30 mars 2017 - 00:00
Éboulis au cimetière, 30-31 mars 1917 – 100 ans
Par: Le Courrier
Éboulis au cimetière cathédrale, Saint-Hyacinthe, mars 1917. Archives CHSH, Collection photographies de Saint-Hyacinthe.

Éboulis au cimetière cathédrale, Saint-Hyacinthe, mars 1917. Archives CHSH, Collection photographies de Saint-Hyacinthe.

Éboulis au cimetière cathédrale, Saint-Hyacinthe, mars 1917. Archives CHSH, Collection photographies de Saint-Hyacinthe.

Éboulis au cimetière cathédrale, Saint-Hyacinthe, mars 1917. Archives CHSH, Collection photographies de Saint-Hyacinthe.

Il y a un siècle, le cimetière de la paroisse catholique de Saint-Hyacinthe-le-Confesseur, mieux connu sous le nom de cimetière de la cathédrale, situé au 1075, rue Girouard Est, à Saint-Hyacinthe, a été le théâtre d’un événement dramatique assez particulier. En effet, une partie du cimetière s’est retrouvée dans la rivière Yamaska à la suite d’un glissement de terrain. Deux des trois journaux maskoutains de l’époque nous rapportent ce triste événement.


« L’eau emporte le coin sud du cimetière. – Samedi et dimanche derniers, le cimetière de la ville a été achalandé de visiteurs, tous curieux de voir le triste spectacle qu’offrait et qu’offre encore, le coin sud du cimetière, qui a été bouleversé dans la rivière, avec une centaine de corps et autant d’épitaphes. Cet accident déplorable est arrivé dans la nuit du [vendredi] 30 au [samedi] 31 mars, et n’a pu être causé que par la pression de l’eau qui vient s’égoutter dans la rivière en traversant le cimetière sur une épaisse couche de glaise qui supporte la couche de sable supérieure. La pente rapide de la côte, à cet endroit, a dû aussi faciliter beaucoup le travail de l’eau.

C’était un désordre bien triste à voir, que cette étendue de terre toute bouleversée, au travers de laquelle on voyait percer des crânes et des ossements nus, des bois de croix et des tombes. On voyait des [cercueils] complètement brisés et vides; d’autres gardaient encore quelques ossements; dans quelques-uns qui étaient ouverts, il ne restait plus que des lambeaux de vêtements. D’autres tombes pendaient au-dessus du précipice, il eut suffi d’une simple secousse pour les précipiter dans le dégât. Il n’est pas exagéré de dire que la plupart des corps qui ont été entrainés dans ce grand bouleversement sont des corps perdus à jamais. » Le Clairon, 6 avril 1917.

« Un éboulis. – Vendredi dernier, un éboulement considérable s’est produit au cimetière de la ville, dans la partie sud-ouest destinée aux fosses communes. Il n’existe aucun moyen de préciser le nombre de cercueils qui ont été entrainés dans les eaux de la Yamaska; mais, en autant qu’on peut se fier à l’opinion générale, il y en aurait un bon nombre. À 30 pieds du rivage, on voit la partie supérieure d’un monument qui a été transporté dans l’eau sans perdre sa position. Au pied de la côte, et dans la boue, on voit trois cercueils brisés et l’on distingue parfaitement la forme des cadavres qu’ils contiennent. Dans la partie du terrain qui se trouve coupée à pic, par l’éboulis, on voit l’extrémité d’un bon nombre de cercueils qui, eux aussi, ne tarderont pas à descendre à la rivière. Monsieur Corbeil, le gardien du cimetière, est d’opinion qu’une centaine de cadavres doivent être perdus. » Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 7 avril 1917.

Il y a parfois des personnes qui sont grandement éprouvées. Le journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe, du samedi 14 avril 1917, nous fait part du cas de monsieur Udger Beaunoyer, entrepreneur-peintre de la société Beaunoyer et Lalime, de Saint-Hyacinthe.

« […] Sa première femme, née Edvine Desmarais, décédée il y a environ huit ans, avait été inhumée dans cette partie du cimetière de la ville où s’est produit cet éboulis dont nous avons parlé la semaine dernière. Depuis quelques jours, son cercueil aux trois quarts découvert menace de tomber dans le ravin, sans qu’il soit possible de remédier à la chose. Sa deuxième femme, née Evelina Tanguay, est décédée cette semaine et lui-même est dangereusement malade dans un sanatorium au village de la Longue-Pointe [Montréal]. »

Cet éboulis majeur a probablement été créé par l’importante inondation du mardi précédent, 27 mars. En effet, Le Courrier du samedi 31 mars indique que tout le quartier du secteur du Pont de la Société (Pont T-D-Bouchard) était submergé de même que la propriété de monsieur F. Bergeron, située devant le séminaire, à proximité du cimetière. L’inondation avait été provoquée par une imposante débâcle. « Il y a quatre ans que l’eau n’était pas montée aussi haut. L’inondation s’est produite à tel point, mardi soir, que des propriétaires riverains des bords de la Yamaska furent obligés de transporter leurs meubles au second étage. Le pont de glace qui s’était formé à partir de la manufacture Penman’s, jusqu’au tournant de la rivière, en face du cimetière [est descendu en emportant le barrage du Rapide-Plat. Depuis mercredi, le niveau de l’eau n’a presque pas changé]. » La Tribune, Saint-Hyacinthe, vendredi 30 mars 1917.

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