Sans le crier sur tous les toits, la MRC des Maskoutains a entamé une réflexion à ce sujet et a fait réaliser une étude sur la question, portant le poétique nom d’État de situation du logement social, communautaire et abordable dans la MRC des Maskoutains. Le portrait plutôt sombre tient sur une soixantaine de pages qui ont permis à la journaliste Sarah-Eve Charland d’en tirer l’essence de la manchette de la présente édition, à quelques jours du 1er juillet.
D’abord, une chose importante, sachez qu’il nous a fallu insister pour obtenir une copie de cette étude. La direction générale de la MRC aurait préféré qu’on attende un peu avant d’en exposer les grandes lignes, le temps qu’elle puisse coordonner un semblant de réponse ou de plan d’action.
Nous avons plutôt décidé d’exposer les faits et de lancer le débat sur la place publique dès maintenant, en nous disant que le politique finirait forcément par suivre et par embarquer. Comme dans tout état de situation qui se respecte, il y a du bon et du moins bon dans le document, selon le chapeau ou les lunettes de chacun. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a consensus au niveau de la situation du logement dans notre MRC. Les 21 intervenants consultés s’entendent pour dire que nous sommes bel et bien en situation de crise du logement. Cette crise n’est pas nouvelle dans la région de Saint- Hyacinthe et elle sera là pour longtemps à en croire l’auteur de l’étude. « Une crise du logement s’est installée durablement sur le territoire de la MRC », souligne-t-on à grands traits. On retiendra le mot « durablement ». Comme dans longue durée.
Il faut donc apprendre à vivre avec et surtout avec toutes les conséquences qui en découlent au niveau de l’effort pour le logement demandé aux ménages locataires, des familles, de l’emploi, des personnes âgées, des femmes en situation de détresse et des personnes immigrantes qui peinent à se loger.
« Il est présentement très difficile de trouver des logements adéquats à des prix abordables dans le centre-ville de Saint-Hyacinthe », ajoute-t-on, un constat que l’on peut largement étendre au reste de la ville et aux municipalités environnantes. La situation est on ne peut plus claire et plusieurs intervenants ont profité de cet exercice pour s’interroger avec raison sur l’influence des promoteurs sur le mode d’urbanisme. On peut présumer que cette influence n’est pas particulièrement positive dans le secteur du centre-ville, où la mode est à la revitalisation et, disons-le franchement, à l’embourgeoisement.
La mauvaise nouvelle, c’est que les solutions ne sont pas légion et ne donneront pas des résultats probants rapidement. La plus audacieuse et qui exigerait pas mal de courage politique recommande l’imposition d’un moratoire sur le parc immobilier de logement abordable du territoire afin d’assurer le maintien du parc de logements actuel. Le moment est particulièrement bien choisi pour parler de moratoire dans la mesure où le comité de démolition de la Ville de Saint-Hyacinthe doit se prononcer sur la démolition de cinq immeubles locatifs au centre-ville. Le comité devrait peut-être prendre connaissance de ce rapport.
Parmi les autres recommandations, on suggère de reconnaître l’expertise de la Concertation maskoutaine en matière de logement, de créer un groupe de travail et de créer un bureau intermunicipal en matière de gestion de l’habitation au niveau de la MRC des Maskoutains et d’Acton.
Parler et se concerter, c’est bien, mais agir, c’est encore mieux.
Surtout au moment où l’on apprend qu’une ressource comme Logemen’mêle, un organisme-conseil pour les locataires, est inopérante depuis quelques mois pour des raisons administratives et financières.
À la place de la Ville et de la MRC, la priorité devrait peut-être de mettre en place une ressource permanente et adéquatement financée dédiée au logement.
Ce serait peut-être plus profitable socialement que la mise en place d’un budget participatif qui n’intéresse finalement pas grand monde.