’ont pas vécu de violence physique. La violence psychologique, verbale, économique ou sexuelle est aussi grave et dommageable.
Si j’utilise les services de La Clé sur la porte, je dois obligatoirement quitter mon partenaire.
Faux. Il n’y a aucune obligation à quitter la relation. Les intervenantes offrent un soutien aux femmes pour mieux comprendre ce qu’elles vivent et se protéger de la violence. Chaque personne est entièrement libre de ses choix.
La persistance de ces idées reçues et de bien d’autres mythes constitue un frein à la lutte contre la violence conjugale. Les 12 jours d’action existent pour conscientiser la population, mais la problématique demeure bien réelle à l’année. Les femmes qui vivent la violence conjugale sous toutes ses formes ou se questionnent sur celle-ci sont invitées à contacter La Clé sur la porte au 450 774-1843. L’organisme dessert les MRC des Maskoutains, d’Acton et de la Vallée-du-Richelieu et ses services sont confidentiels et gratuits.(OD)

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